Face à la digitalisation de la santé, les formations s’organisent

La digitalisation des entreprises est au cœur du débat médiatique depuis de nombreuses années. Elles doivent évoluer et s’adapter aux nouveaux usages pour rester compétitives, pour continuer à satisfaire les exigences de leurs clients et pour accompagner leurs collaborateurs à acquérir les nouvelles compétences demandées par le marché du travail. Si cette problématique économique et sociale est centrale pour les acteurs privés en France, elle concerne toutes les organisations. Parmi les domaines stratégiques qui doivent s’adapter à ces nouvelles règles et à ces nouvelles possibilités, le secteur de la santé est en bonne place. Il figurait d’ailleurs dans le rapport du 28 mars 2018 de Cédric Villani , « Donner un sens à l’intelligence artificielle », parmi les quatre secteurs prioritaires où la France doit concentrer ses efforts de développement.

La santé n’est toutefois pas un secteur comme les autres. Le plan d’action à mettre en place doit être global pour être au service de tous, placer l’éthique comme priorité absolue et se positionner au service de l’usager. Un projet d’une grande complexité, qui nécessite des compétences spécifiques, à la fois techniques et médicales. La systématisation et la sécurité du traitement des données sont au cœur de ce défi. Pour accompagner au mieux cette transition, la formation doit évoluer et s’adapter. C’est dans ce cadre que l’école d’ingénieurs EISTI lance à la rentrée un Mastère Spécialisé® Management des Systèmes d’Information de la Santé, en partenariat avec l’Université de Pau et des pays de l’Adour.

Pour mieux comprendre les enjeux de la digitalisation du secteur de la santé, nous avons rencontré Pierre Peyré, Professeur émérite de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, ancien directeur d’établissement médico-social et conseiller scientifique et pédagogique à l’EISTI. Il nous explique les défis qui attendent les professionnels du secteur, et en quoi cette nouvelle formation leur donnera les clés pour y répondre.

La digitalisation, une problématique complexe pour les professionnels de santé

Pierre Peyré le souligne, le chantier de la digitalisation est vaste pour les professionnels de santé : « le numérique est en train de modifier en profondeur toutes les activités dans le domaine de la santé. Il a changé la manière des professionnels de s’informer, de décider et de pratiquer, comme il transforme peu à peu la manière de penser et de se comporter des usagers, en termes de satisfaction de leurs besoins de santé, comme de réponse aux injonctions des services de soins. » Un travail global donc, qui concerne tous les protagonistes du secteur, patients comme professionnels, et qui est visible dans chaque étape de la prise en charge. De l’optimisation des parcours de soins à travers le Dossier Médical Partagé à l’amélioration de la médicalisation des données numériques, de l’innovation pour garantir la pérennité du système de santé à la construction des référentiels d’interopérabilité et de sécurité, les champs d’application sont nombreux et cruciaux.

Et ce n’est qu’un début, si l’on en croit Pierre Peyré : « la révolution numérique va s’accompagner des formidables opportunités de l’intelligence artificielle : la télémédecine et la santé prédictive, par exemple, vont amener une meilleure prise en charge des patients et une plus grande efficacité des traitements. Et la santé n’étant pas que « l’absence de maladie ou d’infirmité, mais un état complet de bien-être physique, mental et social » (définition de l’OMS), le numérique peut également être un puissant levier d’optimisation de nos systèmes énergétiques, alimentaires ou encore de mobilité. »

De forts besoins en compétences qui offrent de nombreux débouchés

Ces (r)évolutions nécessitent des compétences fortes de la part des professionnels qui doivent les mettre en place. Elles changent leurs méthodes de travail, qu’il s’agisse de l’intégration de méthodes numériques au quotidien (intranet, internet, etc.) ou de la délicate gestion des données personnelles (Dossier Médical Partagé, interopérabilité, traçabilité, etc.). Des soft skills sont également nécessaires pour accompagner ce mouvement, comme le précise le Rapport Morin-Dedailly sur la formation à l’heure du numérique, que cite Pierre Peyré : « la digitalisation des entreprises s’accompagne d’une demande accrue généralisée pour des compétences sociales (travail en équipe, capacité à collaborer et à produire de manière collective) et situationnelles (autonomie, agilité, gestion des situations complexes, apprendre à apprendre). »

