Comment ChatGPT impacte les startups ?

L’arrivée de ChatGPT a bousculé les rangs des startups. Mais à quel point ? Décryptage de Benoît Hediard, cofondateur d’Agorapulse.

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"La facilité d'intégration du modèle d’OpenAI est bluffante." © Daniel CHETRONI - stock.adobe.com

Du 31 mai au 2 juin aura lieu l’événement incontournable du digital à Nantes : le Web2day. Benoît Hediard, CTO et cofondateur d’Agorapulse, interviendra sur la conférence : « OpenAI, la révolution de l’intelligence artificielle et son impact sur les startups ». À cette occasion, nous avons souhaité lui poser quelques questions sur ce sujet qui monopolise la toile depuis plusieurs mois.

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Benoit Hediard, CTO et cofondateur d'Agorapulse

Dans le domaine du web depuis sa version 1.0, Benoît est passionné par les startups « bootstrapped », le SaaS, le remote et les réseaux sociaux. Il est cofondateur, CTO et « Nerd-en-Chef » d’Agorapulse, solution de gestion des réseaux sociaux pour les marques et agences digitales.

Les startups avaient déjà recours à l’IA avant la sortie de ChatGPT. Qu’est-ce qui a changé avec l’accessibilité du modèle d’OpenAI ?

Il y a eu tout d’abord l’impact sur le grand public. Avec la sortie de ChatGPT fin novembre 2022, OpenAI a mis un grand coup de pied dans la fourmilière du monde de l’IA, générant un effet d’accélération et de hype considérable dans le domaine.

Des fonctionnalités d’IA sont en effet déjà proposées dans de nombreux services de startups (les recommandations de Spotify ou de TikTok par exemple), mais c’est la première fois que le grand public a directement accès aux capacités d’un grand modèle de langage (LLM pour Large Language Model), aux capacités bluffantes avec des cas d’usage quasi-infinis. Cela a généré une prise de conscience du grand public et de la presse sur les capacités des IA de type génératives, que ce soit pour de la génération de texte ou d’image avec une adoption immédiate du service (100 millions d’utilisateurs de ChatGPT en 2 mois !).

Pour les startups, sur les besoins utilisateurs, il y a maintenant une demande de fonctionnalités liée à l’IA qui était inexistante l’année dernière!

Les startups peuvent s’appuyer désormais sur l’API de ChatGPT. Pour quels usages ? Pouvez-vous donner des exemples de startups qui ont innové grâce à ce modèle d’IA ?

Oui, c’est le deuxième impact important d’OpenAI. Jusqu’à présent, ces capacités de grand modèle de langage n’étaient réservées qu’aux GAFAM et aux très grands groupes. Entraîner puis héberger ce type de modèle nécessitent des ressources gargantuesques. Fin 2020, OpenAI a rendu accessible leur grand modèle de langage GPT-2 par des APIs, avec une adoption assez marginale. C’est le lancement de ChatGPT fin 2022, qui les a mis sur le devant de la scène et a entraîné une utilisation croissante de leurs API.

La facilité d’intégration du modèle d’OpenAI est bluffante, il suffit de quelques jours ou semaines pour ajouter des fonctionnalités de manipulation de texte par de l’IA dans un produit.

Auparavant, il fallait une équipe d’expert en data science et en machine learning pour entraîner, héberger puis maintenir un modèle d’IA en production. Avec les API d’OpenAI, l’IA est devenue « developer friendly », réduisant considérablement le time-to-market pour les startups, même si l’utilisation de leurs APIs a forcément un coût. Concernant les usages, en février 2021, la startup Jasper.ai (ex-Jarvis.ai) fut un des premiers « Copywriter assistant » à se lancer, basé sur les API d’OpenAI. En octobre 2022, elle a levé 125 millions de dollars sur une valorisation de 1.5 milliard !

Depuis, de nombreuses startups ont intégré ou sont en train d’intégrer OpenAI GPT dans leur produit, les plus connus étant HubSpot ChatSpot, Salesforce EinsteinGPT, Intercom AI-Assist, Snapchat myAI ou encore Notion AI. La plupart sont encore en mode alpha ou beta et dans le domaine du marketing et CRM, pour de l’assistance à la création ou manipulation de texte. Il reste encore trop de soucis sur la fiabilité des réponses (les fameuses hallucinations) pour une utilisation complètement automatique de cette IA, sans validation humaine, ou l’utilisation dans des domaines plus sensibles, comme le médical ou le juridique.

