De développeur à directeur général de Trainline, itinéraire d’un parcours atypique
Si encore beaucoup de développeurs ne s’imaginent pas un jour être à la tête d’une équipe ou même d’un département dans une entreprise, il existe pourtant d’autres chemins que celui du développeur senior.
Mais comment acquérir les compétences nécessaires pour développer son leadership ? Doit-on pour autant laisser de côté son savoir-faire technique pour s’orienter vers le management ? Carl Anderson, Directeur Général de Trainline International, nous explique les différentes étapes de sa carrière qui lui ont permis, en quelques années, de passer du métier de développeur à celui de directeur général d’une entreprise en pleine expansion.

Carl, pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel et votre évolution dans votre métier ?
Je suis ingénieur de formation, (j’ai fait mes études d’informatique à Epitech), j’ai donc un profil technique. Après mes études, j’ai travaillé quelques temps chez Symantec, qui était à l’époque parmi les plus gros éditeurs de logiciels dans le monde. Je suis donc parti en Californie pour travailler en tant que développeur C-Unix. C’est là que je suis définitivement tombé amoureux du code et du développement.
Cependant, il y a une chose qui ne me convenait pas, c’était l’ambiance qui régnait dans l’entreprise. J’ai détesté cette atmosphère « grand groupe », où l’on a l’impression d’être à l’intérieur d’une gigantesque machinerie, ce qui ne me plaît pas du tout. C’est après cette expérience que, depuis près de 15 ans maintenant, j’ai essentiellement continué ma carrière au sein de startups, et non plus de grands groupes.
J’ai rejoint en 2012 Deezer à l’occasion de sa première levée de fonds pour financer sa campagne internationale. J’ai rejoint l’entreprise en tant que Lead Mobile Developer pour développer les versions Windows 8+ et Windows Phone 8+ de l’application Deezer. J’y ai un peu roulé ma bosse pendant 4 ans en devenant par la suite Lead Software Engineer puis Responsable Engineering pour le développement des applications mobiles. Ce fut une expérience géniale et unique et j’en garde un excellent souvenir.

Au même moment, il y avait une startup appelée Capitaine Train qui était en pleine transformation pour devenir Trainline et se développer elle aussi à l’international. J’ai donc rejoint l’aventure pour participer à l’avancée de cet acteur français sur le marché étranger. J’ai ainsi rejoint Trainline en tant que directeur technique en mai 2017. Depuis, je suis devenu directeur général de cette structure française. Je dirige l’ensemble des développements mobiles iOS et Android mais aussi des API qui portent l’application iOS et Android.
Comment se définit donc votre rôle au sein de Trainline, avez-vous conservé une composante technique malgré votre position de Directeur Général ?
Mon rôle dans l’entreprise est en effet double. Si je devais l’expliquer, je pense que je le décrirais avec une forme de « L ». Il y a une première verticale technique, la majeure partie de mon temps consiste en la direction du développement des applications mobiles, dans laquelle j’assiste les équipes entre Londres et Paris, puis une autre partie « horizontale » où je suis responsable de différentes équipes au bureau parisien comme le support client, la communication etc. J’ai vraiment une double casquette, la direction générale d’un côté et l’aspect technique de l’autre. C’est donc une expérience très riche intellectuellement parlant, et c’est exactement ce que je suis venu chercher chez Trainline.
Comment s’est faite cette évolution d’un métier très technique comme celui de développeur à un métier de management ?
Mon évolution s’est faite graduellement en 15 ans. Chez Symantec, j’étais vraiment une petite main dans le système où à l’époque, je disposais d’un fichier Excel avec un tas de petites cases rouge et, à la fin de la semaine, ces cases devaient être vertes. Je n’avais aucune visibilité sur les projets, j’avais un champ de vision très réduit sur leur évolution etc. C’est quelque chose qui m’a frustré. Je voulais avoir une vision vraiment plus large de mes missions et de mon rôle dans l’entreprise.
C’est pour ça qu’en participant à la croissance d’entreprises prometteuses comme Deezer ou Trainline, on a un rôle beaucoup plus transverse puisque, bien souvent, la boîte est petite et on dispose d’une équipe restreinte. Il y a tout à faire, et bien souvent c’est à nous de le faire, car nous n’avons pas le choix. Cela me fait vraiment plaisir de créer quelque chose, de construire et de voir l’impact de nos actions, nos succès comme nos échecs, apprendre de ses erreurs etc.
Graduellement, au fil de mes expériences et de ma montée en compétences, j’ai commencé à avoir des rôles transverses, avec un poste de responsable de l’expérience audio sur les plateformes iOS, Android de Deezer. J’ai ensuite commencé à avoir des missions sur la qualité, de la gestion de projet, et donc à sortir de l’ingénierie pure et à m’orienter vers des problématiques RH. Vers la fin de mon expérience, j’avais en effet entre 50 et 60 personnes sous ma responsabilité… Tout ça s’est donc construit au fil des années.
Pour vous, être développeur et diriger une équipe ou un département, est-ce une fin en soi ?
Non, il ne faut pas voir forcément cette évolution comme une fin. Il existe une espèce de concept en France qui présuppose que, si on est encore développeur à 40 ans, on a raté sa vie. Je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Manager des équipes et développer sont des métiers complètement différents. J’ai ce plaisir de concilier ces deux casquettes tous les jours, mais je conçois parfaitement que mon cas ne soit pas une généralité ou une ambition pour un développeur.

