Comment l’IA transforme le métier de développeur web : bonnes pratiques, nouveau rôle et débouchés

Quel est l’impact de l’IA dans le développement web ? Comment le rôle du développeur est-il en train d’évoluer ? Les réponses avec Naël Fawal, directeur du campus de l’EEMI à Lyon.

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Quelles sont les nouvelles facettes du métier de développeur web avec l’essor des outils IA ? © REDPIXEL - stock.adobe.com

Des missions facilitées, à condition de bien configurer l’IA en amont

Alors que ChatGPT a battu un nouveau record de fréquentation en décembre 2024, avec 300 millions d’utilisateurs chaque semaine, l’usage de l’IA générative est en plein essor, notamment dans le développement web. Les plateformes phares, à l’image de ChatGPT (OpenAI) et de Claude (Anthropic), sont de plus en plus plébiscitées par la communauté des développeurs, avec des progrès rapides et constants depuis plusieurs mois qui impressionnent.

Au quotidien, un développeur web va utiliser ces outils basés sur l’intelligence artificielle générative pour lui faire gagner du temps sur la réalisation de tâches chronophages. Une IA est notamment capable de concevoir un site web « simple », autant sur la partie front-end que sur la partie back-end, avec un bon niveau de qualité. Ce gain de productivité va lui permettre de se concentrer sur le développement de fonctionnalités plus avancées, qui demande davantage de réflexion et d’expérience.

Même si sa vitesse de progression est bluffante, l’IA ne va pas remplacer les développeurs web, tient à rassurer Naël Fawal, directeur du campus de l’EEMI à Lyon.

Il ajoute : « il ne faut pas oublier que dans intelligence artificielle, il y a certes le terme intelligence, mais il y a surtout l’adjectif artificielle ». Quel que soit le modèle de langage utilisé, une IA est susceptible de produire des informations erronées, qui sont désignées comme des « hallucinations ». C’est la raison pour laquelle le métier de développeur est, et restera, toujours essentiel au sein d’une organisation. Son rôle tend en effet à évoluer vers davantage de tests et de contrôles, pour ajuster et corriger la production de code généré par une IA générative.

Pour bien utiliser ces outils, le directeur de l’école recommande de configurer et d’entraîner les modèles d’IA à partir d’éléments comme de la documentation technique, des langages de programmation et des frameworks, afin qu’elle puisse rédiger efficacement du code.

Pour bénéficier de toutes ses capacités, il est indispensable de prendre ce temps pour bien la paramétrer, mais aussi lui adjoindre des plugins, pour créer une boutique en ligne par exemple. C’est ce qui lui permettra de travailler en autonomie dans un environnement dédié.

C’est l’ensemble de ce travail « invisible », effectué en amont par le développeur, qui fera toute la différence. « Le but est que votre modèle de langage soit familier avec ces données, pour qu’il soit en mesure d’aller chercher les bonnes informations et de vous restituer des réponses pertinentes en fonction de vos besoins. » Pour Naël Fawal, il faut bien garder en tête que le développement web à l’aide de l’IA « n’est pas quelque chose qui est clé en main ».

Si vous ne faites pas ce travail préalable, vous condamnez votre IA à n’avoir qu’un rôle d’assistance. Si c’est déjà une aide en soi, un développeur ne pourra pas aller aussi loin que s’il a bien préparé son modèle d’IA en amont.

Vers une hyperspécialisation du métier de développeur grâce à l’IA

Si, pour l’heure, il n’existe pas encore de modèle de langage 100 % pensé pour les développeurs, certains d’entre eux ont pu être customisés en vue de répondre à leurs besoins. « Je ne serais pas surpris de voir certains modèles de langage se spécialiser dans ce domaine », confirme le directeur de l’EEMI Lyon. Cette spécialisation des modèles d’IA dans le développement leur permettra de consacrer davantage de temps au recettage de leurs produits, qui est généralement une mission pour laquelle ils disposent de peu de temps.

Je pense qu’il peut en effet être intéressant pour un développeur de se projeter davantage dans le cycle de vie d’un produit, et qu’il soit capable de tester ce qu’il a créé. En gagnant du temps grâce à l’IA, il pourra se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée comme le développement d’applications plus complexes, qui pourront elles-mêmes intégrer une part d’IA.

