Claude, Siri, Grok… Mais d’où viennent les noms des IA ?
Japonais, hindi, norvégien, mathématicien ou peintre… Les noms donnés aux IA ont souvent une origine bien précise et une histoire particulière, bien que souvent méconnues.
Claude, Sora, Midjourney, DALL·E… Ces noms d’intelligence artificielle sont devenus familiers en quelques mois seulement. Mais savez-vous d’où ils proviennent ? Entre références littéraires, hommages scientifiques et jeux de mots créatifs, voici l’histoire des noms qui façonnent l’ère de l’IA générative.
Claude : hommage au père de l’ère numérique
Claude Shannon (1916-2001), mathématicien et ingénieur américain, est considéré comme le père de la théorie de l’information. C’est en son honneur qu’Anthropic a baptisé son assistant IA, explique le New York Times. Ce choix, confirmé publiquement par l’entreprise, n’est pas anodin : Claude Shannon a posé les fondations mathématiques de la transmission d’information, un pilier essentiel du fonctionnement des intelligences artificielles d’aujourd’hui. Un clin d’œil aux origines théoriques de l’IA moderne.
Sora : le ciel comme limite
Lorsqu’OpenAI a dévoilé son modèle de génération vidéo en 2024, le nom choisi a immédiatement intrigué. Sora signifie « ciel » en japonais (空). Toujours selon le New York Times, l’équipe a choisi ce nom pour symboliser « le potentiel créatif illimité » de l’outil. Une métaphore poétique qui évoque l’absence de limites, à l’image d’un ciel sans horizon. Le choix d’un mot japonais s’inscrit dans une tendance croissante des entreprises tech à puiser dans différentes cultures linguistiques.
Midjourney : au milieu du voyage taoïste
L’origine du nom Midjourney est l’une des plus philosophiques. David Holz, fondateur de l’entreprise, a expliqué lors d’une interview que le nom provient de sa « traduction préférée d’un ancien texte taoïste », le Zhuangzi. « J’aime le mot ‘midjourney’ parce qu’il est facile d’oublier le passé, et c’est facile de se sentir perdu et incertain face au futur. Mais plus que tout, je sens que nous sommes réellement au milieu du voyage », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous venons d’un passé riche et magnifique, et devant nous se trouve un futur sauvage et inimaginable. » Cette référence à la philosophie taoïste reflète une vision où l’humanité se situe entre son histoire et son avenir technologique, littéralement « au milieu du voyage ».
DALL·E : quand Salvador Dalí rencontre Wall-E
Le nom DALL·E, porté par les anciens modèles d’images d’OpenAI, semble être un jeu de mots astucieux qui fusionne deux univers. D’un côté, Salvador Dalí, le maître surréaliste espagnol connu pour ses œuvres oniriques et décalées. De l’autre, WALL-E, le robot attachant du film d’animation Pixar. Selon plusieurs sources, dont Martech Zone, cette contraction symbolise la rencontre entre l’art surréaliste et la technologie créative. Le point médian dans « DALL·E » fait écho à celui de « WALL·E », renforçant visuellement cette filiation avec le personnage de Pixar.
Grok : comprendre comme un Martien
Elon Musk est un fan notoire de science-fiction et cela se reflète dans le nom de son IA. Grok est un verbe inventé par l’écrivain Robert A. Heinlein dans son roman culte Stranger in a Strange Land (1961). Dans le livre, un humain élevé sur Mars utilise ce mot pour décrire une compréhension profonde et intuitive, bien au-delà de la simple compréhension intellectuelle.
Elon Musk a d’ailleurs reçu le Heinlein Prize en 2011 et l’a qualifié de « l’un des meilleurs prix que [qu’il a] jamais reçus ». Selon Al Jazeera, Heinlein a initialement conçu « grok » pour signifier « boire » en martien, mais de manière plus profonde : absorber quelque chose si complètement que cela devient une partie de vous. Le mot a depuis été intégré aux dictionnaires anglais comme verbe signifiant « comprendre de manière profonde et intuitive ».
Je suis également inspiré par le Guide du voyageur galactique (Douglas Adams, ndlr) pour son style spirituel et explorateur, et par JARVIS dans Iron Man pour son assistance utile et intelligente – tout en donnant la priorité à la vérité et à l’utilité, explique Grok, modestement.
Poe : la plateforme d’exploration ouverte
Derrière ce nom court se cache un acronyme : « Platform for Open Exploration. » Selon plusieurs sources, dont MakeUseOf, c’est la signification officielle de Poe, le chatbot de Quora. Toutefois, certains utilisateurs spéculent sur une référence possible à Edgar Allan Poe, dont le poème le plus célèbre, The Raven (Le Corbeau), met en scène un oiseau qui répète constamment ce qu’il a entendu. Une métaphore qui s’applique aux chatbots ?
