Comment l’IA redessine les pratiques et les métiers du marketing digital : décryptage et conseils

Expert en marketing digital et formateur chez Lefebvre Dalloz Compétences, Malik Ben Thaier analyse pour BDM l’impact de l’IA dans ce secteur, les compétences recherchées, et l’importance de se former pour rester compétitif sur le marché de l’emploi.

comment-ia-redessine-pratiques-metiers-marketing-digital
Quelles sont les tendances clés du marketing digital à l'ère de l'IA, et comment répondre aux besoins des entreprises ? © Antony Weerut - stock.adobe.com

Face à un paysage numérique en pleine mutation, quels défis les professionnels du marketing digital doivent-ils relever, selon vous ?

Aujourd’hui, on constate déjà un effet de cette mutation sur nos pratiques en termes de processus, d’analyse et de déploiement. Au niveau des enjeux du marketing digital et des défis à relever pour les marketeurs, j’en vois trois : l’automatisation croissante des processus marketing, l’accélération de l’adaptation et de la transformation des entreprises, ainsi que la remise en question des pratiques établies.

Automatisation croissante des processus marketing

Il s’agit de transformer des processus en tâches automatiques et contrôlées. Par exemple, si je dois réaliser une analyse sémantique sur des milliers de pages, il va d’abord falloir garantir la véracité des informations, les catégoriser, adopter les bons mots clés pour affiner un plan de sortie, selon les intentions de consommation, les typologies d’acheteurs ou de prix. Ensuite, je vais peaufiner un plan d’action pour identifier ce qui est en commun à tous les concurrents et ce qui va me rendre spécifique.

Tout cela se fait dans un environnement d’automatisation poussé, mais toujours contrôlé par l’humain.

Accélération de l’adaptation et de la transformation des entreprises

Les professionnels du marketing digital doivent adopter ces transformations dans le développement, le management et la réalisation de leurs tâches quotidiennes, en identifiant les tâches répétitives à simplifier et celles qui nécessitent un accompagnement humain. L’IA ne doit pas décider à la place de l’humain.

L’enjeu est d’accélérer les processus individuellement et collectivement, de manière synergique entre les services et les canaux d’acquisition.

Remise en question des pratiques établies

Sur ce dernier point, il ne faut pas prendre les données telles quelles : l’humain doit rester dans la boucle, en amont, pendant et en aval de ce que peut produire l’automatisation. L’IA sert à enrichir les données, à combler des cases vides, à détecter des niches, mais elle ne doit pas prendre elle-même les décisions.

Il faut garder du recul et mettre en place des processus de vérification humaine, afin de garantir la qualité des décisions.

Comment l’IA impacte déjà les pratiques du marketing digital ? Avez-vous des exemples concrets ?

Avant, en tant qu’expert et formateur, on devait créer des supports, analyser, partager avec des cercles d’experts, synthétiser un grand volume de données, puis tester. Aujourd’hui, certaines tâches sont radicalement accélérées. J’ai notamment développé une centaine de GPT et des modèles pour répondre à certaines problématiques.

Un premier exemple : l’UX design

Auparavant, il fallait travailler un parcours utilisateur avec la création de mockups, de templates, le positionnement des différents éléments, ce qui prenait beaucoup de temps. Avec une IA dédiée, il est désormais possible de générer des wireframes, de tester des versions desktop ou mobile, de comparer le résultat avec ce que proposent les concurrents. Et on peut même faire de l’A/B testing en conservant les zones chaudes et les taux de clic.

En quelques heures, on obtient un résultat qui prenait avant plusieurs jours.

Un deuxième exemple : le référencement naturel ou payant

Optimiser une page prenait une à deux heures, avec de nombreux allers-retours à effectuer avec les parties prenantes du projet. Aujourd’hui, un prompt peut aider les marketeurs à générer une version optimisée de la page, avec les bons mots clés, les bons contenus, les bonnes intentions, et en ciblant les personas attendus tout en générant tous les éléments techniques nécessaires (métas, micro-formats, balisage, etc.).

