DeepSeek : 5 choses à savoir sur l’IA chinoise qui concurrence ChatGPT

Les États-Unis pourraient-ils être concurrencés sur le terrain de l’intelligence artificielle ? Alors que l’hégémonie des géants de la tech américains dans le domaine de l’intelligence artificielle générative semblait incontestable, un nouvel arrivant remet en question cette domination. Le Chinois DeepSeek, lancé le 20 janvier 2025, est considéré par de nombreux spécialistes comme capable de rivaliser avec ChatGPT. Naturellement, OpenAI et les géants américains voient d’un mauvais œil ce trouble-fête. Voici cinq choses à savoir sur DeepSeek !

1. DeepSeek, une IA open source capable de concurrencer OpenAI…

L’entreprise a été fondée en 2023 par Liang Wenfeng, un entrepreneur chinois et cofondateur du fonds spéculatif High-Flyer, mais la plateforme, accessible au grand public, a été mise en ligne il y a tout juste une semaine. En tête des téléchargements sur l’App Store depuis quelques jours, DeepSeek s’appuie sur deux modèles de langage open source développés en interne, intitulés R1 et V3. Le chatbot fonctionne de manière similaire à ChatGPT, avec la capacité de réaliser des tâches nécessitant une forte contextualisation, comme la planification ou la résolution de problèmes complexes.

De l’avis général, DeepSeek affiche des performances de haut niveau. Sur X, Sam Altman a lui-même qualifié le modèle R1 d’impressionnant et a indiqué qu’il trouvait « tout à fait stimulant d’avoir un nouveau concurrent ».

2. …pour un coût largement inférieur !

Le véritable tour de force de DeepSeek réside dans sa capacité à produire des résultats d’une qualité proche de ceux de ChatGPT, tout en affichant un coût nettement inférieur. Le modèle V3, qui intègre 600 milliards de paramètres, a coûté environ 5,6 millions de dollars à développer, contre 80 millions de dollars pour GPT-4 (au total, OpenAI aurait dépensé 3 milliards de dollars pour l’ensemble de ses modèles). Plusieurs facteurs expliquent ces coûts particulièrement bas :

• Optimisation matérielle : DeepSeek a utilisé des puces Nvidia H800, moins coûteuses et spécialement conçues pour contourner les restrictions américaines.
• Technologie avancée : l’entreprise a exploité les dernières innovations pour réduire la durée et les besoins en ressources nécessaires à l’entraînement de son modèle.
• Soutien étatique : le gouvernement chinois a offert des subventions et des avantages fiscaux, réduisant considérablement les coûts de développement.

3. DeepSeek n’est pas très à l’aise sur certains sujets

Sans surprise, des mécanismes de censure sont intégrés à DeepSeek. Le gouvernement chinois veille à ce que certains sujets ne soient pas abordés par l’IA. Ainsi, de nombreux internautes ont tenté de solliciter le chatbot sur des sujets sensibles, tels que la politique de Xi Jinping, les manifestations de la place Tian’anmen ou, ironiquement, l’état de la censure en Chine. Immédiatement après avoir commencé à rédiger une réponse, DeepSeek se rétracte et se contente d’indiquer : « Sorry, that’s beyond my current scope. Let’s talk about something else » (« Désolé, cela dépasse mon champ d’application actuel. Parlons d’autre chose »).

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— Adam Steinbaugh (@adamsteinbaugh.bsky.social) 27 janvier 2025 à 23:33

4. Les géants de la tech américains s’inquiètent

L’arrivée de DeepSeek a déstabilisé Wall Street. Ce lundi 27 janvier, l’indice Nasdaq a chuté de 2,63 %. Nvidia, la première capitalisation mondiale, qui équipe l’ensemble des géants de l’IA, a vu son titre dégringoler de plus de 13 % à l’ouverture. De son côté, Donald Trump a déclaré : « La publication de l’IA DeepSeek par une entreprise chinoise devrait être un signal d’alarme pour nos industries, qui doivent se concentrer sur la concurrence. »

Dès le lendemain de son investiture, le nouveau président a dévoilé le projet Stargate, qui prévoit des investissements allant jusqu’à 500 milliards de dollars sur quatre ans. Autant dire que le pays de l’Oncle Sam ne semble pas prêt à réduire ses coûts.

Du côté des professionnels de la tech américaine, l’ambiance oscille entre amertume et remise en question. Tandis que certains reprochent aux utilisateurs de privilégier un outil gratuit en échange de leurs données – un angle d’attaque audacieux venant des géants américains –, d’autres s’interrogent sur la manière dont les entreprises de la Silicon Valley ont pu se laisser distancer de manière aussi soudaine.

I still can’t get over that DeepSeek did with 200 employees what OpenAI, Anthropic, Google, Meta, Microsoft and Amazon haven’t been able to do with 500,000+ employees.

There is no upper bound on what small focused teams can achieve.

— Deedy (@deedydas) January 28, 2025

5. Un outil gratuit et disponible partout dans le monde

Contrairement à ChatGPT, dont certaines fonctionnalités sont réservées aux abonnés des plans payants, DeepSeek est entièrement gratuit. Si vous souhaitez l’utiliser, vous pouvez accéder à l’interface web via ce lien ou télécharger l’application mobile disponible sur iOS et Android. Il prend en charge plusieurs langues, dont l’anglais et le français.

En revanche, pour utiliser DeepSeek, il est impératif de créer un compte, ce qui n’est plus obligatoire sur ChatGPT depuis avril 2024. L’interface de DeepSeek est presque identique à celle de ChatGPT (voir image de une). Lors de la saisie de votre question, vous pouvez opter pour le mode « Réflexion profonde » (similaire au mode ChatGPT Pro) ou « Rechercher », qui correspond à l’équivalent de ChatGPT Search. Vous avez également la possibilité d’intégrer une image ou un document PDF.

Mais la prudence est de mise. Si l’outil est prometteur, rien n’indique qu’il sera en mesure de détrôner un ChatGPT déjà bien installé. Certaines fonctionnalités comme le mode vocal sont absentes, et l’outil semble exprimer des lenteurs dans ses recherches sur le web.