Chez Trainline on a mis en place des chemins de carrière différents. On a un chemin qui peut nous mener vers du management mais on peut aussi très bien faire du technique, dans lequel on évolue de junior à lead, etc. puis il y a aussi des chemins vers des postes d’architectes avec également des évolutions junior lead senior etc. Mais nous avons aussi un statut que l’on appelle « principal ». Il s’agit d’une sorte de super développeur qui va connaître toutes les pratiques et méthodologies autour de ces métiers. Quand nous avons par exemple une problématique spécifique, le développeur principal va se pencher sur le sujet et organiser une équipe autour de la problématique, qu’elle soit technique ou humaine etc. Une fois que l’équipe tourne, il passera sur un autre sujet.
On n’est donc pas obligé d’évoluer vers du management, les chemins peuvent être totalement différents.
Quels conseils donneriez-vous aux développeurs qui souhaitent suivre cette voie du management ?
Pour les développeurs qui souhaiteraient bénéficier de cette vision plus large de leur rôle dans l’entreprise et d’acquérir des compétences autres que la technique, mon conseil est de viser des emplois dans des entreprises qui grandissent. Cela tombe bien, Trainline est en pleine croissance et recrute !
Un collègue de mon équipe était développeur pour l’application iOS chez Trainline, et il est désormais pilote et est responsable du pôle iOS et Android, mais aussi de la gestion de projet. C’est un peu devenu monsieur mobile au sein de Trainline. Cette évolution s’est déroulée en deux ans pour lui, où il a suivi une formation en interne où il a appris le management. D’une expertise iOS il s’est également formé sur les spécificités Android, les pratiques de développement pour accompagner les équipes.
Mon conseil aux développeurs c’est donc d’aller vers ces entreprises en forte croissance car il y a de grandes opportunités, et c’est aussi l’occasion de grandir avec elles. Quelle que soit l’ambition d’un développeur, tout est possible et tout s’apprend.
Quels sont les avantages d’avoir à la fois cette casquette technique et managériale ?
Il n’y a rien de mieux qu’un ingénieur pour diriger d’autres ingénieurs. On adore tous avoir un patron qui connaît et qui sait de quoi on parle, qui nous aide à apprendre au jour le jour et à grandir dans ce métier.

Toutes ces personnes sont les bienvenues chez nous. On a tout l’accompagnement et tout le support qu’il faut pour évoluer en ce sens. Encore une fois, on n’est pas obligé de finir par manager son équipe au bout de 15 ans. Ce n’est pas parce qu’on est bon développeur qu’on est bon manager, mais ceux qui souhaitent s’aventurer dans cette voie sont tout à fait les bienvenus, car ils ont une valeur et des connaissances précieuses qu’ils pourront transmettre.
De notre côté, nous recrutons absolument tous les profils et dans tous les domaines, aux RH, au support client ou dans la technique. Ce qui est cher à Trainline ce sont ces personnes qui ont envie de construire et qui ont envie de prendre part à cette aventure. On a vraiment envie d’innover et on a besoin de gens qui souhaitent évoluer dans cette voie.