Calcul haute performance : fonctionnement, perspectives et opportunités d’emploi chez Eviden

Nous avons rencontré Éric Eppe, qui dirige une équipe spécialisée dans la création de produits pour le calcul haute performance, l’intelligence artificielle et le quantique chez Eviden. Il nous présente les activités de l’entreprise dans ce domaine à la pointe de la technologie, les perspectives autour du HPC (High Performance Computing) et ses besoins en recrutement.

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Les équipes HPC d'Eviden construisent des superordinateurs à très haute capacité de performances. © DC Studio - stock.adobe.com

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Éric Eppe, vice-président Portfolio & Stratégie (HPC, IA, quantique) chez Eviden

Après avoir occupé plusieurs postes dans l’industrie informatique, chez des constructeurs américains tels qu’Intergraph, Silicon Graphics ou Cray computers, Éric Eppe a rejoint Eviden (Groupe Atos) en 2015. Il est à la tête d’une équipe d’une trentaine d’ingénieurs, qui conçoit et industrialise des systèmes de simulation scientifique parmi les plus performants au monde. En 2021, il a créé la Business Unit Quantum Computing.

Vous dirigez une équipe spécialisée dans le calcul haute performance. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

Le calcul haute performance, ou HPC, permet à des scientifiques de faire de la recherche, très souvent appliquée. Concrètement, ce sont des milliers de serveurs rassemblés au sein d’un supercalculateur, qui génère une puissance de calcul phénoménale. Il permet de réaliser des simulations numériques sur des phénomènes physiques en essayant d’obtenir la plus grande précision possible, afin de résoudre des problèmes complexes. Même si c’est quelque chose que l’on ne voit pas, il touche tout le monde et tous les domaines de notre vie quotidienne.

Quels sont les liens entre le HPC, l’intelligence artificielle et le quantique ? En quoi sont-ils inséparables ?

Le HPC, l’IA et le quantique constituent un continuum. Ces domaines sont complètement liés. Si le HPC représente une part importante du marché et de notre activité, l’intelligence artificielle est complémentaire et tend à remplacer certaines parties de la simulation habituellement traitée par le HPC. Grâce au hybrid computing, nous parvenons à faire fonctionner l’IA et le HPC conjointement.

Le quantique, quant à lui, est considéré comme l’avenir. Cette méthode de calcul remplacera un jour l’IA et les simulations réalisées grâce au HPC par d’autres types d’algorithmes. Nous ne savons pas quand elle va arriver sur le marché, mais il est certain qu’elle sera révolutionnaire et provoquera un bouleversement dans la vie de tout le monde.

Des calculs, qui mettraient aujourd’hui 500 ans à être faits par exemple, le seront en 3 minutes. Il faut préparer la communauté scientifique à l’arrivée du quantique. Nous travaillons dessus depuis 2017 en posant les bases en vue d’apporter des solutions de la meilleure façon possible.

Quels sont les champs d’application du HPC ? Avez-vous des exemples précis ?

Le HPC est présent partout et peut nous aider à résoudre tous les problèmes de physique qui existent sur Terre, et ce dans de nombreux domaines d’application. Le plus concret est la météo : elle est calculée à partir d’un algorithme basé sur des données récupérées via des millions de capteurs en France et dans le monde. Ces calculs, qui sont réalisés sur des supercalculateurs très puissants, permettent de prédire les phénomènes météorologiques. Cela passe par la modélisation d’un phénomène de la mécanique des fluides.

Nous avons la chance d’être l’un des premiers fournisseurs de machines dans le monde pour calculer la météo. Météo France utilise d’ailleurs l’un de nos supercalculateurs.

Voici d’autres exemples de domaines d’application du HPC :

  • pendant le Covid : pour raccourcir le temps de cycle afin de générer des vaccins de 10 ans à 1 an,
  • les crashs numériques dans l’automobile : pour tester la sécurité des voitures avec des simulations réalisées via des supercalculateurs,
  • l’optimisation de l’aérodynamique des avions : pour pouvoir aller plus loin, plus vite et en consommant le moins possible…

On peut aussi ajouter que nos supercalculateurs sont également utilisés pour faire de la recherche fondamentale, afin d’aider les scientifiques sur des sujets pointus, en créant des logiciels qui reproduisent des phénomènes physiques.

Eviden est un acteur majeur et reconnu dans le calcul haute performance à l’échelle mondiale. Quelle est l’origine de cette activité ?

Il y a une quinzaine d’années, à la demande du CEA, nous avons transformé l’une de nos machines en supercalculateur pour pouvoir faire du HPC, à partir des caractéristiques fournies par notre client. D’une architecture de machine très spécifique, nous sommes arrivés à une structure technique dotée de composants plus simples et connectés entre eux. C’était une évolution logique de notre activité historique.

Nous sommes aujourd’hui le seul constructeur de ce genre de produit en Europe, et nous les construisons de bout en bout. Eviden a d’ailleurs été désigné pour construire le tout premier supercalculateur exaflopique d’Europe, baptisé Jupiter et qui est basé en Allemagne. Il sera opérationnel en 2024.

