Design et IA : les 10 prédictions de Venngage pour 2024

Si l’IA générative a apporté des évolutions notables dans une multitude de domaines depuis un an, le monde du design est peut-être celui qui a été le plus impacté. L’arrivée de générateurs d’images par IA, ainsi que l’intégration d’outils d’IA générative dans les plateformes de design (Adobe, Canva, Figma, etc.), a rendu l’IA essentielle – ou presque – dans le domaine de la création visuelle.

À l’approche de 2024, Venngage, site dédié à la création de visuels et d’infographies, présente ses dix prédictions pour l’année à venir. Quelles transformations l’IA apportera-t-elle au design en 2024 ? On fait le point.

1. Le design immersif 3D

Selon Venngage, l’IA pourrait engendrer des avancées notables en conception 3D : « Les progrès technologiques et logiciels offrent aux designers la possibilité de créer des images 3D remarquables, apportant profondeur et réalisme à leurs œuvres ». Ces progrès pourraient aussi favoriser l’innovation dans les sphères de la réalité augmentée et virtuelle, en « transformant les créations 2D traditionnelles en expériences 3D immersives et en rendant les conceptions plus interactives et accessibles », souligne Venngage.

Cette prédiction semble réaliste. En mai dernier, Mark Gurman, spécialiste d’Apple chez Bloomberg, a repéré une offre d’emploi de l’entreprise californienne, qui a récemment lancé son casque de réalité mixte Vision Pro en grande pompe. L’annonce mentionnait la recherche d’« ingénieurs en apprentissage automatique ayant de l’expérience et/ou un intérêt pour l’IA conversationnelle et générative », appelés à « développer leur expertise en réalité augmentée et en réalité virtuelle (AR/VR) ».

Autre exemple : Masterpiece X, une plateforme de création 3D qui intègre l’intelligence artificielle générative. Grâce à son partenariat avec Meta, elle assure une compatibilité avec les casques Quest VR.

2. L’IA pour l’UX / UI design

L’intelligence artificielle s’intègre de plus en plus dans les divers aspects de l’UX Design. Selon Venngage, « l’avenir du design UX devrait être personnalisé, dynamique et innovant, grâce aux capacités de l’IA. Un des avantages de l’IA est en effet de permettre d’évaluer instantanément les besoins des utilisateurs et d’utiliser les données récoltées pour concevoir des interfaces plus personnalisées et intuitives ».

Par ailleurs, les dernières avancées de ChatGPT semblent ouvrir la voie à des progrès significatifs dans le domaine de l’UX et de l’UI design. Grâce à la reconnaissance d’images, les professionnels peuvent concevoir des interfaces dans des outils de prototypage tels que Figma ou Adobe XD, les intégrer à ChatGPT et les convertir en code en quelques secondes !

📸 New dev workflow w/ ChatGPT-Vision

1. Design in @figma
2. Ask ChatGPT to describe image
3. Tell it to convert to @tailwindcss 😀

(kinda hit/miss design -> code but I think i couldve improved prompting) pic.twitter.com/K2lmbGLzH6

— peter! 🥷 (@pwang_szn) October 6, 2023

3. L’IA pour l’apprentissage du design

Dans l’enseignement du design, l’IA pourrait apporter une valeur ajoutée significative. Agissant comme des « instructeurs personnels », les chatbots pourraient offrir un accompagnement entièrement personnalisé aux personnes désirant développer leurs compétences en design. Venngage mentionne notamment des plateformes telles que ProApp, spécialisées dans l’apprentissage et fondées sur l’IA, avec des mentors virtuels disponibles 24h/24.

Elles offrent un retour d’information en temps réel sur les projets de design, en s’appuyant sur l’IA pour analyser et critiquer les designs comme le ferait un instructeur humain.

Outre les plateformes dédiées au design, les assistants personnalisés développés par OpenAI et Microsoft pourraient également jouer un rôle important dans l’apprentissage du design.

4. Améliorer la collaboration entre designers grâce à l’IA

L’intelligence artificielle s’avère très prometteuse dans le travail collaboratif, à tel point que de nombreuses solutions spécialisées comme Slack, Microsoft Teams ou Google WorkSpace, ont introduit des fonctionnalités d’IA pour faciliter le travail d’équipe. Et le design devrait lui aussi bénéficier de ces progrès. Venngage met en avant les fonctionnalités suivantes :

• La compréhension des styles : Venngage explique que l’apprentissage automatique permet aux outils d’IA de comprendre le style des designers et de faire des suggestions, favorisant ainsi le processus collaboratif.
• La collaboration simultanée : l’IA enrichit les fonctionnalités de travail simultané, en intégrant des recommandations de conception basées sur l’intelligence artificielle. « C’est comme si vous aviez un studio de conception virtuel à portée de main, facilitant la collaboration et la créativité où que vous soyez », ajoute Venngage.
• L’identification des problèmes : l’intelligence artificielle est capable de prédire les problèmes potentiels et de proposer des solutions pour améliorer l’efficacité des équipes.

