Création digitale et IA : 5 conseils pour développer sa signature artistique

Directeur d’agence, photographe professionnel et formateur en IA, l’expert Patrick Bellair partage ses conseils pour exploiter les outils d’IA générative tout en développant son identité créative.

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Il est conseillé d'expérimenter pour étoffer sa culture, développer sa créativité, et affiner son style. © Supatman - stock.adobe.com

À l’heure où les outils d’intelligence artificielle générative (ChatGPT, Perplexity, Midjourney, Runway…) transforment en profondeur la création digitale, comment les professionnels du secteur peuvent-ils réussir à construire une identité visuelle, et préserver leur singularité ? Comment utiliser efficacement les générateurs d’images ou de vidéos par IA, et avec quels types de prompts ? Suite de notre entretien avec Patrick Bellair, qui partage avec nous ses conseils et ses bonnes pratiques pour adopter une approche créative personnalisée, tout en enrichissant sa culture personnelle.

Picture of Patrick Bellair

Patrick Bellair, CEO

Patrick Bellair dirige La Dictature du Beau, une agence de communication digitale, dont l’objectif est de faire briller ses clients sur le digital, à travers du branding, des sites web, des campagnes marketing, de la communication… En marge de cette activité, il est photographe professionnel dans la beauté. Sa 3e casquette consiste à animer des conférences et des formations sur l’IA. « Ce qui est intéressant, c’est que, dans ces 3 aspects de ma carrière, l’IA a complètement changé la manière dont j’exerce ces métiers. »

Étudier les styles artistiques, les mélanger et expérimenter

Du cubisme au fauvisme, en passant par des esthétiques plus modernes, les professionnels de la création digitale ne doivent pas hésiter à expérimenter les outils d’IA générative en mélangeant les influences et les styles. « Par exemple, pour un rédacteur, cela pourrait être un mélange de style entre l’écrivain Victor Hugo et un youtubeur. »

Appliqué à la photographie ou au design, ce mélange de style peut ouvrir des voies inédites. L’objectif : expérimenter, même à partir de courants qui ne se mélangeraient pas de prime abord. C’est la meilleure manière d’étoffer sa créativité pour, au final, aboutir à ce que constituera votre signature artistique personnelle.

Dès que j’ai une idée, même s’il est 2 heures du matin, je prends mon ordinateur. Ma seule limite, ce sera mon imagination.

Patrick Bellair tient cependant à rappeler que « pour avoir un style, il faut déjà savoir ce qu’est un style ». Un style personnel ne peut en effet émerger que si l’on connaît et que l’on comprend les courants artistiques existants, pour s’en démarquer et/ou trouver ce qui vous permettra de créer votre originalité. Il est donc essentiel de développer et d’enrichir sa culture artistique tout au long de sa carrière.

Travailler son style jusqu’à le rendre reconnaissable

Un style doit aussi être identifiable sans qu’il soit nécessaire d’y apposer son nom. Patrick Bellair en veut pour preuve des peintres ou photographes célèbres, à l’image de Dali, Picasso, ou encore les photographes Robert Doisneau et David LaChapelle, dont les œuvres sont toutes reconnaissables grâce à leur style. Pour y parvenir, il conseille de s’appuyer sur des éléments simples et récurrents : un type de composition, un rendu en noir et blanc, un style esthétique particulier. Ce travail de cohérence permet de bâtir une signature artistique claire.

L’idéal, ce serait d’enlever votre nom ou celui de votre entreprise. Une fois ces éléments retirés, il faut qu’il y ait ce petit quelque chose qui permette de vous identifier rapidement.

S’appuyer sur des techniques et des outils IA pour nourrir sa culture artistique

Pour Patrick Bellair, Midjourney représente le meilleur générateur d’images par IA. « Même s’il n’est pas recommandable du point de vue éthique, en termes de résultats artistiques et visuels, il faut reconnaître qu’il est vraiment incroyable », tient à nuancer l’expert. Pour développer sa culture, qui constitue un pilier indispensable en vue de réussir à percer dans ce milieu, il recommande d’explorer la /midlibrary, qui est une bibliothèque de styles lancée en 2022 par le photographe, réalisateur et créateur visuel Andrei Kovalev spécialement pour Midjourney. « Elle recense des centaines d’artistes, de peintres, de photographes, ainsi que des milliers de styles pour trouver de l’inspiration. »

Parmi les autres plateformes d’IA, Patrick Bellair recommande également d’utiliser :

  • Pinterest ou Behance (d’Adobe), « qui rassemble de nombreux travaux d’artistes et des making-of »,
  • le modèle IA Frames, propulsé par Runway, mais aussi Flux, « qui est proposé en open source et que l’on peut retrouver dans Krea »,
  • le générateur d’images Leonardo.AI, qui a été racheté par Canva, « une très belle réussite, qui tient tête aux géants de la tech qui ont voulu la racheter »,
  • et du côté de la vidéo : Midjourney « à nouveau », Runway, le chinois Kling AI, ou encore Luma AI et « l’excellent » Veo de Google.

