Digital Tech Conference 2018 : compte rendu de la journée

Pour cette 4ème édition de la Digital Tech Conference, la French Tech Rennes Saint Malo a donné rendez-vous à ses convives ce 30 novembre, toujours à l’Opéra de Rennes. Au fil de la journée, nous vous retranscrivons l’essentiel des conférences de cet événement. Les thématiques de cette années sont la Digital Food, Digital Love et Digital Assistant. En tout, une quinzaine d’intervenants se succéderont pour parler de leur vision du digital dans ces sujets.

Rudy de Waele – Human Works design – The age of consciousness is coming

Rudy de Waele de Human Work Design nous propose, en guise d’entrée en matière, un rapide tour d’horizon des principales thématiques. L’homme reprend ainsi le futur imaginaire du film Wall-E et de ces humains vivant les yeux rivés sur leur écran et incapables de se déplacer seuls. Nous pouvons commander de la nourriture en ligne, bénéficier d’assistants vocaux pour notre quotidien et rencontrer notre âme sœur via une application sur smartphone.  « Nous vivons dans une société addictive, la plupart des produits que nous utilisons créent un effet dopaminergique dans nos têtes. Nous l’avons partout, dans l’alimentation, sur Netflix, même au travail. La question est, voulons-nous ce genre de société ? »

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Le propos de Rudy de Waele pousse à nous interroger sur notre rapport à la technologie.

Yael Rozencwajg – Blockchain Israël – Blockchain in the agrifood industry

Yael Rozencwaig a accompagné pendant 15 ans des grands comptes dans leur digitalisation, et s’est par la suite tournée vers la blockchain. Son objectif : démocratiser la blockchain et la rendre accessible à tous. Elle s’est notamment spécialisée dans la digital food. Pour ce secteur face à des enjeux tels que la hausse de la population et la traçabilité de la nourriture, la blockchain peut être une solution. Comment allons-nous nourrir nos enfants dans 30 ans ? Nous allons connaître une explosion du marché de l’agriculture. Il y a de plus en plus d’intermédiaires dans la chaîne de production des denrées alimentaires. Il est donc nécessaire de développer des outils et des solutions pour favoriser l’interaction entre producteur, agriculteur et distributeur. « Au fur et à mesure, nous développons des articulations entre les agriculteurs, les acteurs de la logistique, les grands groupes de distribution et les consommateurs finaux. Nous venons avec des applications d’intelligence artificielle, de robotisation, d’automatisation des tâches et pour tout ce qui concerne la transparence, la provenance, le support et l’accompagnement au travers de la blockchain. »

Nicolas Maynard – Amazon – Arrivée d’Alexa en France : comment créer une expérience locale ?

L’équipe de Nicolas Maynard travaille sur l’expérience vocale d’Alexa en France. Les enjeux ici : se plonger dans la culture du langage typique à la culture française pour proposer une expérience utilisateur optimale. La voix apparaît en effet comme une interface naturelle, mais il faut que l’expérience créée autour de la voix soit parfaite pour avoir une adoption fluide de la technologie. Alexa est conçue pour s’adapter chaque jour à la façon de parler et au vocabulaire de l’utilisateur. L’innovation se fait également avec l’ajout de nouveaux langages.

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Ici, il n’est pas question de traduction mais de localisation. Chaque langage a ses spécificités à laquelle il faut s’adapter. Comprendre les structures d’une phrase, les accents, les expressions, mais aussi permettre à Alexa de se cultiver et de connaître des phrasés propres aux Français, telle est la mission des équipes françaises d’Amazon. Pour Nicolas Maynard : « Le français est une langue magnifique mais très compliquée, la seule raison pour laquelle on a réussi à faire ce projet c’est parce qu’on a des équipes locales ».

Iris de Villars – La lovetech – Sexe et sextech font-ils bon ménage ?

Lors de sa conférence, Iris de Villars débute sur quelques présentations de nouvelles applications et plateformes créent avec les innovations de la sextech. Les trouvailles sont nombreuses et toutes plus insolites et loufoques les unes que les autres. Rires dans la salle quand Iris de Villars présente par exemple un anneau connecté destiné à enregistrer les performances sexuelles de son porteur, ou une caméra à positionner sur son sexe pour être « au plus proche » de son partenaire.

