Comment intégrer l’IA dans son entreprise : les conseils de Mister IA
De la PME au grand groupe, l’IA s’impose comme un levier clé de productivité. Mister IA nous partage sa méthode et ses recommandations concrètes pour réussir cette transition et éviter les erreurs les plus fréquentes.
Quels sont les avantages pour une entreprise d’adopter l’IA dans ses workflows ? Y a-t-il des différences entre les motivations d’une grande entreprise et celles d’une PME ?
Les avantages sont multiples. Le premier, c’est la possibilité de faire de l’ultra-personnalisation, à grande échelle, dans la relation client comme dans la production de contenu ou de services. Le second, c’est de réduire les tâches à faible valeur ajoutée pour que les collaborateurs se concentrent sur ce qui compte vraiment. Et le troisième, de plus en plus, c’est d’aider les équipes sur leurs tâches à forte valeur ajoutée grâce à des outils d’aide à la décision ou de génération de contenu.
Les motivations varient selon la taille de l’entreprise : une PME cherche avant tout à gagner en productivité et en compétitivité sans devoir recruter massivement, tandis qu’un grand groupe s’interroge plutôt sur la manière d’outiller ses collaborateurs pour leur simplifier le travail au quotidien.
Quelles sont les grandes étapes indispensables pour implémenter l’IA de manière structurée et efficace ?
Il y a, selon nous, quatre étapes clés :
- Acculturer les collaborateurs, pour lever les craintes et donner du sens.
- Choisir rapidement l’outil de déploiement, afin d’éviter la dispersion.
- Identifier les cas d’usage concrets dans le quotidien des équipes.
- Former l’ensemble des collaborateurs sur l’outil retenu et les cas d’usage choisis.
C’est cette approche structurée qui permet de passer d’un effet de mode à une transformation réelle.
De nombreuses organisations testent l’IA via ChatGPT, Gemini ou Copilot sans véritable stratégie. Quelles sont les principales erreurs à éviter ?
La première erreur, c’est le mauvais choix de licence. Beaucoup d’entreprises se trompent dès le départ sur ce point, ce qui limite les usages et génère de la frustration.
La deuxième erreur consiste à mettre l’outil dans les mains des collaborateurs sans formation. Sans accompagnement, 90 % des utilisateurs se limitent à faire des mails ou des recherches basiques avec ChatGPT, alors que l’outil peut automatiser et transformer des pans entiers du travail.
Comment aidez-vous concrètement une entreprise à identifier les bons cas d’usage ?
Nous partons des métiers et des réalités du terrain. Concrètement, nous menons des entretiens individuels avec les collaborateurs d’une entreprise pour mieux comprendre leur quotidien : où ils perdent du temps, où ils aimeraient s’améliorer, quels outils ils utilisent déjà, etc. À partir de ces échanges, nos consultants traduisent ces irritants en cas d’usage métiers précis et actionnables.
Il est très difficile pour un collaborateur seul d’imaginer ses propres cas d’usage avec l’IA : il faut un regard externe et structuré.
Quels sont aujourd’hui les outils d’IA générative les plus matures et réellement utiles en entreprise selon vous ?
Les plus avancés restent ChatGPT et Claude, qui dominent largement en termes de performance, de fiabilité et de fonctionnalités. Viennent ensuite Gemini et Copilot, puis dans une troisième vague, Mistral. Ceux qui réussissent sont ceux qui disposent de moyens financiers massifs, d’un écosystème fonctionnel complet, et d’une adoption grand public : les collaborateurs les utilisent déjà en privé, ce qui facilite la transition professionnelle.
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Est-ce qu’il y a des secteurs ou des métiers qui tirent davantage parti de l’IA que d’autres d’après vous ?
Pas vraiment. À partir du moment où un collaborateur travaille sur ordinateur, il est concerné. Qu’il exerce sa fonction dans le logement social, la finance, la communication ou l’administration, les besoins d’automatisation et d’assistance sont similaires.
L’intégration de l’IA suppose souvent un changement culturel. Comment accompagnez-vous cette transformation ?
C’est un enjeu majeur. Nous mettons en place une véritable conduite du changement, avec un suivi dans la durée. Après les formations, nous créons des réseaux de « champions IA » : des collaborateurs référents formés en profondeur et suivis par nos équipes. Nous les aidons à mesurer l’usage : combien de temps les outils sont utilisés, à quelle fréquence, quelles craintes subsistent, etc.
Ces retours alimentent ensuite les comités IA, que nous animons, pour piloter la transformation de manière concrète et continue.
Justement, comment évaluez-vous le retour sur investissement d’un projet IA ?
Nous observons principalement le taux d’usage. Quand un collaborateur utilise un outil d’IA plus d’une dizaine de fois par jour, on constate rapidement un gain d’environ une heure de travail quotidienne. Nous suivons donc le nombre d’interactions, la fréquence d’utilisation et la rapidité d’appropriation. C’est le meilleur indicateur d’un déploiement réussi.
Les dirigeants se demandent souvent s’ils doivent recruter des experts en IA ou former leurs équipes existantes. Quelle approche recommandez-vous ?
Je ne recommande pas de recruter des experts IA internes, surtout sur la partie bureautique ou développement léger. Ce sont des profils très coûteux, difficiles à rentabiliser, et souvent déconnectés de la réalité métier. L’efficacité vient plutôt de partenaires externes spécialisés, qui connaissent à la fois votre secteur et les bonnes pratiques observées ailleurs. Cela permet d’avancer plus vite, de bénéficier du retour d’expérience d’autres entreprises et de rester à jour.
Comment voyez-vous l’évolution des usages professionnels de l’IA générative dans les prochaines années ?
Nous vivons un changement de paradigme comparable à l’arrivée de la suite Office, mais de manière encore plus profonde. Chaque collaborateur devra apprendre à travailler avec un « super assistant », à déléguer intelligemment, à contrôler les résultats et à repenser sa manière de produire.
L’IA va s’intégrer dans toutes les couches du quotidien professionnel.
Enfin, quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui hésite encore à franchir le pas ?
Ne pas attendre. L’important est de se lancer dès maintenant, avec des étapes simples : acculturer, choisir un outil, former les équipes, et itérer.
Les entreprises qui s’y prennent tôt auront un avantage considérable, car elles auront déjà structuré leurs usages et leurs méthodes quand les autres commenceront à s’y mettre.
Martin Pavanello, Cofondateur
Ex-HEC, Martin Pavanello a cofondé en 2023 Mister IA, une société dédiée à la formation et au conseil en intelligence artificielle générative. Mister IA aide les entreprises à comprendre, maîtriser et intégrer ces technologies pour en faire un véritable levier de performance et d’innovation au sein de leurs équipes.
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