Esport : comment s’organise la vie d’un joueur professionnel, l’exemple de Super Akouma
Nous avons interrogé Vincent Homan, alias « Super Akouma », classé parmi les meilleurs joueurs professionnels sur la scène mondiale du jeu de combat Tekken. Il nous raconte son quotidien, ses déplacements et sa préparation aux tournois auxquels il participe.
À 23 ans, Vincent Homan, surnommé Super Akouma, est l’un des meilleurs joueurs professionnels sur le circuit mondial de Tekken. Membre de l’équipe bretonne CRaZY Esport, il s’est notamment classé 8e joueur mondial l’an dernier. Il nous explique son choix d’évoluer sur ce jeu de combat, comment il parvient à gérer ses déplacements pour les compétitions et son quotidien en tant que joueur de esport.
Pourquoi as-tu choisi de devenir joueur de esport ?
J’ai choisi cette voie car je suis quelqu’un de compétitif et que j’adore voyager. Ces voyages sont loin d’être des vacances, mais ils me permettent d’apprendre des cultures différentes et de me faire de nouveaux amis. Mon travail sur le jeu et les qualités que je démontre ne m’apportent pas simplement un peu de gloire ou de l’argent, cela m’apporte surtout un enrichissement personnel, et c’est ce que j’apprécie le plus.
J’ai eu la chance d’habiter dans une ville qui avait une scène très active sur le jeu, et j’ai eu comme « sensei » l’un des joueurs les plus forts du pays. Il m’a emmené avec lui pour faire différents voyages à travers la France et l’Europe et j’y ai pris goût. Ces voyages et son aide m’ont apporté de l’expérience afin d’avoir le niveau nécessaire pour me défendre sur la scène internationale.
Pourquoi as-tu choisi l’équipe bretonne CRaZY Esport ?
Je fais partie de la team CRaZY Esport depuis 2017. Ce sont eux qui m’ont contacté et j’en suis ravi. Le jeu Tekken 7 venait de sortir et le Tekken World Tour, le circuit compétitif officiel du jeu, venait juste de commencer. L’équipe était à la recherche d’un joueur pour les représenter. De mon côté, je cherchais un moyen de prendre en charge le voyage pour tenter ma chance sur ce tournoi. Ils m’ont tout de suite fait confiance. L’équipe prend bien soin de ses joueurs et le staff me laisse beaucoup d’autonomie sur la manière de les représenter sur la scène esport. Ce sont tous des passionnés, ils travaillent dur, ce qui n’est pas le cas partout.
Pour quelle raison as-tu choisi le jeu Tekken ?
J’évolue actuellement sur Tekken 7, qui est le dernier opus de la série. Je joue à Tekken depuis que j’ai 5 ou 6 ans, et j’ai commencé la compétition sur Tekken Tag Tournament 2 il y a bientôt 9 ans. J’ai n’ai pas vraiment choisi le milieu de l’esport. J’ai réussi à me faire un nom parmi les meilleurs joueurs mondiaux grâce aux liens que j’ai tissés avec mes amis et la communauté. J’ai simplement commencé à jouer à l’un de mes jeux préférés jusqu’à avoir un niveau, qui m’a permis d’entrer dans ce milieu. L’année dernière, j’ai commencé la saison en remportant le premier major et je n’ai jamais quitté le top 10.
Combien de déplacements fais-tu en moyenne chaque année ?
Je suis l’un des joueurs qui s’est le plus déplacé pour Tekken 7. Le nombre de déplacements n’a fait qu’augmenter d’année en année, et en 2019 j’ai dû faire entre 16 et 20 voyages environ. Malheureusement, à cause de la Covid-19, je n’ai rien de prévu en termes de compétitions pour l’instant, mais je suis certain que de grandes choses vont bientôt arriver.
Quelles sont les principales difficultés lors des déplacements ?
Si le pays n’est pas très anglophone ou francophone, cela peut être compliqué si je n’ai pas un ami qui peut se charger de la traduction. Les problèmes liés aux compagnies aériennes peuvent arriver à tout moment. Je n’ai pas trop eu de soucis de bagages jusqu’à présent, en revanche j’ai déjà passé des nuits à l’aéroport ou dans un hôtel fourni par la compagnie aérienne. Il n’y a pas de secret pour gérer ce genre d’imprévu. Il suffit simplement de garder un mental d’acier et d’accepter que le destin n’est pas toujours entre vos mains…
Qu’est-ce qui te plaît le plus quand tu participes à des tournois ?
Les tournois sont une bonne occasion pour se réunir et faire des rencontres. Les repas après les événements font partie des moments les plus sympas. Je dois avouer que l’adulation que je peux recevoir en tant que « top player » me plaît aussi beaucoup.
Comment te prépares-tu pour tes tournois ?
Je n’ai absolument aucune préparation avant un tournoi, à part celle de faire ma valise. Lorsqu’un compétiteur de haut niveau est inscrit et qu’il joue un personnage que je ne connais pas assez, je peux faire quelques révisions, mais cela arrive rarement.
Quelle est ta compétition préférée ?
The MIXUP, qui se déroule à Lyon, fait partie de mes tournois préférés. La compétition est très bien organisée. J’ai de bons souvenirs de cet événement car, en 2017, j’ai réussi à atteindre la grande finale alors que je débutais tout juste dans la cour des grands. J’ai ensuite gagné ce même tournoi en 2019. J’aime beaucoup aussi l’association La Dose, qui organise cet événement. Ils font du très bon travail et sont vraiment sympas.
Comment s’organise une journée dans ton quotidien actuellement ?
Depuis peu, j’ai réorganisé ma vie autour de la création de contenus, vu que les tournois IRL (In Real Life) ne sont encore prêts à reprendre. Je me lève en fin de matinée pour faire un peu de travail pour ma chaîne YouTube. Je prends ma pause pour manger, et ensuite vient le moment de streamer jusqu’au dîner. Et je me relaxe le soir. Depuis la dernière mise à jour de Tekken, les tournois en ligne sont devenus une option intéressante. Cela a pu chambouler un peu ma routine, mais je reste avant tout un joueur pro, c’est donc mon devoir de me battre !
Quelles sont les qualités à maîtriser pour performer sur ce jeu ?
Le plus important, c’est le mental. Il faut avoir confiance en soi et en ses choix. L’atmosphère d’un tournoi, et encore plus celle d’un circuit, peut être extrêmement stressante et c’est facile de se décourager ou de perdre ses moyens. D’autant plus que Tekken, et les jeux de combat en général, ne sont pas des jeux d’équipe. Il n’y a personne sur qui rejeter la faute ou qui pourrait nous sortir d’une mauvaise situation. Le temps de réaction, l’expérience et la rigueur dans l’entraînement sont tous importants, mais si le jour du tournoi il n’y a pas le mental, n’importe qui peut glisser. Il faut pouvoir éviter cela et surtout savoir vite se relever.
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