Mais tout cela a-t-il un sens ? Pour Iris de Villars, nous avons perdu notre sens et notre vision de ce que doit être une relation sexuelle.

  • 24% des jeunes déclarent ne pas avoir peur du Sida.
  • 30% ont des représentations faussées du VIH et de ses modes de transmission.
  • 17% pense que la prise pilule contraceptive d’urgence est un moyen d’empêcher la transmission du VIH.

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Ces chiffres sont effrayants. De fait, plus personne ne rit dans la salle. La jeune femme présente ensuite des solutions : la sextech, c’est aussi des initiatives de prévention, de sensibilisation avec la plateforme O.school, d’information sur les produits de santé et d’hygiène comme « Dans ma culotte », ou encore la protection de ses sextape avec Rumuki.

Alexandre Lissy – Mozilla – Common Voice, crowdsourcing appliqué à la voix

Alexandre Lissy est un des développeurs français de la technologie Common Voice de Mozilla. Pour des raisons techniques, les services de reconnaissance et déchiffrement de la voix sont entre les mains de grandes entreprises de la tech. Pour Mozilla, qui défend un web ouvert et accessible à tous, cela va créer des barrières d’utilisation. Certains développeurs n’auront pas les moyens de payer une API car son coût sera trop important. Mozilla s’active donc pour l’émergence d’outils liés à la voix et donner à la communauté les moyens d’être indépendante. Pour cela, Common Voice fait appel à des centaines de milliers de contributeurs à travers 112 pays pour constituer une base de données vocales ouverte, contributive et libre. L’objectif : atteindre 10 000 heures de données validées dans une langue, et pas seulement l’anglais.

Pour en savoir un peu plus sur la démarche, retrouvez notre interview de Kelly Davis, chercheur à Mozilla, sur les technologie Deep Speech et Common Voice.

Battle – Foodtech : qui seront les plus moteurs, les consommateurs ou les producteurs ?

Pour cette fin de matinée s’engage une battle pour déterminer qui des consommateurs ou des producteurs seront moteurs pour la foodtech. Durant ce débat, 4 peronnes interviennent : Jean-Luc Perrot de Valorial, Marine Louessard de Too Good To Go, Freddy Thiburce de Natural cooking by Alexandra Beauvais et Xavier L’Hostis d’Adventiel. Pendant l’exercice, les spectateurs sont invités à voter pour leur équipe favorite (consommateurs ou producteurs) et devront écouter divers arguments de deux partis. « Les consommateurs veulent reprendre la main sur leur consommation et leurs habitudes alimentaires », débute Marine Louessard. « Les attentes sociétales (des consommateurs) : remettre la planète et l’humain au cœur des enjeux alimentaires. Des solutions comme Too good to go ou Frigo Magique ont été créés pour répondre aux besoins et attentes des consommateurs ».

« Les producteurs mettent en œuvre beaucoup de traçabilité sur leur bétail, élevage ou parcelles. Réagit Jean-Luc Perrot. Les agriculteurs sont acteurs majeurs sur ces questions. Les producteurs s’adaptent aux demandes des consommateurs et investissent 1,8 milliards par an en bretagne pour répondre aux besoins »

Au cours des 30 minutes de débat, les spectateurs ont voté : 70% estiment que les consommateurs seront les moteurs de la foodtech, 30% sont pour les producteurs.

Yann Lechelle – Snips – Les enjeux de l’interface vocale

Pour cette première conférence de l’après-midi, Yann Lechelle présente les différents enjeux de l’interface vocale. Pour Snips, la société de Yann Lechelle, le développement d’interfaces vocales doit se faire avec une condition essentielle : le privacy by design. Contrairement aux modèle Siri, Alexa ou encore Google, Snips souhaite proposer à ses clients une technologie embarquée où aucune donnée n’est envoyée sur un serveur à l’autre bout du monde pour traiter une demande.

« On vit dans une époque de convergence, prévient le COO de Snips. l’interface vocale est arrivée à maturité et les technologies sont mûres. On a besoin des GAFA pour amorcer la pompe et éduquer les marchés, mais à terme, cette interface appartiendra à tous. Je pense qu’elle va se démocratiser et se démultiplier dans différents cas d’usage ! ».

Si vous souhaitez en savoir plus sur les ambitions de Snips, retrouvez notre interview de Yann Lechelle sur le BDM.

