Comment les réseaux sociaux transforment le secteur de l’information et des médias

Intervenants au sein d’Epitech Digital, Sébastien Liébus, fondateur et CEO du site Le Gorafi, et Pierre-François Canault, head of social media chez INEAT Group, nous décryptent le paysage médiatique et le traitement de l’information à travers les changements induits par les réseaux sociaux.

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Les réseaux sociaux ont impacté le travail des professionnels de l'information et des médias. © Urupong - stock.adobe.com

Si les réseaux sociaux occupent aujourd’hui une place majeure dans le secteur de l’information et des médias, leur avènement reste un phénomène récent. « Jusqu’au début des années 2000, nous consommions l’information différemment, à travers l’écoute de la radio, la lecture de la presse et les rendez-vous quotidiens des journaux télévisés, avec notamment la grand-messe du 20h », analyse Pierre-François Canault, qui dirige la stratégie social media d’INEAT Group et intervient dans le cadre du bachelor webmarketing d’Epitech Digital. Ces nouveaux canaux de diffusion en temps réel ont ainsi démocratisé et ouvert l’information au plus grand nombre, à l’image de la présence de certains médias traditionnels sur Snapchat, TikTok ou Twitch.

L’impact des réseaux sociaux sur le travail des journalistes et des rédacteurs web

Si la lecture sur écran amène les lecteurs à parcourir de plus en plus rapidement les contenus informatifs, les générations actuelles ont pris l’habitude de s’en nourrir et de les consommer différemment, en zappant notamment d’un site à un autre. Les futurs professionnels du digital doivent ainsi s’adapter pour proposer aux lecteurs des contenus courts et synthétiques, afin de les retenir le plus longtemps possible.

Plus l’information va être courte, plus nous irons à l’essentiel pour leur proposer un plus grand nombre de contenus, même si parfois nous aurions quand même besoin de rentrer dans les détails pour apporter davantage de précisions sur des sujets plus complexes, regrette Pierre-François Canault.

Le travail des journalistes et des rédacteurs web, qui s’apparente de plus en plus à celui du concepteur-rédacteur, réside dans la capacité à trouver le bon titre et la bonne accroche, pour que l’article puisse bénéficier de la meilleure visibilité et obtienne le plus de partages sur les médias sociaux. Il consiste également à intégrer les mots-clés les plus pertinents vis-à-vis du contenu, pour obtenir un bon référencement sur les moteurs de recherche, et notamment Google Actualités. C’est le défi que relèvent quotidiennement les équipes de rédacteurs du site Le Gorafi, fondé en 2012 par Sébastien Liébus.

Nous partons d’un phénomène anodin, comme le jet d’une boulette de papier qui atterrit juste à côté d’une poubelle, et nous le densifions au maximum de manière à rendre l’événement complètement absurde. Le comique vient de cet effet. Il faut rester très sérieux dans la manière d’annoncer quelque chose, car la distorsion se situe dans les propos, explique le fondateur.

Spécialisé dans le traitement satirique de l’information, Le Gorafi crée quotidiennement des articles, dont le but est de mettre en avant ce décalage « Nos titres doivent être très pompeux et neutres. La blague, elle, ne doit pas être trop identifiée, de sorte que le cerveau ne l’associe pas à une véritable information et reste ainsi dans la parodie. » Si le fondateur mentionne le journal humoristique L’os à moelle de Pierre Dac (1938-1940) comme modèle de référence, les comptes parodiques sur les réseaux sociaux ne font en revanche pas partie de ses sources d’inspiration pour créer de nouveaux contenus.

Nous privilégions la lecture quotidienne des médias d’informations générales pour trouver la musicalité des titres de nos articles. Notre travail va consister à changer un mot ou inverser le sujet à partir de ceux que l’on a déjà entendus à la télévision, à la radio, ou lus dans la presse.

Le danger et les moyens de lutter contre les fake news sur les réseaux sociaux

Parmi les dangers identifiés sur les réseaux sociaux figurent les fake news, qui n’ont été inventées ni par le digital ni par les médias sociaux.

