Comment évolue la pratique des jeux vidéo en France : profils, parité, stéréotypes…

Qui sont les Français qui jouent aux jeux vidéo ? Quelle est la place des femmes dans ce domaine, autrefois fortement masculin ? Le spécialiste du jeu vidéo GamerTop et l’agence FLASHS ont tenté de répondre à ces questions, dans une étude menée par l’IFOP au mois de mars 2023. Au total, ce sont plus de 4 000 joueurs qui ont été interrogés sur leur pratique du gaming. Retour sur les principaux apprentissages qui en découlent.

Les jeux vidéo en France : une activité qui s’est popularisée

Le cliché du geek à lunettes enfermé dans sa chambre pour jouer aux jeux vidéo jour et nuit semble loin désormais ! En 2023, 79 % des Français déclarent avoir déjà joué aux jeux vidéo : 25 % d’entre eux y jouent au moins une fois par semaine, et 16 % chaque jour.

Sur la question du genre, la parité est presque atteinte : 62 % des Françaises sont des joueuses actives (ayant joué aux jeux vidéo dans les 3 derniers mois), contre 66 % des gamers masculins. Du côté de l’âge, le fossé se creuse davantage entre les générations : en moyenne, 86 % des 15-24 ans sont des joueurs actifs, contre  57 % des 35 ans et plus (voir l’image ci-dessus).

Autre constat de cette enquête : il existe un décalage entre les clichés sur les gamers et le degré d’études réel des joueurs. En effet, 66 % d’entre eux disposent d’un diplôme supérieur, contre 52 % qui affichent un niveau CEP, BEPC ou qui sont sans diplôme. Des chiffres à l’encontre des stéréotypes, donc !

La communauté gaming reste encore fragile

Si la pratique du jeu vidéo dans sa globalité atteint presque la parité, l’IFOP met toutefois en exergue que ce sont les hommes qui ont davantage une pratique assidue et investie du jeu vidéo, à 65 % pour les hommes contre 47 % pour les femmes.

En revanche, dans l’ensemble, s’identifier en tant que gamer, et affirmer faire partie de cette communauté semble parfois encore difficile. Si 29 % des hommes se considèrent comme gamers, seules 15 % des femmes se sentent gameuses. Autre fait parlant : 17 % des joueuses et joueurs ont déjà dissimulé leur passion à leur entourage, un chiffre qui monte à 46 % chez les femmes et 36 % chez les hommes lorsqu’il s’agit de jeux de combat.

Quand dira-t-on game over au sexisme ?

Ces derniers mois, de nombreuses streameuses telles que Maghla, Baghera Jones, Ultia, ou encore AvaMind ont pris la parole autour du sexisme ambiant dans le milieu du gaming. Et malheureusement, les résultats de l’étude ne les contredisent pas.

Remarques obscènes, propos machistes, menaces d’agression… Les insultes sexistes vont bon train. Selon l’étude, 67 % des joueurs masculins « plutôt gamers » interrogés adhèrent au moins à un stéréotype sexiste.

Aussi, plus d’une joueuse sur deux (53 %) a déjà été victime ou témoin d’une forme de sexisme en ligne, tel que :

• Des propos obscènes (39%),
• Des remarques, insultes et injures sexistes (39 %),
• Des critiques à caractère sexiste sur le niveau de jeu (38%).

Et ces comportements plus que déplacés obligent les joueuses à adopter des stratégies d’évitement. Au total, 40 % des joueuses ont déjà adopté au moins une de ces stratégies (un chiffre qui monte à 66 % pour les gameuses qui jouent aux jeux de combat). Parmi les subterfuges utilisés pour éviter les propos obscènes et autres agressions :

• 30 % des joueuses ont déjà refusé de participer à un chat vocal,
• 26 % des gameuses ont déjà quitté un groupe ou une partie en cours,
• 23 % des femmes ont déjà évité de jouer à un jeu en ligne,
• 16 % des joueuses ont déjà caché leur genre aux personnes avec qui elles jouaient ou discutaient.

Si, fort heureusement, la plupart des gamers n’adoptent pas les comportements décrits ci-dessus, l’étude démontre qu’il reste tout de même un (très) long chemin à parcourir pour dire adieu aux stéréotypes et comportements déplacés dans le monde du gaming !