Blockchain : quelles applications dans le domaine de l’agriculture ?

Dans le cadre de notre dossier consacré à la blockchain, nous vous proposons un tour d’horizon de ses applications et des possibilités offertes dans de nombreux secteurs d’activité. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir Yael Rozencwajg, entrepreneuse depuis une quinzaine d’années dans le web, et qui a monté différentes agences et start-ups. Basée à Tel Aviv depuis 4 ans, elle s’occupe notamment de mentorer des start-ups chez Google, et développe de nouveaux projets basés sur la blockchain mais aussi l’intelligence artificielle ou la robotisation. Elle porte une attention particulière à la notion de communauté, et à la manière dont les nouvelles technologies peuvent aider le monde et les organisations à but non lucratif.

Yael va intervenir à la prochaine Digital Tech Conférence. Dans le cadre de notre partenariat avec cet évènement qui se déroulera les 7 et 8 décembre prochains à Rennes, nous vous proposons un avant-propos sur le sujet de son intervention : l’impact de la blockchain sur l’agriculture. Merci à Yael pour ses réponses.

Pourrais-tu commencer par nous donner ta définition de la blockchain ?

La technologie de la blockchain aujourd’hui permet d’opérer des transactions virtuelles, de certifier les échanges de valeurs de manière sécurisée, ainsi que passer via la signature électronique de documents sensibles comme les contrats d’assurance, les dossiers médicaux ou encore les données citoyennes. Cela permet notamment de donner une identité digitale unique à chaque utilisateur. Ce concept peut être appliqué à des millions voire des milliards de transactions opérées chaque jour. Il y a de grandes contraintes et de grands enjeux qui concernent les établissements financiers, gouvernementaux et les institutions publiques … La technologie blockchain peut résoudre bon nombre de contraintes majeures sur les chaînes de valeur : le nombre de documents à remplir, la validité juridique des documents sensibles ou encore la véracité des écrits. En d’autres termes: c’est plus rapide, plus moderne, plus sécurisé.

Ta conférence va être dédiée à l’agriculture. En quoi la blockchain va-t-elle révolutionner ce secteur ?

La notion de sécurité des données est essentielle dans de nombreux secteurs, y compris ceux de la santé ou de l’agriculture. L’inefficacité ou la fraude peuvent entraîner de gros problèmes sur la chaîne alimentaire. Il peut y avoir des soucis de transparence dans les chaînes de valeur agricoles. Il y a aussi une problématique de régulation, car on ne connaît pas toujours la provenance des productions, notamment dans le cadre d’éventuelles contaminations. La blockchain permet d’identifier de manière certaine et rapide ce genre d’imprévus. Elle peut donc avoir un rôle important dans la prévention sur un certain nombre de produits, comme le lait ou les œufs. N’oublions pas qu’il y a actuellement 500 millions d’agriculteurs qui couvrent 80% de la production mondiale. Cela représente 40% des revenus mondiaux. En parallèle, la croissance de la population mondiale (on va atteindre les 10 milliards d’habitants sur Terre en 2050) va créer de nombreuses contraintes sur les sources alimentaires, sur les alternatives (agriculture durable, …) mais aussi sur les dangers potentiels.

Parmi les applications possibles de la blockchain à l’agriculture, il y a donc la sécurité alimentaire, la traçabilité, mais aussi les solutions d’agro-biotechnologies pour le suivi de production notamment, qui peuvent améliorer de 90% leur rendement notamment pour les espèces végétales. La blockchain peut résoudre de nombreuses problématiques sur la gestion, l’organisation et la distribution. Récolte d’informations et envoi vers les producteurs ou vers les consommateurs, transactions, connexion entre les différents domaines agricoles, …

Y-a-t-il des (services) projets déjà existants sur ces sujets ?

Nous sommes vraiment dans le concret, il y a plusieurs sociétés dans le monde qui ont développé des solutions, par exemple sur le sujet de la production de viande. On sait que la viande, le thon sont des secteurs très sensibles, où il y a beaucoup de dangers tout au long de la chaîne de production et de la chaîne de valeurs.  La blockchain permet de soutenir très concrètement cette production et à réaliser son suivi. C’est le cas également dans le domaine du vin, sur lequel plusieurs start-ups se sont spécialisées.

Qui va être le plus concerné, les sociétés existantes ou de nouveaux entrants (start-ups notamment) qui vont se développer en lançant des services ?

Nous ne sommes plus dans le service, mais déjà dans la structuration via la technologie. Les grandes entreprises ont tout intérêt à monter des cellules R&D, mais pas seulement, le focus doit être mis avant tout sur l’innovation. Cela passe par le fait d’associer des start-ups et des solutions digitales aux grands secteurs comme l’agriculture. Cela nécessite des investissements, des aides financières, pour aider leur développement.

L’impact de la blockchain sur le secteur de l’agriculture va-t-il être visible pour le consommateur, ou sera-t-il transparent pour lui ?

Le consommateur va vivre ce changement de paradigme sans forcément le ressentir. Il l’adoptera quand il aura en main un moyen de paiement différent de celui qu’il a aujourd’hui. L’émergence d’une crypto-monnaie et d’un service associé sera un déclencheur quand ils arriveront sur le marché. Je pense que d’ici 2020, on aura de plus en plus de moyens de paiement alternatifs, la révélation se fera à ce moment-là. Mais le ressenti se fera beaucoup plus dans la modernisation des entreprises elles-mêmes, avec l’adoption d’applications, de protocoles, de solutions de gestion de son portefeuille virtuel, de principes de collaboration… Comme toute révolution industrielle, on part d’une innovation de niche, de petites entreprises, pour remonter petit à petit aux consommateurs.

D’un côté, on a la partie environnementale : évolution des enjeux, des organisations…. Et la partie des moyens, qui est celle de la crypto-monnaie. Cette partie va permettre d’améliorer un certain nombre d’opérations, comme les transactions sécurisées. La crypto-monnaie a de longues années très prometteuses devant elle pour unifier les communautés, les structurer et remettre le commerce équitable au centre des préoccupations.

Quelles sont les prochaines étapes dans la structuration de ces fameuses communautés ? Qu’est-ce qui va permettre de rassembler une population aussi hétéroclite que les agriculteurs et leurs consommateurs ?

Le principal défi est d’obtenir des moyens suffisants pour permettre de développer des datas, des solutions d’adoption, de déploiement des technologies, notamment IoT. Cela peut se faire à travers une crypto-monnaie. Il faut s’inspirer d’autres secteurs, comme le secteur financier, pour mieux comprendre les enjeux à venir. Il va falloir également faire avec la contrainte de taille du marché, qui ne doit pas être limitante. L’arrivée de nouveaux marchés comme celui des protéines alternatives peut représenter une opportunité pour s’organiser, en profitant de l’intérêt qu’ils suscitent. Des secteurs innovants de ce type peuvent attirer des moyens, permettre de faire adopter de nouvelles technologies, de faire des tests porteurs pour d’autres pans de l’agriculture. Comprendre pour mieux reproduire !

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