Emails, Teams, réunions : en moyenne, une journée de travail est interrompue toutes les 2 minutes
En s’appuyant sur les données d’utilisation de ses outils, comme Outlook ou Teams, Microsoft met en garde, dans un rapport, sur l’émergence d’une « journée de travail infinie », rythmée par des interruptions constantes.

En moyenne, un professionnel est interrompu toutes les deux minutes par des emails, des messages ou encore une invitation à une réunion pendant sa journée de travail. C’est l’un des constats du rapport spécial du Work Trend Index, intitulé « Breaking down the infinite workday » et publié par Microsoft ce mardi 17 juin 2025. Cette enquête, qui complète les conclusions de son baromètre annuel, s’appuie à la fois sur « des signaux de productivité Microsoft 365 agrégés et anonymisés » et sur une enquête en ligne menée par un cabinet indépendant auprès de 31 000 salariés dans 31 pays.
Une « journée de travail infinie » noyée sous les notifications
En analysant les données issues de ses outils, comme Outlook ou Teams, particulièrement prisés par les entreprises, Microsoft tire la sonnette d’alarme sur le phénomène de la « journée de travail infinie ». Son rapport, au ton assez préoccupant, décrit un quotidien « chaotique » qui commence parfois dès 6 heures du matin, déborde sur les soirées, voire les week-ends. Et qui est, surtout, rythmé par un torrent de sollicitations ou d’interruptions, rendant la concentration très difficile, voire pratiquement impossible. « 48 % des salariés et 52 % des dirigeants déclarent que leur travail est chaotique et fragmenté », souligne le rapport, tandis que 1 salarié sur 3 affirme que le rythme de travail est devenu intenable ces cinq dernières années.
En moyenne, d’après le rapport spécial du Work Trend Index, un employé reçoit 117 emails par jour, pour la plupart « lus en moins d’une minute » ainsi que 153 messages sur Teams. « Chaque message semble anodin, mais leur accumulation impose un rythme effréné dès le début de la journée », alerte Microsoft. L’entreprise américaine précise que, dès 6 heures du matin, de nombreux utilisateurs d’Outlook consultent leur boîte de réception pour tenter de prendre de l’avance : « 40 % des personnes connectées à 6h consultent leurs emails pour définir leurs priorités de la journée.«
L’analyse des données télémétriques de son service de messagerie illustre, d’ailleurs, assez bien la difficulté qu’ont certains employés à décrocher, y compris le soir ou le week-end. À 22h, 29 % des utilisateurs consultent encore leur boîte mail, et près de 20 % des employés lisent leurs messages professionnels avant midi, le samedi et le dimanche. Pire, encore : en moyenne, un salarié envoie ou reçoit plus de 50 messages en dehors des heures de travail de bureau.
Avec des attentes toujours plus fortes, le temps autrefois dédié à la concentration ou au repos est absorbé par des tâches de rattrapage ou de clarification, s’inquiète Microsoft.
L’illusion du « focus time »
Pour tenter de reprendre le contrôle et « d’organiser le chaos », de nombreux salariés bloquent des créneaux dédiés à la concentration, notamment aux moments où ils se sentent les plus efficaces. Le hic, comme le souligne Microsoft, c’est que « les heures les plus productives sont souvent dictées par l’agenda des autres ». Pour preuve, la moitié des réunions ont lieu entre 9h et 11h et entre 13h et 15h, « précisément au moment où la productivité naturelle (…) est à son maximum », indique Microsoft.
Même si les calendriers affichent un creux après le déjeuner, ce n’est souvent qu’une illusion : l’usage de Word, Excel et PowerPoint explose alors, signe que les salariés tentent de se concentrer, en vain.
Les réunions, plutôt concentrées le mardi (29 %) et, pour une sur dix, programmées à la dernière minute, nous apprend le rapport, ne sont pas les seules responsables de la saturation des plages horaires dédiées à la productivité. D’après les données de Microsoft, l’activité sur Teams explose sur ces créneaux : 54 % des utilisateurs sont actifs à 11h, qui est l’heure la plus saturée de la journée. « La journée devient une suite de réactions aux priorités des autres, au détriment du travail. Ce flottement coûte en énergie et en performance », déplore Microsoft.