DeepSeek : la quête profonde en chinois
Le nom de la startup chinoise qui a fait sensation début 2025 est plus littéral qu’il n’y paraît. En chinois, DeepSeek s’écrit 深度求索, ce qui se traduit littéralement par « recherche en profondeur » ou « quête profonde ». Un nom qui reflète l’ambition de l’entreprise fondée à Hangzhou en 2023 par Liang Wenfeng : creuser profondément dans les possibilités de l’intelligence artificielle, même avec des ressources limitées.
Perplexity : moins de confusion, plus de clarté
Le nom de ce moteur de recherche IA est un clin d’œil technique. La perplexité est une mesure mathématique utilisée en traitement du langage naturel et en machine learning pour évaluer la qualité d’un modèle probabiliste. Un score de perplexité bas indique qu’un modèle prédit bien les données ; il est « moins perplexe » ou « moins confus ».
Selon la page Wikipédia française de Perplexity AI, « ce nom reflète l’objectif de Perplexity AI de réduire l’incertitude et la perplexité des utilisateurs en leur fournissant des réponses précises et sourcées ». Un choix qui transforme un concept technique en promesse marketing : diminuer la confusion face à l’information.
Quand Llama fâché, lui toujours faire ainsi
Meta a choisi un acronyme malin pour son modèle : « Large Language Model Meta AI » (LLaMA). Mais le choix de cet acronyme n’est pas innocent. Il correspond parfaitement au mot anglais « llama » (le lama, ce camélidé sud-américain), rendant le nom bien plus mémorable qu’une simple suite de mots techniques.
Selon la page Wikipédia française, « cette ressemblance est probablement souhaitée pour une meilleure mémorabilité ». La preuve ? Ce choix a inspiré d’autres projets open source comme Alpaca, un chatbot basé sur LLaMA, l’alpaga étant lui aussi un camélidé d’Amérique du Sud.
Firefly : l’inspiration lumineuse d’Adobe
Adobe n’a pas communiqué officiellement sur l’origine du nom Firefly (luciole, en anglais). Toutefois, le choix évoque naturellement la lumière, l’illumination créative et la magie. Les lucioles, avec leur capacité à produire leur propre lumière, symbolisent l’inspiration et le potentiel créatif, des valeurs qu’Adobe souhaite manifestement associer à son outil de génération d’images et de contenus visuels lancé en 2023.
Suno : écouter en hindi
Le nom Suno signifie « écouter » en hindi (सुनो). Un choix parfaitement adapté pour un générateur de musique basé sur l’IA. Fondée en 2023 à Cambridge (Massachusetts) par quatre anciens employés de la startup Kensho, Suno a rapidement gagné en popularité grâce à sa capacité à générer des chansons complètes avec paroles et instrumentation, sans éviter quelques polémiques.
Siri : la belle norvégienne qui mène à la victoire
Le nom Siri, que porte l’assistant d’Apple, puise ses racines dans la culture scandinave. Dag Kittlaus, co-fondateur de la startup Siri Inc. (créée en 2007 avant son rachat par Apple en 2010 pour 200 millions de dollars), est un Américain d’origine norvégienne. Il a choisi ce prénom en hommage à une ancienne collègue norvégienne, mais aussi parce qu’il avait initialement prévu de nommer sa fille Siri… qui s’est avérée être un garçon.
En norvégien, Siri est un diminutif de Sigrid, dérivé du vieux norrois qui signifie « belle femme qui mène à la victoire » (de sigr = « victoire » et fríðr = « belle »). Selon The Week, Adam Cheyer, co-créateur de Siri, appréciait également ce nom pour une autre raison : en swahili, « siri » signifie « secret », un clin d’œil à leur phase de développement en mode furtif sous le nom « stealth-company.com ».
Anecdote savoureuse : Steve Jobs n’aimait pas du tout le nom Siri lors du rachat. Dag Kittlaus a dû batailler pour le conserver. Apple a finalement gardé le nom… faute de trouver mieux. Steve Jobs avait eu les mêmes hésitations avec « iMac » et « iPod » avant de s’y résoudre.
ChatGPT, Le Chat, Gemini, Copilot et Alexa : les classiques
Certains noms sont plus directs. ChatGPT combine simplement « Chat » (pour chatbot) et « GPT » (Generative Pre-trained Transformer), l’architecture du modèle développée par OpenAI. Gemini (anciennement Bard chez Google) fait référence au signe astrologique des Gémeaux, symbolisant la dualité et la polyvalence, et cohérent avec les capacités multimodales du modèle qui traite texte, image, audio et vidéo.
Copilot de Microsoft utilise une métaphore aéronautique évidente : l’IA assiste l’utilisateur sans prendre les commandes, comme un copilote aide le pilote. Alexa d’Amazon s’inspire de la bibliothèque d’Alexandrie, symbole universel de la connaissance. Bonus technique : le son « X » dans « Alexa » facilite la reconnaissance vocale par les systèmes de traitement du langage. Enfin, le Français Mistral a appelé son chatbot Le Chat. C’est rigolo non ?
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