Les rumeurs existent depuis des milliers d’années. Ces canaux ont juste permis d’étendre leur portée. On peut ainsi comparer Twitter à un mégaphone : c’est comme si nous donnions à quelqu’un la possibilité de parler dans un micro et de se faire entendre, rappelle le head of social media d’INEAT Group.

Amplifiées par cette caisse de résonance, les fausses informations ont ensuite un effet boule de neige, notamment lorsque des comptes disposant d’une certaine notoriété les repartagent à leurs communautés.

Comment différencier une fake news de la satire ?

Si la frontière reste ténue entre fake news et satire, pour Le Gorafi, cette dernière présente néanmoins des ressorts différents. « L’objectif de la satire est d’appuyer là où ça fait mal, mais sans toucher aux victimes ni aux minorités qui ne peuvent pas se défendre », précise Sébastien Liébus. Il ajoute : « la satire est un miroir déformant de la réalité. Elle va mettre en évidence des disparités et peut servir d’arme politique. » La principale différence entre les deux : si elles sont diffusées sur le bon canal et au bon moment, les fakes news peuvent générer de graves répercussions, ce qui n’est pas le cas de la satire.

Le meilleur exemple est celui d’Elon Musk et ses tweets sur la cryptomonnaie. Alors qu’il est un modèle pour de nombreuses personnes, il a pu, du jour au lendemain, ruiner la carrière d’une compagnie ou d’un secteur juste avec un tweet de 7 ou 8 mots, souligne Pierre-François Canault.

La nécessité de bien vérifier l’information et de croiser les sources

Des sites de fact-checking (Libération avec Checknews, AFP avec Factuel, Le Monde avec Les Décodeurs…) existent pour tenter de lutter contre la diffusion des fausses informations, qui sont repartagées en masse sur les réseaux sociaux. Si ces sites sont une bonne initiative, ils sont souvent consultés par les personnes qui sont déjà sensibilisées aux conséquences de la désinformation. Face à une fake news, le fondateur du Gorafi préconise avant tout de se poser la bonne question : à qui profite le crime ?

Il est nécessaire d’identifier qui est à l’origine de cette fausse information et quel est le dessein derrière pour bien comprendre toute la mécanique, ajoute Sébastien Liébus.

Le directeur social media d’INEAT Group recommande quant à lui de croiser plusieurs sources pour vérifier une potentielle fausse information et se faire ainsi sa propre opinion.

Les compétences nécessaires pour un usage professionnel des réseaux sociaux

Au-delà de la vérification des sources, la veille fait aussi partie des compétences indispensables pour les futurs experts des médias sociaux. « Elle est essentielle, quel que soit le métier envisagé (community manager, social media manager, chef de projet digital, trafic manager…), pour développer des campagnes comme pour travailler avec des personnalités influentes », poursuit Pierre-François Canault. Pour Sébastien Liébus, qui a récemment donné une conférence sur la satire devant les étudiants du bachelor webmarketing d’Epitech Digital, les futurs talents ne doivent être limités que par leur imagination.

Pour chaque article, il y a autant de sujets que de points de vue. Au Gorafi, il n’existe aucun sujet interdit, il n’y a que de mauvais angles, résume Sébastien Liébus.

Pour les deux intervenants de l’école, qui propose des formations en marketing digital, une bonne orthographe, mais aussi la curiosité, la précision, ou encore le fait de ne pas avoir peur de tester de nouvelles choses, sont autant de compétences à maîtriser pour les futurs talents. « Nous formons des professionnels du digital aguerris, pour qu’ils soient rapidement opérationnels sur le marché et disposent d’une solide culture web. Pour cela, nous leur apportons tous les éléments et les conseils pour leur montrer que rien n’est fait au hasard lorsqu’il s’agit de créer une campagne virale. La popularité d’un contenu s’obtient grâce à l’ensemble du travail réalisé en amont », conclut Pierre-François Canault.

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