Vous êtes cofondateur d’Agorapulse. Comment une solution de gestion de réseaux sociaux comme la vôtre est-elle impactée par l’essor de ChatGPT ? Comment s’adapte t-elle ?

Aujourd’hui, toutes les solutions de gestion de réseaux sociaux sont en train d’intégrer des fonctionnalités d’IA dans leur produit. Sprout Social et Hootsuite ont fait leurs premières annonces le mois dernier, mais rien n’est disponible pour le moment.

Côté Agorapulse, nous préparons le lancement de notre « Writing Assistant », avec comme première fonctionnalité, la possibilité d’appliquer des filtres pour améliorer le ton et le contenu des publications. Elle est en beta privé actuellement, avec un lancement public très prochainement !

Ce type d’assistance par de l’IA à la création de contenu va devenir une commodité et donc un « must-have » dans les mois à venir. Elle doit être complètement intégrée dans le produit, afin d’offrir une expérience optimale pour l’utilisateur.

On travaille aussi depuis plus d’1 an sur d’autres fonctionnalités basées sur de l’IA, qui permettront d’améliorer encore plus la gestion du « chaos des réseaux sociaux ».
D’ailleurs, ces futures fonctionnalités ne sont pas basées sur le modèle d’OpenAI, mais sur des modèles que nous adaptons en interne. Il reste encore pas mal de cas d’usage où il est plus opportun d’utiliser des modèles de langage spécialisés sur une tâche donnée (tel que la classification ou l’analyse de sentiment). Ils peuvent être plus performants et surtout moins coûteux que l’utilisation du modèle GPT d’OpenAI. Par contre, ils nécessitent un vrai savoir-faire en data science/machine learning avec une équipe dédiée.

Selon vous, l’IA générative est-elle amenée à se démocratiser dans le monde professionnel ? Pourrait-elle être une menace pour certains métiers évoluant en startup ?

Oui, la révolution, ou plutôt la transformation, est en marche ! Et il va être difficile de la stopper ou la ralentir. Il est fort à parier que les IA génératives vont avoir un impact sociétal important durant la décennie à venir. Certains sont inquiets des conséquences de cet impact, à cause de la vitesse de l’innovation, le manque de cadre juridique et l’hégémonie des quelques sociétés américaines aux commandes. La clé sur ce sujet est d’arriver à mettre en place des systèmes de contrôle ou de régulation, à la fois clair et complet sans être trop contraignant.

Il est très difficile de prédire le réel impact, mais je reste un éternel optimiste.
Comme le dit Yann le Cun (Chief AI Scientist chez Meta/Facebook): « L’IA amplifie l’intelligence humaine comme la machine amplifie la force ». L’IA doit rester un outil au service de la créativité et de la productivité de l’homme.

Il y aura certainement quelques métiers remplacés par l’IA, mais pas à l’échelle que certains catastrophistes le prédisent. La plupart du temps, on obtient de meilleurs résultats en faisant collaborer l’IA et l’humain que l’IA seule ou l’humain seul.

Vous êtes speaker au Web2day pour une conférence sur OpenAI. Quels sujets aborderez-vous ?

L’idée est de présenter cette révolution de l’IA engendrée par OpenAI, de vulgariser et d’expliquer pourquoi le sujet de l’IA est tellement « hype » depuis ces 6 derniers mois. Depuis la révolution du cloud avec AWS en 2006, puis du mobile avec l’iPhone en 2007, il n’y pas eu de véritables nouvelles vagues technologiques transformatrices. Les vagues de l’AR/VR, du metaverse ou encore du Web3 n’ont pas eu l’impact escompté. Aucune de ces technologies n’a eu l’accueil, l’adoption et la popularité de ChatGPT.

J’espère donc vous retrouver au Web2day, c’est un évènement unique en France, qui permet de sortir de sa zone de confiance, en explorant tout type de domaine sur la tech et l’innovation, dans une ambiance cool et relax.

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