On peut déployer massivement des centaines de pages, au lieu de les optimiser une par une.

Un troisième exemple : la perception des prix

J’ai créé un GPT qui compare des programmes de formation à ceux des concurrents. Il évalue si le contenu justifie un prix plus élevé, si les points forts sont mis en avant, et propose des corrections. Cela permet d’optimiser les programmes, et détecter des anomalies autour du prix proposé.

En résumé, je dirais que l’IA permet d’accélérer, d’optimiser, de comparer, mais aussi de réagir en interne quand il y a un problème de positionnement ou de qualité. Mais elle a besoin de « commandants » pour définir des objectifs clairs, normaliser les données, challenger les recommandations, organiser les processus et suivre ou ajuster les résultats obtenus.

À partir de vos observations sur le terrain, quels formats émergent et tendent à s’imposer dans les stratégies digitales à l’ère de l’IA ?

Le marché de l’IA est devenu plus stable depuis peu, avec des modèles normalisés. On peut ainsi bâtir des stratégies plus solides. L’enjeu principal pour les professionnels du marketing est la notoriété. Il faut être bien référencé dans les LLM (Large Language Models). Si vous êtes cité dans leurs réponses, vous aurez davantage de notoriété. Si vous ne l’êtes pas, il y a un problème. Il faut donc travailler son image, produire des contenus experts, être présent dans les forums influents, tels que Reddit.

Mon conseil : penser « LLM first ».

Au niveau des formats pour les réseaux sociaux, les podcasts, les vidéos courtes et les lives interactifs permettent de se démarquer, d’engager les utilisateurs et de créer de la notoriété rapidement. Il existe de nombreux outils intégrant des fonctionnalités d’IA qui facilitent la production de contenu audio et vidéo, ce qui réduit les freins budgétaires. Sans oublier la partie Social Search, avec des utilisateurs, notamment les moins de 25 ans, qui recherchent directement sur TikTok ou Instagram.

Et, pour les formats éditoriaux, les dossiers thématiques experts fonctionnent bien. Mais il faut proposer un angle spécifique, crédibilisé par des experts ou des marques. Un contenu original et différenciant sera plus fortement valorisé.

Quels outils IA recommanderiez-vous d’utiliser pour les professionnels du marketing digital, et pour quels usages ?

Chaque outil a son domaine de spécialisation. Pour traiter de la donnée en masse, Gemini est très fort. Pour l’analyse concurrentielle, ChatGPT est assez efficace. Pour produire de la vidéo, je recommande d’utiliser Veo3, pour l’UX design, l’outil Stitch développé par Google et basé sur Gemini, et, pour de la recherche pure, Perplexity. Avec les bons outils IA, on peut faire des prompts assez précis sur chaque contenu que l’on souhaite produire.

Mon conseil : définissez une roadmap claire et choisissez les IA adaptées à vos besoins, plutôt que de tester des centaines d’outils. Surveillez aussi la concurrence pour détecter les signaux faibles et anticiper les tendances du marketing digital, qui évolue rapidement. Et ne négligez pas votre évolution professionnelle.

Formez-vous en sélectionnant en priorité les solutions IA qui vous accompagneront tout au long de votre carrière.

Quelles sont les compétences les plus demandées par les entreprises actuellement (hard et soft skills incluses) ?

Au niveau des soft skills, je dirais la curiosité et la capacité d’adaptation. Il faut savoir sortir de sa zone de confort, comprendre les autres métiers avec lesquels on interagit pour créer un protocole de langage commun afin de mieux communiquer, de s’enrichir intellectuellement, et de gagner du temps ! Autre soft skill importante : l’esprit critique est essentiel. L’IA se trompe, il ne faut pas prendre ses résultats pour argent comptant.

Les futurs marketeurs doivent être calmes, notamment face à la vitesse des innovations, tout en restant agiles et proactifs.

