Déploiement de la 5G : usages, enjeux technologiques et risques

Lors de la Maddy Keynote 2021, l’événement incontournable de l’innovation, plusieurs intervenants ont échangé sur l’enjeu du déploiement du réseau 5G, qui permet d’un côté des innovations majeures mais qui encourage aussi une certaine surconsommation…

Géraldine Russel, journaliste chez Maddyness animait la conférence avec Dan Geiselhart, auteur-journaliste, fondateur de TechTrash, avec la présence des invités suivants : Julien Nicolas, directeur numérique du Groupe SNCF, Hugues Ferreboeuf, représentant de The Shift Project, et Chloé Clair, CEO de namR.

Quels usages de la 5G pour le grand public ?

Tout d’abord,« il est important de distinguer le réseau public 5G multi-services censé couvrir plus de 90 % du territoire, et la technologie 5G telle qu’on peut l’utiliser dans des sites industriels comme ceux de la SNCF »  souligne Hugues Ferreboeuf, représentant de The Shift Project.

Côté public, le réseau 5G dont on parle dans les médias, c’est un nouveau réseau mobile public pour désaturer les réseaux mobiles 4G dans les centres-villes. Ils sont saturés par l’accroissement du volumes de données, liés à nos nouveaux usages tel que la consommation de vidéo.

Le représentant de The Shift Project remarque que les usages les plus répandus de la 5G sont finalement similaires à ceux de la 4G : « de la vidéo et du streaming en plus haute définition, l’apparition de nouveaux usages qui n’était pas possible sur mobile avant comme le jeu en ligne en réalité virtuelle, qui démultiplient le volume de données et le temps d’utilisation de chacun ».

Pour donner un ordre d’idée sur la situation actuelle, Chloé Clair, CEO de namR, évoque en parallèle les chiffres de la 4G :

« 80 % d’usage sur de la vidéo, et seulement 20 % pour les autres usages, dans lesquels se situent les usages industriels d’optimisation, de processus, de productivité, etc. »

Quels usages de la 5G pour les entreprises ?

Côte entreprise, la 5G permet des innovations majeures dans les secteurs de la santé, de l’urbanisme mais aussi des transports. Julien Nicolas, directeur numérique de la SNCF, explique notamment que le Groupe a pour objectif  principal d’augmenter de 10 % les déplacements en train en France grâce à la 5G.

Pour atteindre cet objectif, ils doivent s’appuyer sur des solutions technologiques émergentes comme la 5G, c’est pourquoi ils sont en train d’expérimenter cette technologie dans leurs technicentres. La 5G leur permet de traiter des données plus rapidement et « traiter la donnée plus vite, c’est améliorer notre qualité de service, c’est remettre les trains en circulation, et donc à la fin c’est plus d’offres et plus de monde dans le train. », explique Julien Nicolas. L’enjeu majeur pour la SNCF sera de pouvoir allier l’utilisation d’innovations technologiques tout en garantissant un usage numérique responsable.

La 5G pour tous, une fausse promesse ?

La CEO de namR explique que l’usage de 5G sera surtout finalement à destination des zones urbaines déjà saturées par la 4G, et non pour faciliter la connexion dans les zones blanches finalement.

« Là où la 5G aurait pu être une promesse de pouvoir justement atteindre des zones blanches sur des territoires qui ne sont pas conquis, en fait c’est le contraire, car il y a besoin de plus d’antennes, et les investissements sont très lourds, et s’il y a peu d’usages, cela ne va pas intéresser les distributeurs. »

Comment allier 5G et préservation de l’environnement ?

Il est important de pouvoir rester dans un monde connecté, tout en adoptant finalement un usage plus raisonné, et le grand public doit être alerté à ce sujet. Chloé Clair donne quelques exemples de comportements simples du quotidien mais qui peuvent aussi faire la différence à grande échelle : télécharger vos épisodes Netflix chez vous à partir de votre réseau Wi-Fi au lieu de les visionner sur le réseau mobile, choisir un smartphone reconditionné au lieu d’en acheter un nouveau…

Les personnes qui s’intéressent de près au déploiement de la 5G savent que cela peut conduire à multiplier par 2 la consommation d’énergie des réseaux mobiles en quelques années, souligne le représentant de The Shift Project.

Alors comment remédier à cette hausse de la consommation ?

Géraldine Russel pose la question suivante : « Peut-on imaginer une technologie « responsable » ou a t-on déjà dépassé ce cap là ? »  Julien Nicolas du Groupe SNCF prend la parole et répond : « c’est une question difficile, la technologie peut être responsable si ceux qui l’utilisent le sont, ce sont bien les hommes et les femmes qui ont, à la fin, cette responsabilité. »

Hugues Ferreboeuf souligne aussi le manque d’informations données aux utilisateurs français, qui engendre par conséquent un manque de conscience de nos actes numériques : « il manque véritablement une campagne d’informations grand public, avec des exemples concrets tels que : quel est le poids carbone d’un smartphone ?, quel est l’impact si on éteint sa box la nuit ?, des gestes simples mais qui sur 60 millions de personnes pèsent beaucoup ».

La conclusion serait : « moins d’usages idiots, plus d’usages d’utilité publique » comme le souligne justement la journaliste de Maddyness. Julien Nicolas ajoute également en fin de conférence : « la technologie ou les innovations, si elles servent à la fin aussi à nos objectifs dans le développement durable, dans la baisse de nos émissions, il faut s’en servir ». La technologie doit être regardée avec lucidité et responsabilité.