Xavier de Baillenx – Meetic – Lara, la 1ère intelligence conversationnelle dans le dating

Xavier de Baillenx et son équipe travaillent sur la première intelligence conversationnelle dans le dating. A quel besoin répond cette intelligence artificielle ? Lara accueille les utilisateurs sur les applications de rencontres. Pour Xavier de Baillenx, Lara est un très bon moyen d’établir un premier point de contact avec les nouveaux utilisateurs. L’intelligence conversationnelle est appliquée dans un premier temps sur le service client avec des tâches automatisables, puis se voit améliorée avec le temps. Plus tard, Lara a été développée pour essayer de comprendre l’utilisateur selon ses phrases et non plus via un funnel de comportements comme c’était le cas.

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L’équipe de Xavier de Baillenx a lancé une première action dans laquelle Lara accompagne l’utilisateur dans sa recherche de partenaire en délivrant des conseils, en proposant de phrases d’accroches ou en planifiant des rendez-vous. Les conseils de Xavier quand on développe une IA : il faut de l’humilité, faire en sorte que les conversations soient naturelles, trouver le bon équilibre entre texte et voix. Enfin, pour Xavier de Baillenx, le contexte est primordial. Il faut créer de contextes et hiérarchiser l’information pour que l’intelligence conversationnelle reste pertinente. Ces nouvelles problématiques mènent à la création nouveaux métiers : les data scientists, des ergonomistes conversationnels ou encore des chatbot copywriter.

Philippe Goldman, Thierry Graffagnino – Ekim – Les robots pizzaïolos, la food robolution arrive.

En 2013, Philippe Goldman et son équipe ont créé le premier robot pizzaïolo. Cette création s’inscrit dans le projet Pazzi, le premier restaurant autonome au monde. Philippe Goldman soulève la question de la représentation de la robotique, le rapport entre le visible et l’invisible. Depuis des années, notre société et le monde industriel fait appel sans cesse aux robots, sans que nous les voyions dans notre quotidien. Le fait de passer à une robotique visible suscite des questions qui n’ont pas forcément lieu d’être, puisque cette robotisation existe déjà. Cette question de la visibilité se pose d’autant plus dans la restauration. Dans la restauration rapide, des préparateurs sont soumis à des process mécanisés comme l’industrie et le fordisme en son temps. Est-ce que la robotique peut aider à créer quelque chose de positif dans cette optique ?

L’arrivée de la robotique dans le secteur de la restauration pose nécessairement des craintes liées à l’emploi. Pourtant selon Philippe Goldman, les emplois détruits par la technologie participent également à la création d’autres. 130 000 emplois ne sont pas pourvus dans le secteur de la restauration, il n’y a donc pas de corrélation entre la digitalisation de la restauration et les offres d’emplois. Ce qui fait que les gens n’aient plus envie de travailler dans ces milieux là sont parce que, dans la restauration rapide, ces métiers sont parfois lourds et difficiles, des métiers que des robots peuvent faire. Philippe Goldman nous invite donc à repenser notre vision de l’artisanat et de la place de la robotique, entre tâches mécanisées, amour des bons produits et volonté de proposer les meilleurs aliments possibles.

Battle – La France est-elle prête pour développer les Lovetech ?

Une seconde Battle est organisée par le staff de Digital TC. Cette fois, elle oppose quatre personnalités sur le développement de la Lovetech. Pour débattre, deux équipes composées de Aurélien Fache (Mathemagie), Christel Le Coq (SexTech For Good), Lucile Crosetti (SexTechLab), Malek Aziri (Lovel) s’affrontent. Comme pour le premier battle, les spectateurs sont invités à voter pour les arguments que proposent chaque équipe. D’un côté nous avons Lucile Crosetti et Christel le Coq , puis de l’autre :  Malek Aziri et Aurélien Fache.

