ChatGPT, short dramas, trafic IA : ce qui attend le secteur du digital en 2026

Sensor Tower, plateforme d’analyse du marché digital, dévoile ses prévisions pour 2026. L’entreprise spécialisée dans l’observation des applications mobiles, de la publicité digitale et des audiences anticipe six transformations majeures de l’écosystème numérique. Au menu, notamment : l’explosion économique de l’IA générative, la montée en puissance des formats vidéo courts, le bouleversement des sources de trafic web et une redistribution des investissements publicitaires.

L’IA générative franchira le cap des 10 milliards de dollars de revenus

Les applications d’intelligence artificielle générative s’apprêtent à franchir un seuil symbolique avec plus de 10 milliards de dollars de revenus en 2026. Cette prévision de Sensor Tower s’appuie sur une trajectoire de croissance spectaculaire. Les revenus des achats in-app devraient plus que doubler sur l’année, tandis que le temps passé sur ces applications connaîtrait une progression similaire.

L’IA générative a été le sujet le plus commenté dans le paysage numérique en 2025, dépassant le mobile, le web et la publicité.

ChatGPT et Google Gemini incarnent cette dynamique. Ces plateformes devraient approcher les 4 milliards de téléchargements, générer 4,8 milliards de dollars de revenus et cumuler 43 milliards d’heures d’utilisation en 2025. Pour 2026, Sensor Tower projette 7,2 milliards de téléchargements (+82 % en un an).

L’IA générative grimpe rapidement dans la hiérarchie des catégories d’applications. En termes de téléchargements, elle devrait passer de la 10e place en 2025 à la 4e en 2026, devançant des secteurs établis comme le multimédia ou le shopping. Pour les revenus via achats in-app, la catégorie bondirait à la 3e position, surpassant les applications de rencontre. Quant au temps d’utilisation, elle atteindrait la 5e place, dépassant des domaines comme les services financiers ou le shopping.

Sensor Tower formule également une prédiction audacieuse : ChatGPT pourrait devenir l’application générant le plus de revenus au monde d’ici fin 2026. Au troisième trimestre 2025, l’application d’OpenAI occupait déjà la deuxième place mondiale derrière TikTok (voir image de une). Si la trajectoire actuelle se maintient, elle pourrait effectivement dépasser le géant chinois, bien que la dynamique rapide du secteur rende cette prévision incertaine.

Le principal moteur de l’essor de l’IA générative est ChatGPT, qui continue d’enregistrer une croissance inédite de ses revenus issus des achats intégrés.

Les mini-dramas verticaux rivaliseront avec le streaming classique

Le format vidéo vertical continue son expansion, porté notamment par les « short dramas » qui défient désormais les plateformes de streaming traditionnelles. Ces micro-séries, popularisées par TikTok, connaissent une croissance particulièrement forte en Inde, en Indonésie et au Brésil.

En dehors de l’IA générative, la catégorie Short Drama s’est imposée comme l’une des plus marquantes de ces dernières années. Ce format vidéo vertical, popularisé par TikTok, s’est imposé comme une option de streaming prisée grâce à de courts micro-dramas captivants.

Les projections de Sensor Tower pour 2026 anticipent un basculement significatif. En nombre de téléchargements, les applications de short dramas dépasseront le streaming OTT classique (aussi appelé streaming TV) à l’échelle mondiale. L’écart se resserrera également sur les revenus des achats in-app, même si les services OTT conservent l’avantage de nombreux abonnements hors app stores (non comptabilisés dans ces données). Pour le temps passé, le streaming traditionnel maintiendra une large avance, mais l’écart continuera, là aussi, de se réduire.

Cette tendance s’observe aussi au sein des applications sociales. Instagram et Facebook ont intensifié leur mise en avant des Reels, qui représentent désormais 45 % du temps passé sur Instagram et 29 % sur Facebook, note Sensor Tower. Globalement, les vidéos courtes accaparent 32 % du temps d’utilisation des sept principales applications sociales analysées, soit une hausse de trois points en un an.