Récemment, Figma a notamment intégré un tableau blanc collaboratif, nommé FigJam, alimenté par l’IA. Cet outil peut générer des modèles, résumer des post-its et les trier.

5. Des solutions de plus en plus complètes

Venngage alerte : en 2024, il deviendra de plus en plus difficile de distinguer une œuvre originale d’une création générée par l’IA, et ce, dans des domaines bien plus larges que le design, tels que la rédaction, la narration, la musique, etc. Ces différentes compétences devraient s’articuler de mieux en mieux pour donner lieu à des solutions complètes intégrant la génération de texte, de sons et de visuels.

Au fur et à mesure de l’évolution de ces outils, la capacité à distinguer le contenu réel du contenu généré par l’IA deviendra une compétence de plus en plus précieuse.

De nombreux utilisateurs ont déjà commencé à combiner différentes technologies. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos falsifiées associent deepfake et clonage de voix pour produire des contenus trompeurs ou à des fins créatives.

6. La typographie

La typographie est un élément essentiel du design graphique. À elle seule, elle peut transformer considérablement le style et le message d’une œuvre. Selon Venngage, en 2024, l’IA transformera le domaine des polices d’écriture de cinq manières différentes :

1. Les polices variables : l’IA devrait encourager la polyvalence des polices en leur offrant plusieurs déclinaisons. Les polices variables, qui disposent de plusieurs versions (gras, italique, espacement, sérif ou non, etc.), permettent une plus grande liberté dans les documents de communication.
2. Les polices sérif : Venngage prédit un regain d’intérêt pour les polices sérif, mais avec une touche plus moderne : « Les graphistes expérimenteront des empattements exagérés, mêlant l’élégance traditionnelle à l’esthétique moderne ».
3. Le mélange du numérique et du manuscrit : l’intelligence artificielle pourrait favoriser l’émergence de nouvelles tendances mêlant le naturel de l’écriture manuscrite à la précision des polices numériques.
4. Du texte multicolore : 2024 s’annonce comme une année colorée en typographie ! Selon Venngage, le monochrome cédera la place à des superpositions et des mélanges de couleurs dans les caractères.
5. L’importance de l’accessibilité : les concepteurs devront renforcer leurs efforts pour rendre leur contenu accessible, en respectant les règles d’accessibilité (couleur, taille et contraste des caractères).

7. La création de sites par IA

Les hébergeurs de sites web proposant des fonctionnalités d’intelligence artificielle se développent rapidement, et cette tendance devrait se poursuivre en 2024. Venngage estime que « les algorithmes d’IA sont aujourd’hui suffisamment sophistiqués pour construire des sites web entièrement fonctionnels à partir d’un minimum de données », une évolution favorisée par la capacité des modèles à apprendre en fonction des interactions avec les utilisateurs.

À ce jour, des plateformes telles que Hostinger offrent des options d’IA performantes, tout en permettant aux créateurs de site de reprendre entièrement la main sur la conception au moment voulu.

8. Le motion design

Sans surprise, le motion design devrait, lui aussi, être transformé par l’IA. Les modèles pourraient notamment permettre de concevoir des mouvements plus réalistes, des animations plus personnalisées et même des « animations fluides et complexes qui répondent aux interactions de l’utilisateur en temps réel ».

À nouveau, l’IA n’a pas attendu 2024 pour s’immiscer dans les logiciels clés de l’animation et du motion design. En septembre, Adobe a amélioré son logiciel After Effects en intégrant un nouveau pinceau IA pour le détourage et la rotoscopie, permettant aux motion designers de gagner un temps considérable sur l’isolation des éléments.

De son côté, OpenAI a mis à disposition sur GitHub un outil de génération de modèles 3D, nommé Point-E. Celui-ci permet de réaliser des nuages de points 3D de haute qualité à partir de descriptions textuelles. Il peut notamment être utilisé dans le logiciel d’animation Maya.

9. La simplicité avant tout

Si, comme c’est le cas pour le motion design, l’IA peut accompagner les designers dans des projets complexes, elle semble plutôt privilégier les designs simples, selon Venngage.

Les outils d’IA aident les concepteurs à créer des designs épurés qui se concentrent sur les éléments essentiels. Ces outils aident à optimiser les mises en page, à choisir des palettes de couleurs harmonieuses et à sélectionner des typographies qui complètent l’éthique minimaliste.

Comme le dit l’adage, très populaire dans le monde du design, « Less is more » !

10. Le design éthique et inclusif

Pour la dernière tendance, Venngage tente un pari optimiste : l’IA favorisera les designs éthiques, en assurant l’accessibilité des visuels, leur compatibilité avec le daltonisme par exemple, ou en « contribuant positivement à l’expérience de l’utilisateur ».

Mais pour cela, les modèles devront bénéficier de mise à jour, en particulier dans les bases de données qu’ils exploitent. En effet, à de nombreuses reprises, les générateurs d’images comme DALL-E ou Midjourney ont été pointés du doigt pour les stéréotypes sexistes ou racistes qu’ils véhiculaient, et qui constituent des miroirs de nos propres biais.