Pour donner quelques chiffres, un supercalculateur possède 125 racks, 23 000 processeurs graphiques et 50 millions de composants. Cette machine est capable d’effectuer un milliard de milliards d’instructions par seconde, soit plus de 2 000 To par seconde, ou l’équivalent de 11 800 copies complètes de Wikipédia à chaque seconde. À titre de comparaison, Jupiter sera doté d’une capacité de calcul trois fois supérieure à celle du supercalculateur européen le plus puissant actuellement. Sa puissance sera équivalente à celle de 10 millions d’ordinateurs portables.

Notre ligne métiers, Eviden BDS (Big Data & Security), est une entité qui est en forte croissance. Le marché est porteur : c’est une activité qui a de l’avenir, et nous avons des clients qui nous suivent avec des besoins à satisfaire. Nous sommes actuellement le n°3 mondial et le n°1 en Europe dans le domaine du HPC.

Que fait concrètement Eviden, et comment s’organisent les équipes qui travaillent dans ce domaine ?

Je dirige l’équipe Portfolio & Stratégie. Elle est composée d’une trentaine de collaborateurs, qui sont tous des experts de très haut niveau. Notre objectif : comprendre les besoins et les tendances du marché et ce que vont proposer les fournisseurs dans les 3 à 5 ans, pour répondre aux attentes de nos clients, tout en continuant à générer de la valeur pour l’entreprise et se différencier de la concurrence. Je donne la direction et mes product managers réalisent les spécifications des produits, définissent les technologies à utiliser, le marché à cibler, le prix…

Les produits sont conçus via un processus itératif et en étroite collaboration avec l’équipe de R&D, qui représente entre 500 et 600 personnes, principalement basées en France, mais aussi en Espagne, aux États-Unis et en Inde. Elles travaillent sur la partie hardware (racks, tôlerie, électricité, thermique, cartes électroniques et ASIC) et software.

Nous sommes responsables des différentes étapes du cycle de vie du produit jusqu’à sa livraison finale au client et sa fin de vie. C’est un ensemble de compromis à trouver pour satisfaire les besoins de nos clients, gérer le budget alloué, tout en restant le plus compétitif sur le marché.

Nos supercalculateurs sont produits à Angers, où notre usine est en train d’être agrandie pour devenir un véritable centre d’innovation européen à la pointe de la technologie. Pour chaque nouvelle machine, il faut compter entre 2 et 3 ans pour la construire. Une fois créée, les équipes commerciales et delivery prennent le relai auprès de nos clients.

Quels types de profils recherchez-vous pour accompagner l’équipe HPC d’Eviden sur cette activité de pointe ? Quels sont vos besoins en recrutement ?

Nous recherchons en particulier des product managers (PM) dans l’IT qui ont déjà travaillé sur ce type de machine, ce qui est très difficile à trouver, car nous sommes l’une des rares sociétés en Europe à évoluer dans ce domaine, et à proposer à des collaborateurs de travailler sur des projets de HPC. Généralement, nos PM sont issus d’autres secteurs et nous les formons à nos produits. Soit la personne aura suivi un cursus dans une école de commerce avec une appétence pour la partie technique, soit il s’agit d’un ingénieur qui sera intéressé par les aspects liés au produit. J’ai d’ailleurs ces deux types de profil dans mon équipe.

Côté R&D, sur la partie hardware, nous recrutons sur toutes les disciplines liées à notre métier. Nous embauchons des stagiaires, des jeunes diplômés comme des profils un peu plus confirmés… Sur la partie software, nous recherchons des développeurs qui connaissent le HPC, l’intelligence artificielle, ou encore des chercheurs en informatique quantique.

Rejoignez les équipes HPC d'Eviden

Quels sont les avantages de rejoindre les équipes HPC d’Eviden ?

Notre entité est l’un des rares employeurs en France et en Europe qui offre l’opportunité de travailler dans ce domaine, avec des experts de très haut niveau. Côté R&D, nous travaillons sur des ASIC, les cartes électroniques les plus puissantes du marché et qui sont basées sur les dernières technologies. C’est le bon endroit pour les ingénieurs qui ont envie d’explorer de nouveaux domaines, de contribuer au futur de la tech et de développer leurs capacités !

Un autre avantage : le fait de se sentir utile et donner du sens à son job ! Le plus intéressant, et ce qui nous rend fier, c’est de voir ce que font nos clients de nos supercalculateurs sur des sujets qui nous touchent tous les jours : la sécurité des personnes, l’impact de la météo sur la planète…

Par exemple, l’un de nos clients en Italie utilise nos machines pour modéliser les phénomènes physiques de la Terre entière, afin de trouver des parades au réchauffement climatique à l’échelle mondiale.

Quelles opportunités offrez-vous aux futurs talents qui souhaiteraient vous rejoindre ?

Il existe de nombreuses opportunités de carrière et d’expérience au sein d’Eviden, avec notamment des passerelles pour changer de spécialité au sein des équipes HPC, et même dans les autres départements. Le Groupe étant international, nous évoluons tous dans cet environnement, avec la présence de correspondants dans tous les pays, et des interactions entre nos équipes R&D et des sociétés situées en dehors de la France (États-Unis, Asie).

Toutes nos équipes sont autonomes. Elles savent quelle direction suivre, les missions à réaliser, et sont capables de prendre leur propre décision. Quand on travaille en HPC, on doit être inventif, ouvert d’esprit, réfléchir à 360°, tout en étant « out of the box ».

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