Avec l’essor des pratiques liées au low code et au no code dans le développement web, qui simplifient la création d’applications, soit avec un minimum de code soit sans une seule ligne de code, l’intégration de l’IA facilite là aussi la conception de sites, notamment pour des structures qui ont besoin de solutions rapidement disponibles. « Cette intégration de l’IA rend ces approches encore plus accessibles et puissantes pour les non-développeurs, tout en accélérant le travail des professionnels du secteur. »

Face à ces différentes évolutions technologiques, le métier de développeur web devrait ainsi se transformer peu à peu vers un poste de plus en plus spécialisé, avec de nouvelles facettes qui devraient faire leur apparition.

Le métier de développeur full stack correspond au socle de base car, pour faire du développement web, il faut savoir coder. Avec l’IA et les pratiques de low code / no code, il faudra des développeurs spécialisés pour maîtriser ces méthodes et outils en vue de les implémenter au sein des entreprises.

Pour le directeur du campus de l’EEMI Lyon, le métier de développeur IA sera de plus en plus recherché par les recruteurs, avec deux aspects spécifiques pour ce poste. D’un côté, il faudra être en mesure de savoir entraîner et contrôler les IA pour qu’elles répondent aux besoins fixés. Et, de l’autre, des développeurs IA seront chargés de créer des applications qui permettront de communiquer avec ces IA.

Une formation axée sur la pratique pour répondre à l’évolution du développement web

Pour se former et intégrer l’IA au cœur de votre métier de développeur web, l’EEMI est une école qui propose un parcours complet afin d’acquérir les compétences attendues dans ce domaine. Ce parcours est notamment composé d’un bachelor Développement web (niveau bac+3), suivi d’un mastère Lead développeur full stack (niveau bac+5). Ces deux formations sont certifiantes : vous obtiendrez un titre enregistré au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et reconnu par les entreprises.

Notre objectif est de former des professionnels capables de communiquer les uns avec les autres, des développeurs avec des spécialistes du marketing et du design. C’est la raison pour laquelle nous avons créé des formations 100 % techniques. Lorsqu’ils nous rejoignent, nos apprenants vont passer du statut d’étudiant à celui de professionnels prêts à travailler en entreprise, une fois leur cursus terminé.

Le point fort de l’école : une formation axée sur la pratique et un enseignement dispensé par des professionnels en activité. Les mises en situation sont multipliées tout au long de l’année, avec des temps forts pour apprendre à évoluer seul, par deux ou en groupe. « Ils acquièrent à la fois des compétences techniques mais aussi à maîtriser le travail collaboratif, qui va être un aspect essentiel de leur futur métier. »

Plusieurs cas pratiques sont ainsi au programme du parcours dédié au métier de développeur web, avec notamment :

  • des cas d’entreprise : pour tout type d’organisation (une startup, un auto-entrepreneur ou un grand groupe), qui a un cas sur lequel vont travailler nos étudiants. « L’année dernière, à Lyon, nos étudiants ont planché sur l’implantation d’un centre de fitness, avec la création d’une landing page pour faire connaître la marque. »
  • des hackathons : pour résoudre plusieurs types de problématiques, avec des groupes pluridisciplinaires. « L’idée est de mélanger des développeurs, des marketeurs et des designers pendant une semaine, avec l’objectif de parvenir à proposer des solutions techniques. »
  • des sprints : à partir d’une commande client, soit réelle ou adaptée par l’école, les étudiants ont entre 24h et 48h pour y répondre. « Charge à eux de bien s’organiser pour respecter le temps qui leur attribué », souligne le directeur.

Ces mises en situation visent à leur faire prendre conscience des « contraintes qui ne dépendent pas uniquement d’eux », surtout dans le cadre du travail en équipe, tout en s’exerçant dans les mêmes conditions que les professionnels en activité. « C’est vraiment un métier qu’il faut choisir parce qu’on a envie de le faire, et parce qu’on a considéré toutes ses dimensions. S’il n’est pas forcément fun de rentrer des lignes de code toute la journée, c’est quand même 99 % du job, il faut en être conscient. » Son conseil : être curieux, agile et s’adapter en permanence « parce que c’est un métier où l’on se forme tout au long de sa vie professionnelle ».

Si le cliché continue de perdurer, avec un déficit de profils féminins dans les métiers du développement web, le directeur de l’EEMI tient à le réaffirmer : c’est une profession qui est ouverte et accessible à toutes et tous, sans distinction de genre, avec de réels besoins en recrutement. « J’invite fortement les jeunes femmes à s’y intéresser. Très souvent, on me demande s’il faut être bon en maths pour se lancer dans le développement web. Je réponds qu’il faut avoir de la logique avant tout », tient à préciser Naël Fawal. Avant d’ajouter, pour conclure : « elles ont toute leur place aux côtés des hommes, et ce dans toutes les entreprises ».

Devenir développeur web avec l’EEMI

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