Reconnaissance faciale : une start-up récolte et exploite 3 milliards de photos d’individus

Des photos publiées sur Facebook, YouTube et de nombreux sites ont été récoltées pour alimenter la base de données de Clearview AI. La start up américaine a mis sa technologie à la disposition des autorités et de certaines entreprises, avec les risques de dérapages que cela pourrait comporter.

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Une start up américaine utilise la reconnaissance faciale en s'appuyant sur une base de données acquise de manière illégale. Crédits photo : Pete Linforth / Pixabay.

Alors que les questions sur les libertés individuelles ne cesse de se poser, le New York Times a publié un reportage sur les activités de Clearview AI. Il s’agit d’une start up américaine, qui aurait collecté de manière illégale 3 milliards de photos d’individus pour alimenter son application de reconnaissance faciale. À titre de comparaison, le FBI, qui est l’agence disposant de la plus grande collection d’images dédiées à la reconnaissance faciale, en compte seulement 411 millions.

L’outil peut reconnaître le visage en partie masqué d’une personne

Clearview AI travaillerait en collaboration avec près de 600 agences gouvernementales américaines, les services des forces de l’ordre ou encore le Département de la Sécurité Intérieure. L’entreprise aurait donné l’accès à son application à quelques entreprises à des fins de sécurité, mais cette liste n’a pas été communiquée. L’objectif : aider les autorités à résoudre des enquêtes criminelles, des problèmes de vol d’identité ou encore de fraude à la carte bancaire.

Grâce à sa puissante base de données et l’efficacité de son outil, qui s’appuie sur l’intelligence artificielle, Clearview AI est capable de faire correspondre des photos de personnes inconnues avec leurs images en ligne. L’outil pourrait reconnaître le visage d’une personne, même si celui-ci est en partie masqué.

Aucune réglementation pour encadrer les activités de Clearview AI

Si la reconnaissance faciale peut rendre de nombreux services, notamment dans le cadre d’enquêtes officielles, son utilisation pose question, avec de possibles dérapages à la clé. La technologie utilisée par Clearview AI n’est soumise à aucune réglementation et elle n’a fait l’objet d’aucun examen par des experts indépendants. Ce qui pourrait entraîner l’arrestation de personnes innocentes dans le cadre d’une enquête, et, de manière générale, une intrusion abusive dans la vie de milliards d’individus.

Autre point soulevé par l’enquête du journal américain : les serveurs sur lesquels ont été téléchargés les photos et les données personnelles récoltées par Clearview AI n’ont pas été testés. La base de données inédite dont dispose la start up américaine pourrait tomber entre les mains de hackeurs aux intentions malveillantes.

L’origine controversée des photos récoltées par Clearview AI…

Ces photos et données personnelles ont été récoltées sur Facebook, YouTube, Venmo (un service de paiement mobile détenu par Paypal), et des millions d’autres sites sur la toile. Clearview AI aurait également conçu un prototype de lunettes de réalité augmentée. Ses utilisateurs pourraient ainsi identifier chaque personne croisée dans la rue, avec un accès à l’ensemble de leurs données personnelles, comme le lieu de vie, leurs activités ou encore leurs relations. Il semble pour l’heure que la société n’ait pas l’intention de le commercialiser.

Selon l’entreprise, les images récupérées de la toile proviendraient de comptes de médias sociaux publics, ou dont le profil l’a été à un moment donné avant que les paramètres ne soient modifiés par la suite.

… et ses liens avec Facebook

D’après l’enquête menée par le New York Times, Clearview AI aurait été fondée par Richard Schwartz, un assistant de l’ancien maire Rudolph W. Giuliani. La start up serait soutenue financièrement par Peter Thiel, cofondateur de Paypal et investisseur renommé de la Silicon Valley. Il fait notamment partie du conseil d’administration de Facebook, dont il en est l’un des investisseurs historiques.

Le réseau social, déjà dans la tourmente pour ses scandales à répétition sur la protection des données de ses utilisateurs, serait au courant des activités de Clearview AI, selon le journal américain.

La Commission Européenne pourrait interdire la reconnaissance faciale pendant 3 à 5 ans

Dans un livre blanc, dont le contenu aurait fuité sur la toile, la Commission Européenne envisagerait d’interdire temporairement la reconnaissance faciale. Les législateurs européens se donneraient une période de trois à cinq ans, durant laquelle la technologie ne pourrait être utilisée dans les lieux publics. Ce laps de temps supplémentaire leur permettrait d’étudier et de concevoir des moyens plus efficaces pour évaluer et gérer les risques liés à la reconnaissance faciale et ses possibles débordements sur la vie privée des individus. Un organe de gouvernance pour la surveillance du respect de ces règles pourrait également être créé.

Source : The New York Times

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