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La France est-elle donc prête pour développer les Lovetech ? Pour Christel Le Coq, ce n’est pas le cas. De nombreux projets sont en difficultés financières et n’ont pas de soutien. Par exemple, le projet d’handilover, permettant aux personnes en situation de handicap de se rencontrer, est sur le point de fermer. « Aujourd’hui on a des technologies qui permettent de réfléchir à plein de choses, de proposer des solutions, faire de la prévention, de l’éducation etc. Malheureusement notre pays ne permet le développement et la réussite de ses projet. » Christel le Coq soulève la question du financement, puisqu’on ne considère pas qu’il s’agisse de vrais projets d’innovation. « Les gens qui travaillent dans ce secteur ne sont pas des obsédés sexuels, ce sont des personnes qui se donnent les moyens d’offrir leur inventivité pour revoir ces questions souvent taboues des relations sexuelles ».

Pour Malik Aziri : « Les Français sont prêts, ils ont déjà utilisé ces services existants. Il y a une croissance du secteur du dating et qu’il y a des utilisateurs en demande. Du point de vue de l’individu, il faudra remettre l’humain au centre de la rencontre, éviter le consumérisme de la rencontre et repartir sur des bases plus saines. La France est prête mais elle a besoin de prendre du recul. »

En conclusion : les spectateurs ont décidé que la France était prête à 36 % et pas prête à 64%.

Jean-Philippe Bécane – Google – Assistants vocaux, la plateforme de demain

Jean-Philippe Bécane est responsable marketing de Google. Sa conférence porte sur sa relation entre les utilisateurs et l’IA. « C’est un sujet fascinant et inspire beaucoup d’artistes, explique-t-il. La barre pour des sociétés comme Google est donc extrêmement haute, les concurrents ne sont pas seulement les autres entreprises, mais aussi l’imaginaire des gens avec Kubrick, Asimov etc.« . La mission de Google est celle d’organiser et rendre utile l’information pour tout le monde. Avec l’AI, cette mission prend une nouvelle dimension.

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Concernant l’assistant Google, la mission est de simplifier la vie en créant une expérience plus intuitive, plus personnelle. Comment déterminer que l’assistance vocale est le futur ? Aux USA, en 2020, 1 recherche sur 2 devrait être faite à la voix. La capacité du logiciel à reconnaître la voix, à parler de façon naturelle et d’offrir des solutions à la demande a considérablement évoluée depuis ces dernières années. Pour Jean-Philippe Bécane, 4 idées se dégagent sur la tendance de cette technologie :

  • La voix, c’est l’action. Il faut réfléchir en termes d’action et savoir quelle action faciliter pour l’utilisation
  • Les utilisateurs s’attendent à du conversationnel. Les requêtes sont de plus en plus sophistiquées
  • L’apparition de routines. Il faut donc penser multimodal.
  • La voix est universelle. L’assistant vocal n’a pas le même schéma d’adoption que d’autres technologie. Ce n’est pas un objet « geek », il s’adopte très vite et très facilement.

Polly Rodriguez – Unbound – Sextech : the next trillion dollar industry

Polly Rodiguez est CEO et co-fondatrice de Unbound, première marque du bien-être sexuel destinée directement aux consommateurs. Selon les chiffres, l’industrie de la sextech représente un grand potentiel pour les prochaines années. D’ici 2020, la valeur de la sextech devrait en effet atteindre plusieurs milliards de dollars. Dans cette optique, il est primordial que ce marché se compose de plusieurs voix, de varier les discours et les initiatives, et notamment de changer le regard sur le plaisir féminin.

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Polly Rodriguez œuvre pour le mouvement « Women of Sextech », réunissant des dizaines de créatrices et entrepreneuses dans le monde autour du sujet des sextech. La jeune femme pointe les raisons pour lesquelles le marché des technologies sexuelles est en train d’exploser. D’un point de vue culturel, des séries ou films comme Sex and the City ou 50 nuances de Grey ont permis de repenser le plaisir féminin. Pour le marché, l’impression 3D, parmi d’autres facteurs, accélère notamment la production d’objet et réduit leur prix. Le marché de la sex tech devrait atteindre 52 milliards de dollars d’ici 2020.

Toutefois, ce marché se heurte à des obstacles, notamment sur la promotion et la publicité, parfois rejetée quand elle s’installe sur les lieux publics. Selon Polly Rodriguez, beaucoup d’enseignes et de créateurs ont vu leur marque fermer par ce boycott.

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Parmi les personnes les plus visibles de la journée : la French Tech Rennes Saint-Malo, l’Opéra de Rennes, Nicolas Maynard, Iris de Villars, l’Inria ou encore la Métropole.

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