Amandine Bart : « Ignorer l’IA serait une erreur, mais tout miser dessus encore plus »

Le GEO a désormais pleinement intégré le champ de vision des professionnels du référencement, qui se doivent de tenir un équilibre : adapter leur contenu aux IA sans oublier le référencement sur Google Search. Ce dernier conservant une part écrasante du trafic web. Pour Amandine Bart, alias la « Loutre du SEO », ce dilemme n’en est pas vraiment un : les fondamentaux du SEO traditionnel restent la ligne de conduite à suivre, y compris pour plaire à ChatGPT. Pour BDM, la créatrice de l’agence SEO Sans Migraine et de l’outil Rédiger Sans Migraine nous détaille son point de vue.

IA et SEO : un discours qui ne reflète pas la réalité

Selon Amandine Bart, affirmer que le GEO doit désormais primer sur le SEO relève d’une vision déconnectée des réalités du trafic. « Soyons honnêtes, ces discours servent surtout à vendre des audits ‘nouvelle génération’ à prix d’or », nous explique la spécialiste, qui nuance : « Ignorer l’IA serait une erreur, mais tout miser dessus encore plus. »

Et l’entrepreneuse rappelle quelques chiffres : le trafic issu des chatbots IA représente 0,1 % à 0,5 % du trafic organique moyen, tandis que Google rapporte plus de 90 % du trafic organique.

Un site optimisé pour Google et pensé pour vos clients est déjà lisible et compréhensible par les IA. Et c’est toujours Google qui, aujourd’hui, génère l’écrasante majorité de votre trafic […] Même en optimisant pour ChatGPT, vous ne pouvez pas compter dessus comme canal d’acquisition principal. C’est un bonus, pas un pilier.

GEO : les mêmes bases que le SEO

« Contrairement à Google, les IA ne surfent pas sur le web en direct », explique Amandine Bart, qui rappelle que ChatGPT s’appuie sur plusieurs typologies de contenus :

• Son corpus d’entraînement, composé de pages accessibles au moment de la formation du modèle.
• Des sources déjà reconnues pour leur fiabilité et leur solidité éditoriale.
• Des contenus fréquemment cités ou mentionnés ailleurs, qui renforcent leur crédibilité perçue.

« En bref, c’est exactement ce que fait un bon référencement naturel. Les IA se nourrissent des contenus déjà optimisés pour Google », poursuit la spécialiste. Pour elle, l’optimisation consiste principalement en « un travail de backlinks et d’autorité, version IA » : veiller à être cité régulièrement dans des médias, articles de blog, podcasts… Un rôle de marketeur sur lequel insistent désormais de nombreux acteurs du SEO.

Les outils d’IA reprennent ce que Google reconnaît déjà comme pertinent. Le GEO n’est qu’un mot marketing pour du SEO relooké.

« Un trafic faible et difficile à convertir »

La faible part de trafic issu des IA n’est pas le seul frein pour les marques. Même lorsqu’un site apparaît dans une réponse de ChatGPT, la visibilité reste limitée : les modèles citent rarement un acteur unique et privilégient des formulations neutres, où plusieurs options sont mises sur un pied d’égalité. Une présence existe donc, mais elle ne se traduit pas par une véritable mise en avant. À cela s’ajoute la problématique de fiabilité des IA, dont les réponses et formulations varient.

Pour beaucoup, le “SEO ChatGPT” semble être le hack du moment : faire en sorte que, quand quelqu’un demande “quelle est la meilleure agence SEO ?”, ChatGPT réponde votre nom. Sur le papier, ça fait rêver : des millions d’utilisateurs discutent avec ces IA tous les jours. En pratique, c’est beaucoup plus incertain et surtout très peu contrôlable.

Amandine Bart distingue deux formes de visibilité : la citation d’un extrait de contenu et la mention d’une marque dans une liste de recommandations. Dans les deux cas, l’impact reste discret. « Chez SEO Sans Migraine, on ressort régulièrement dans ChatGPT », explique-t-elle. « Résultat : zéro lead généré ». À l’inverse, son référencement classique lui apporte plus de dix prospects par semaine sur seulement quelques requêtes business.

SEO et IA : les recommandations d’Amandine Bart

Amandine Bart envisage ainsi l’optimisation par les IA comme une pratique complémentaire et plus expérimentale : « Ma recommandation : faites du SEO solide en priorité. C’est votre socle, votre trafic stable et durable, votre levier de leads. Testez l’optimisation IA en complément si vous avez le temps et un sujet de niche », nous explique-t-elle.

En termes de stratégie, la spécialiste insiste sur l’importance des contenus spécifiques, afin de s’adapter aux requêtes plus conversationnelles : « La longue traîne ultra-précise domine et les IA raffolent de requêtes très spécifiques. Par exemple : ‘Comment choisir sa porte d’entrée en bord de mer ?’ a plus de chances d’être cité que ‘Porte d’entrée' ».

Pour le reste, Amandine Bart recommande de consolider certaines bonnes pratiques largement recommandées en SEO traditionnel : structuration du contenu, mise en valeur de sa crédibilité, construction de maillages internes et externes solides…

L’IA prendra de plus en plus de place dans Google, via l’AI Overview par exemple, donc avoir un contenu déjà optimisé, clair, structuré, crédible vous positionnera naturellement aussi bien pour Google que pour les LLM. Un site optimisé pour Google est déjà “IA friendly”.

Amandine Bart, Experte SEO, fondatrice de l'agence SEO Sans Migraine

Amandine Bart, alias la loutre du SEO, est consultante et formatrice en référencement naturel. Fondatrice de l’agence SEO Sans Migraine, elle accompagne entreprises et indépendants dans la visibilité en ligne, avec un style axé sur la pédagogie. Elle a également créé l’outil d’aide à la rédaction Rédiger Sans Migraine.