Et du côté des hard skills, la maîtrise des outils IA est incontournable. L’analyse des données devient aussi une expertise très demandée pour détecter des signaux faibles que les data analysts n’avaient pas le temps d’explorer. Et j’ajouterai aussi le SEO, le SEA et le CRM.

Les profils recherchés par les entreprises combinent à la fois la maîtrise technique et l’agilité intellectuelle. Ce sont deux ingrédients clés pour réussir dans le marketing digital dans les mois à venir.

Quels sont les avantages de suivre une formation en marketing digital aujourd’hui, selon vous ?

Chez Lefebvre Dalloz Compétences, les formations sont conçues avec des experts verticaux par domaine. Chaque programme est adapté selon le niveau (débutant, intermédiaire ou expert) et les attentes des apprenants, grâce à un questionnaire qu’ils remplissent en amont. L’objectif est que chaque participant reparte avec des compétences immédiatement applicables dans son entreprise.

Nos contenus de formation intègrent désormais l’IA dans tous les programmes, quel que soit le parcours choisi, pour l’utiliser de manière raisonnée. Elle permet d’accélérer la phase d’apprentissage et d’éviter les erreurs les plus courantes. Notre méthode pédagogique s’appuie sur un équilibre entre théorie et pratique, avec des projets réels à réaliser et une vision à 360° des leviers marketing.

Toutes les formations que nous proposons, notamment en marketing digital, apportent des méthodes concrètes et opérationnelles.

Par exemple, en SEO, on va montrer aux futurs professionnels comment générer en masse des méta données avec les bons prompts à utiliser, puis comment contrôler les résultats, tester, et comment les déployer rapidement.

Une formation bien choisie permet de gagner du temps et de rester compétitif sur le marché de l’emploi.

Pourquoi choisir un parcours en marketing digital enseigné par Lefebvre Dalloz Compétences ? Comment vous différenciez-vous sur le marché de la formation en ligne ?

Tout d’abord, nos formations permettent d’avoir une vision stratégique et opérationnelle. Un directeur marketing doit savoir construire un plan, répartir les budgets, intégrer l’IA à ses workflows et l’utiliser comme un assistant. Nous délivrons une expertise sectorielle et un accompagnement par des formateurs expérimentés.

Nous proposons une approche sur mesure, à partir de l’analyse des besoins en amont, pour mettre en place des programmes conçus selon les besoins réels des entreprises.

Ensuite, la formation accélère l’apprentissage. Elle apporte une veille, des expertises approfondies, et permet de tester rapidement des micro-actions. L’agilité est clé : plutôt que de gros projets, il faut privilégier des actions rapides et ajustables.

Chez Lefebvre Dalloz Compétences, on a intégré l’IA au cœur de la pédagogie et dans la majorité de nos programmes. Les apprenants apprennent à déployer avec agilité, ce qui est essentiel dans un environnement en constante évolution.

Avez-vous un message ou un conseil à partager aux futurs professionnels du marketing digital ?

L’humain doit rester au centre de la réflexion. L’IA n’est qu’un assistant. C’est un outil d’enrichissement et d’accélération, mais c’est l’humain qui doit rester la tête pensante. L’IA aide à développer des micro-compétences rapidement, mais la formation reste nécessaire en vue d’acquérir une véritable expertise.

L’IA est un levier de créativité, mais elle doit rester l’apanage de l’humain.

Se former au marketing digital avec Lefebvre Dalloz Compétences

Picture of Malik Ben Thaier

Malik Ben Thaier, Expert en marketing digital et formateur

Expert et stratège en marketing digital depuis près de 30 ans, Malik Ben Thaier accompagne entreprises et professionnels dans l’optimisation de leur performance. Formateur passionné au sein de Lefebvre Dalloz Compétences et technophile, il fait de la technologie, des outils et de l’IA son quotidien.

Sujets liés :
Publier un commentaire
Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.