Comment Lydia a bouleversé les habitudes de paiement des Français

Cyril Chiche, CEO de Lydia

Cyril Chiche est le cofondateur de Lydia. Il a lancé le projet « Lydia » en 2013 avec Antoine Porte, CPO actuel de l’entreprise. La fintech est basée à Paris et compte plus de 150 collaborateurs.

« Je te fais un lydia » est devenue une expression courante pour beaucoup de Français. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Quels ont été les éléments clés pour en arriver là ?

C’est vrai que lorsque nous avons compris l’ampleur sociale et virale qu’avait pris l’application dans la communauté étudiante, nous n’en revenions pas. Ça a été pour nous un signal fort puisque c’était l’un de nos objectifs, que les utilisateurs s’approprient entièrement Lydia. Mais tout ne s’est pas fait en un claquement de doigts ! La route a été longue, d’autant plus que le secteur de la finance et du paiement est soumis à une réglementation très stricte. Nous avons lancé le projet en 2011, l’application a été créée en 2013. La première fois que nous avons entendu « je te fais un Lydia », c’était fin 2015.

La clé de ce succès tient notamment au fait qu’il y avait une place à prendre face à la complexité imposée par les banques traditionnelles.

Nous avons créé une application simple d’utilisation, ultra-intuitive et personnalisable, sécurisée, instantanée…Tout ce qu’il fallait pour séduire une génération mobile-first.

Comment votre audience a-t-elle évolué depuis votre lancement ? Quels sont les profils types de vos utilisateurs ?

Lydia est utilisée par un tiers des Français de 18-35 ans.

À l’heure actuelle, nous comptons plus de 6 millions d’utilisateurs, avec une moyenne de 150 000 nouveaux utilisateurs par mois. Le segment qui grandit le plus rapidement est celui des 35-45 ans.

Nous avons débuté avec le transfert d’argent entre amis. Puis, toujours afin de faciliter la vie de nos utilisateurs, nous nous sommes concentrés pour que chacun puisse faire de Lydia son compte courant : cartes Visa, cartes Internet, IBAN français… nous avons développé cette offre, et l’avons étoffée. En nous intéressant à l’épargne. Puis au micro-crédit pour tous ceux qui commencent à formuler des projets à court ou moyen terme.

Et dernièrement, à l’investissement à partir de 1 € avec Lydia Trading, qui s’adresse à une clientèle plus large encore, qui a envie d’investir au-delà d’une épargne classique, en toute autonomie. C’est ainsi que nous séduisons une clientèle toujours plus variée, et c’est ce que nous comptons poursuivre et développer.

De quelles façons communiquez-vous auprès de votre audience ?

Au cœur de tous nos messages, il y aura toujours l’accessibilité et l’inclusion. Notre langage est simple et direct. Nous ne jouons pas de fausse proximité dans notre communication, bien au contraire. Un bon exemple de la limpidité de notre communication est par exemple notre dernière campagne d’affichage pour le service de Trading de Lydia.

Les réseaux sociaux sont un formidable moyen de communication. Toutefois, nous y avons toujours eu une présence discrète, pour mieux se concentrer sur ce qui se passe dans l’application entre nos utilisateurs et Lydia. C’est aussi une fantastique source de créativité : TikTok ou Instagram par exemple, nous challengent sur de nouveaux formats.

Vous avez développé une application mobile qui est dorénavant une « super-app ». Pouvez-vous expliquer ce qui se cache derrière ce terme ?

Une super-app, c’est une application qui regroupe plusieurs services et fonctionnalités au sein d’une seule et même interface. Lydia est un compte courant qui permet de tout faire avec son argent, de gérer toutes les transactions au quotidien, que ce soit recevoir, dépenser, épargner ou investir de l’argent.

Votre application mobile est très appréciée pour son côté « simple d’utilisation ». Selon vous, quels sont les éléments qui ont favorisé son succès ?

L’élément clé qui selon nous a participé massivement au succès de Lydia, c’est que nous voulions une application qui soit le plus proche possible de l’intention naturelle des utilisateurs. Si on prend l’exemple du remboursement entre amis, ce n’est absolument pas naturel de devoir entrer le RIB d’un ami sur le site internet d’une banque et d’attendre plusieurs jours avant de pouvoir faire un virement.

On a finalement réinventé le concept de se rembourser en espèces, tout en enlevant le « pain point » de devoir trouver un distributeur automatique.

L’argent est disponible immédiatement, toujours dans notre poche, et le remboursement peut s’effectuer en deux clics. Depuis le premier jour, nous nous attachons à toujours masquer la complexité bancaire pour faire de chaque fonctionnalité, un service personnalisé et inclusif, qui répondra avec clarté aux besoins fondamentaux que représente l’argent (rembourser, économiser, emprunter, partager, placer…).

Notre leitmotiv, c’est de (re)donner le pouvoir aux consommateurs.

Lydia est une licorne française. Vous avez notamment levé 103 millions de dollars fin 2021. Quels projets seront réalisés ou accélérés grâce à cette levée de fonds ?

Cette levée de fonds va nous aider à concrétiser nos fortes ambitions (devenir le compte principal de 10 millions d’européens d’ici fin 2025) et pour ce faire : recruter 800 collaborateurs les trois prochaines années.