Comment Molotov transforme le secteur de l’audiovisuel à l’ère du numérique
Lier télévision et digital, un pari gagnant ? Nous avons interrogé Jean-David Blanc, Président de Molotov, pour en savoir plus.
Pouvez-vous présenter Molotov ?
Molotov est la première plateforme de streaming qui a changé l’accès aux chaînes de télévision. Fondée en 2014 et lancée au grand public en 2016, Molotov distribue en streaming, en direct, en replay et à la demande, les programmes issus d’éditeurs et de chaînes de télévision, d’une manière qui n’avait encore jamais été proposée en France auparavant.
Aujourd’hui, Molotov fait partie du groupe américain fuboTV, avec lequel nous avons l’ambition de créer une plateforme mondiale qui agrège les offres de contenu des ayants droits, des éditeurs et des chaînes, comme Spotify l’a fait dans le domaine de la musique.
Molotov révolutionne la distribution de la télévision. Pourquoi avoir choisi d’innover sur un marché déjà mature et qui semble plutôt en perte de vitesse ?
À l’époque, nous avons fait un constat simple : la télévision n’était plus adaptée aux usages, et ne proposait pas de solution qui sorte le téléspectateur du zapping à l’ancienne, devenu impraticable. L’augmentation du nombre de chaînes et la nouvelle façon de consommer les contenus nécessitaient alors de repenser l’expérience de découvrabilité et de navigation des programmes. Et pour répondre à cette problématique, nous ne nous sommes pas contentés de mettre la télévision à disposition sur Internet. Nous avons fait le pari de réinventer la manière dont on navigue dans les programmes de façon à mieux les découvrir.
Pour innover, Molotov a également présenté de nouvelles fonctionnalités, inédites à l’époque : enregistrement dans le cloud, retour en arrière, continuité d’un appareil à l’autre… Tout en proposant une modernité dans les usages et les services associés.
Quel est l’avantage d’utiliser les supports numériques comme moyens de diffusion de la télévision ?
Ils sont nombreux. Tout d’abord, vous n’êtes plus contraint ni par un appareil, ni par un lieu, ni par un horaire. Rajoutez à cela des fonctionnalités comme l’enregistrement dans le cloud, le contrôle du direct ou la possibilité de regarder vos programmes, quelque soit l’endroit où vous vous trouvez (y compris à l’étranger) et vous obtenez un confort et une liberté qui n’existaient tout simplement pas avant.
La télévision est désormais accessible où vous voulez et quand vous voulez, sur n’importe quel écran.
Vous facilitez l’accès des contenus aux consommateurs, quelles relations entretenez-vous avec les chaînes de télévision ?
Molotov est un distributeur comme l’ont été auparavant les opérateurs du câble ou les télécoms traditionnels. La relation avec l’éditeur (ou la chaîne) est la même : nous contractualisons avec chacun d’entre eux, pour pouvoir ensuite distribuer les contenus sur la plateforme.
Depuis 2017, Médiamétrie comptabilise l’audience de la plateforme, apportant ainsi à nos partenaires la preuve d’une audience large sur une plateforme innovante, alliant la qualité des services et une expérience utilisateur appréciable. Ainsi, Molotov représente un hub pour tous les modèles de distribution : TV gratuite, payante, AVoD (Advertising Video on Demand), ou encore SVoD (Subscription Video on Demand).
Le cadre du monde de l’audiovisuel semble très complexe (droit de diffusion, contenus exclusifs, droits temporels…), comment gérez-vous ces aspects ?
Les droits et leur durée sont négociés au cas par cas avec chaque éditeur. Des équipes en charge de l’intégration des contenus, mais aussi de leur éditorialisation s’adaptent aux contraintes des droits que nous accordent les éditeurs. Par ailleurs, l’architecture de notre back-office est conçue pour gérer tout type de droits.
À l’inverse de la télévision traditionnelle, vous proposez plus de 20 abonnements différents. Quel est l’avantage de proposer une telle variété de contenus pour l’utilisateur ?
La mission de Molotov est de proposer des programmes variés, issus des chaînes de télévision, mais également des offres de VOD gratuites ou payantes. De ce fait, nous proposons sur la même interface les chaînes de la TNT en accès gratuit et des contenus par abonnement, telles que OCS, Ciné+, Starzplay… Nous créons aussi des options par centre d’intérêt comme nos offres Kids & Teens, Grand Cinéma ou Gamer Zone.
En proposant une offre diversifiée, pour tous les budgets et tous les goûts, cela nous permet de répondre à tous les besoins des membres de la famille.
Le support télé tel qu’on le connaît aujourd’hui est-il destiné à disparaître complètement pour les générations futures, au profit des supports numériques (téléphone, tablette, ordinateur) ?
Le poste de télévision devient lui-même un support numérique. Il est aussi l’écran qui offre la meilleure expérience de confort. On n’apprécie pas un grand film sur un petit écran comme sur un grand écran. Pour s’adapter, la télévision est devenue « connectée », permettant l’accès à tous les autres types de programmes délinéarisés, ainsi qu’aux services qu’offre le numérique.
Peut-on imaginer, à l’avenir, des partenariats avec les plateformes de streaming comme Netflix ou Disney+ par exemple ?
On peut tout imaginer oui ! À l’instar de ce que fait Canal+, qui distribue Disney ou Netflix, ce sont des possibilités pour Molotov dans le futur. Mais pour le moment notre priorité est l’enrichissement de Mango, notre offre de VOD gratuite, grâce à des partenariats avec des fournisseurs de contenus qui souhaitent profiter de l’audience de Molotov et de sa capacité à monétiser les contenus par la publicité.
Grâce au format de AVoD, nous sommes capables de proposer environ 3 000 heures de programmes de manière gratuite. Nous fourmillons d’idées pour développer ce modèle que nous avons lancé en France. C’est encore assez récent (Mango a été lancé à l’automne 2020), mais nous pensons que ce sera une source de revenus importante pour Molotov dans les prochaines années.