Son autre conseil : ne pas hésiter à consulter la LMArena (anciennement Chatbot Arena), qui évalue les grands modèles linguistiques (LLM), dont nous vous partageons régulièrement les différents classements (par exemple, découvrez ici le top 20 des modèles les plus performants en septembre 2025).

En mettant en place des techniques de prompts efficaces, à l’image de la méthode « O.B.S.E.R.V.E. » que nous vous avions partagée dans notre précédent article, l’IA vous fera gagner un temps précieux sur votre travail. Pour notre expert, ce temps ainsi gagné doit être réinvesti dans l’enrichissement de sa culture personnelle.

Aujourd’hui, le plus important avec l’IA, c’est la culture personnelle. De ma vie, je n’ai jamais autant appris que depuis que toutes ces IA sont sorties.

Son prompt, qui lui permet de créer une base de données avec diverses techniques créatives pour enrichir encore plus sa culture artistique grâce aux outils IA cités ci-dessus :

« Agis comme un spécialiste de [nom de la spécialité]. Donne-moi une liste des 10 meilleurs (techniques ou auteurs) dans ce domaine. Pour chacun d’eux, indique-moi les points suivants : le nom, une explication détaillée avec pédagogie et un exemple avec du contexte. »

De cette manière, vous garderez une avance artistique sur ceux qui n’auront pas ce bagage culturel riche, et vous pourrez dépasser les limites de la standardisation imposée par les outils d’IA, en appliquant les bonnes méthodes.

S’entourer de mentors exigeants pour affiner son style, et le sauvegarder

Pour progresser, il est recommandé de trouver des mentors capables de dire la vérité, même si cela passe par un jugement très direct. Ces feedbacks sont indispensables pour évoluer et affiner votre style. « Un bon mentor, c’est quelqu’un qui n’hésitera pas à vous dire : c’est vraiment de la merde ce que tu as fait. »

Si vous n’avez pas de mentor, le conseil de Patrick Bellair : étudier le style de certains artistes contemporains, parmi ceux qui sont présents sur les réseaux sociaux, et remonter jusqu’à leurs débuts. En analysant leurs premiers travaux, vous comprendrez mieux de quelle manière ils ont commencé, puis comment ils ont évolué par la suite.

Cet exercice simple et pratique vous aidera dans votre apprentissage de la culture artistique digitale, et vous pourrez ainsi ajuster votre propre signature.

Une fois que vous avez abouti à une signature artistique qui vous correspond, vous pourrez automatiser vos créations en configurant votre style dans l’outil IA de votre choix. La bonne pratique de l’expert :

« Précisez dans un document tous les éléments qui caractérisent votre nouveau style. Demandez-vous par exemple : est-ce que je vais plutôt appliquer un certain nombre d’effets, un certain type de composition, un certain type de personnage, etc. Puis, ajoutez ce document en pièce jointe dans votre outil IA, comme ChatGPT par exemple, pour lui apporter du contexte. À chaque fois que vous l’utiliserez, vous pourrez ainsi créer des contenus tout en maintenant votre cohérence stylistique. »

Sortir de sa zone de confort et oser les projets « qui font peur »

Dès ses débuts, Patrick Bellair a choisi de travailler avec des agences et des équipes expérimentées, plutôt que de photographier ses proches sans pression. Être « le rookie » au sein d’une équipe de professionnels l’a forcé à progresser rapidement. Pour lui, sortir de sa zone de confort et s’engager dans des projets ambitieux, qui pourraient même s’avérer être « effrayants », est un levier essentiel pour continuer de travailler et d’affirmer son style.

Au début de ma carrière, je suis allé voir une agence. Je lui ai demandé s’il y avait des modèles disponibles pour un shooting. Le maquilleur était très fort, le coiffeur était très fort, le modèle était parfait… Il n’y avait que moi qui étais nul, mais j’étais là pour progresser. C’est en s’engageant dans des projets ambitieux, qui « font peur », que l’on progresse vraiment.

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