Les besoins en compétences numériques sont forts car le changement est profond. Il n’est pas question de compétences basiques, telles que savoir se servir d’Internet ou d’un ordinateur, mais bien de compétences à vocation professionnelle. D’où une forte demande en formation, des deux côtés de la barrière. On demande de plus en plus aux professionnels de santé de se former au numérique, mais aussi aux informaticiens d’apprendre de nouvelles compétences pour s’adapter au milieu de la santé. Selon Pierre Peyré, « apprendre à connaître le milieu, ce n’est pas à proprement parler un acquis informatique, mais cela est une condition complémentaire sine qua non, d’une bonne application de l’informatique dans tout milieu professionnel en général, et dans le domaine de la santé en particulier où, dans un hôpital, par exemple, les données émanent d’une centaine de métiers différents et de milliers de dossiers collectifs et individuels dont les particularités sont infinies. »

Les débouchés sont donc réels pour les professionnels de l’IT qui souhaitent se plier à l’exercice. C’est ce que souligne Pierre Peyré, quand il indique que « les établissements et services de santé doivent confier la responsabilité technique de leurs pôles informatiques à des informaticiens formés aux problématiques de la santé. C’est-à-dire à des informaticiens capables d’adapter leurs savoirs théoriques et pratiques en matière de traitement général de l’information, à des situations particulières exigeant a priori une connaissance exacte des tenants et aboutissants de ces situations. C’est la tendance que confirment aujourd’hui les sites d’offres d’emploi dans le domaine de la santé. Les hôpitaux, notamment, recherchent massivement et significativement des informaticiens « ayant une bonne connaissance du milieu hospitalier » pour des postes de responsabilité. »

Smartphone for Healthcare

Le Mastère Spécialisés MSIS, un cursus adapté pour accompagner cette digitalisation

Pour répondre à ces forts besoins, les écoles et centres de formation doivent s’adapter. C’est ce que fait l’école d’ingénieurs EISTI, en créant un Mastère Spécialisé® Management des Systèmes d’Information de la Santé, en partenariat avec l’Université de Pau et des pays de l’Adour. Un cursus qui n’est pas arrivé par hasard, selon Pierre Peyré : « en 2014, l’EISTI s’est lancée dans l’étude d’une formation adaptée aux besoins des établissements et services de santé. Consultant dans un premier temps les professionnels de santé, l’école a poursuivi sa recherche en s’assurant de leur soutien d’une part, et en établissant un partenariat avec l’UPPA d’autre part. Après une analyse approfondie des besoins, l’EISTI a trouvé la voie de son projet dans la création d’un Mastère spécialisé en management des systèmes de la santé (MS MSIS). »

Ce travail préliminaire et le travail accompli avec l’aide de professionnels reconnus du secteur de la santé ont permis de proposer un programme totalement ciblé pour mettre le numérique au service de la santé. L’approche est originale et complète. Selon Pierre Peyré, « le Mastère part du constat que la santé est un ensemble de systèmes multiples et variés (systèmes humains, techniques, administratifs, médicaux, sociaux, politiques, économiques, etc.), qui fonctionnent en réseaux plus ou moins étroitement maillés, le traitement de données à un niveau ou à un autre de ce réseau implique, pour être sûr et efficient, une réelle connaissance des structures et du fonctionnement de ces systèmes,  chez tout cadre à haute responsabilité, comme c’est le cas des responsables techniques de l’informatique dans les établissements de santé. » Une couche de connaissance supplémentaire qui va permettre aux informaticiens d’adapter leurs compétences à un environnement particulier, grâce à de nombreux enseignements : « du droit de la santé à l’administration des données de santé en passant par l’économie de la santé, le management et l’éthique, les enseignements théoriques et pratiques sont conçus et organisés de manière à donner à des informaticiens les bases d’une véritable culture générale de santé publique. »

En formation initiale, le MS MSIS s’adresse aux informaticiens qualifiés qui souhaitent entreprendre une carrière dans le domaine de la santé. En formation continue, les professionnels de la santé sont également ciblés s’ils sont porteurs d’un projet en rapport avec la formation ou s’ils justifient d’une expérience de l’informatique pouvant faire l’objet d’une équivalence par validation des acquis. La formation comprend un enseignement théorique et pratique de 410 heures de cours, travaux dirigés et travaux pratiques, en alternance avec un stage de 840 heures. Le stage, sous tutorat, conduit à la soutenance d’une thèse professionnelle. Les débouchés sont nombreux au sein des établissements et services de santé : ingénieurs informaticiens, ingénieurs sécurité-système d’information, administrateurs système réseau, chefs de projet informatique…

Si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur le Mastère Spécialisé® Management des Systèmes d’Information de la Santé, vous pouvez vous rendre sur le site MaFormation.

Crédit image : iStock photo / exdez

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