Le phénomène s’étend au-delà des réseaux sociaux traditionnels. Sensor Tower cite des médias comme ESPN ou le New York Times, qui intègrent progressivement des sections vidéo verticales, signalant un changement de format plus large dans le paysage digital.

L’IA générative concurrencera sérieusement la publicité payante comme source de trafic web

Les services d’IA générative s’imposent progressivement comme une source de trafic web significative, au point de rivaliser avec la publicité payante. Parmi les 1 000 sites les plus visités aux États-Unis, le site médian reçoit actuellement environ 0,1% de son trafic via l’IA générative, contre 0,3% via des sources payantes.

La distribution de ce trafic révèle néanmoins une dynamique intéressante. Les investissements publicitaires se concentrent fortement sur les gros annonceurs (notamment les retailers), créant une répartition très inégale. L’IA générative génère en revanche un trafic plus diffus, touchant un spectre plus large de sites. Résultat : en octobre 2025, plus de 37 % des principaux sites américains recevaient davantage de visites depuis l’IA générative que depuis la publicité payante.

Sensor Tower prédit qu’en fin d’année 2026, plus de la moitié des sites de référence tireront davantage de trafic de l’IA générative que des sources publicitaires payantes. Le volume global de trafic provenant de l’IA générative a d’ailleurs progressé de plus de 130 % en un an entre octobre 2024 et octobre 2025.

Compte tenu de la croissance exponentielle observée sur d’autres indicateurs, comme le temps passé sur mobile, nous anticipons, en 2026, une accélération de cette trajectoire déjà remarquable.

Les sites recevant le plus de trafic IA aux États-Unis au troisième trimestre 2025 incluaient youtube.com, google.com, x.com, nih.gov et amazon.com. Cette diversité illustre la capacité de l’IA générative à orienter les utilisateurs vers des contenus variés, au-delà des seuls sites e-commerce qui dominent traditionnellement les sources de trafic payant.

Les annonceurs délaissent la vidéo au profit des visuels statiques

L’année 2025 marque un revirement dans les stratégies publicitaires digitales. Après plusieurs années de forte croissance des vidéos, les annonceurs américains réorientent leurs budgets vers les formats image. Les dépenses publicitaires pour les visuels statiques ont bondi de 35 % en un an, contre seulement 15 % pour les vidéos, quel que soit le support (social, mobile, desktop…).

Cette migration budgétaire s’explique largement par les performances observées sur les réseaux sociaux, où les dépenses en images ont progressé de 56 %. Les Reels d’Instagram et Facebook jouent un rôle central dans ce phénomène. Les annonceurs testent différents formats créatifs sur ces interfaces et privilégient de plus en plus les images statiques. Les investissements publicitaires sur les Reels Instagram via des images créatives ont grimpé de 142 % en un an sur les trois premiers trimestres 2025, avec une évolution similaire sur Facebook Reels.

À l’inverse, la croissance des dépenses vidéo ralentit, notamment sur des plateformes établies comme TikTok et YouTube Shorts. Ces géants conservent leur statut de destinations privilégiées pour les annonceurs, mais leur taille même limite mécaniquement les taux de progression.

Une autre raison de la croissance plus lente de la vidéo tient à la saturation d’autres formats courts, comme TikTok et YouTube Shorts. Ces plateformes sociales restent des valeurs sûres pour les annonceurs, même si leur progression est plus modérée en raison de leur envergure déjà considérable.

Le mobile constitue toutefois une exception : les dépenses publicitaires vidéo y progressent plus rapidement que celles des images, les formats vidéo et « jouables » (playable ads) restant particulièrement prisés des annonceurs de jeux vidéo. Sensor Tower anticipe la poursuite de cette tendance en 2026, avec une croissance des investissements dans l’image qui devrait à nouveau dépasser celle des vidéos, alimentée par le succès continu des Reels.