Chatbots et recrutement : où en sommes-nous ?
Nous avons eu le plaisir d’accueillir une troisième startup RH dans notre incubateur HelloWork Start il y a quelques semaines : JAI. Spécialisée dans les chatbots, elle propose aux employeurs d’optimiser leur expérience candidat en la personnalisant. Les chatbots proposés sont ainsi spécifiquement entrainés et conçus pour le recrutement, et permettent aussi bien de guider le candidat dans sa démarche que de recevoir directement des candidatures. Alors que les chatbots font beaucoup parler depuis déjà de longs mois, nous avons rencontré Valérie Touraine, co-fondatrice et CEO de JAI, pour faire le point sur les usages actuels en la matière et l’intérêt qu’ils peuvent revêtir.
On parle beaucoup de marque employeur… Qu’est-ce qu’un chatbot peut apporter à une entreprise à ce niveau ?
Effectivement, on parle beaucoup de marque employeur. Mais on oublie trop souvent qu’il ne s’agit pas de communication-séduction, mais bien d’une démarche complète qui s’appuie sur la réalité des collaborateurs de l’entreprise (l’expérience collaborateur) afin de la communiquer en externe pour attirer de nouveaux talents. Et cela tout en s’assurant que le parcours candidat, du premier contact à l’onboarding, soit le plus fluide et agréable possible (l’expérience candidat).
Concrètement, un chatbot recrutement va pouvoir servir une stratégie de marque employeur mais ne pourra en aucun cas la transformer tout seul. Ce n’est pas l’outil ou la technologie qui fait ou défait une marque employeur. Ils ne font que servir une stratégie et des actions concrètes de l’entreprise.
Par contre, les chatbots répondent vraiment aux nouveaux usages des candidats : plus mobiles et digitaux, présents sur les réseaux sociaux, offrant une réponse immédiate et personnalisée. C’est un nouveau canal de discussion pour toucher directement les candidats, leur pousser du contenu intéressant et valorisant leur marque employeur, mais aussi pour améliorer drastiquement leur expérience de candidature. Un point essentiel puisque c’est l’image que les candidats se font de l’entreprise dès les premiers échanges qui pèse dans leur décision de candidater ou non.
Quelles fonctionnalités sont proposées par JAI actuellement ?
JAI permet aux entreprises d’améliorer leur expérience candidat tout en facilitant la pré-selection des candidatures pour les recruteurs. Concrètement, notre plateforme SaaS permet de créer et déployer très simplement un chatbot à leur image sur leurs site carrière et leurs réseaux sociaux. Elles vont pouvoir retrouver toutes les candidatures pré-qualifiées depuis leur interface de gestion, mais aussi analyser les conversations et les comportements de leurs candidats pour mieux cibler et adapter leur discours Marque employeur aux attentes.
Actuellement, nos chatbots peuvent répondre aux questions des candidats, les guider et les conseiller dans leur recherche, trouver une offre, enregistrer leur candidature, et pré-qualifier le candidat. Nous améliorons l’expérience candidat du premier contact au premier entretien.
Avez-vous des types d’utilisation / des exemples de réussite à nous présenter ?
Aujourd’hui, nos clients utilisent nos chabtbots de deux manière différentes :
- Pour répondre à toutes les questions des candidats, leur pousser des vidéos métiers, puis permettre de trouver une offre, candidater, et pré-qualifier le candidat directement dans la conversation.
- Ou simplement pour faciliter la candidature pour une offre donnée (par exemple par un lien sur une annonce) afin d’enregistrer la candidature et pré-qualifier le candidat via le chatbot.
Nous avons déjà plusieurs clients qui utilisent notre outil, et surtout de nombreux à venir à la rentrée. Thibot et Roby son deux exemples qui illustrent bien les cas d’usages rencontrés actuellement.
Thibot, le chatbot d’Alten, a pour vocation de faire connaître le métier de Business manager et de permettre de candidater via la discussion. Il remplit parfaitement ses objectifs en touchant les candidats là où ils sont : sur les réseaux sociaux, en leur faisant découvrir un métier grâce à du contenu de qualité (vidéos, articles, informations clés etc.), mais aussi, en engageant leurs collaborateurs internes qui ont chatté avec Thibot et ont eu une image positive de leur entreprise.
Roby, pour Bayer, correspond au second cas d’utilisation. Les candidats ont cliqué sur “postuler” depuis une offre d’emploi, et étaient re-dirigé vers “Roby, l’assistant virtuel de Bayer” pour candidater en quelques “mots” seulement. Le retour candidat a été hyper positif avec 92% de leurs candidats qui recommandent cette manière de postuler !
Plus globalement, où en est-on au niveau des chatbots, des possibilités qu’ils offrent et de leur usage par le grand public ?
On est encore qu’au début de cette technologie qui demande beaucoup “d’entraînement” pour être pertinente donc beaucoup de volume d’utilisation et de conversations. Ainsi que des compétences métiers encore peu répandues pour créer et faire vivre ces assistants virtuels. Et malheureusement, on a vu beaucoup trop de chatbots gadget et vraiment pas très intelligents arriver sur le marché … mais après cette vague “tendance”, on voit aujourd’hui des acteurs plus solides et spécialisés qui proposent de vraies solutions.
Côté utilisation, nous constatons avec nos clients que l’engagement est extrêmement bon de la part des utilisateurs. Avec des taux de rebond faibles, et un taux de conversion bien meilleur que sur un site internet. Les utilisateurs sont prêts et intéressés par ces technologies. Ils n’attendent qu’à discuter avec des chatbots intelligents et capables de rendre le service attendu. Tout ça va évoluer très vite.
Même si les chatbots sont surtout présents en support client SAV, ou sur les sites e-commerce, on peut imaginer demain des chatbots partout où l’on souhaite une réponse simple, rapide, et personnalisée, ce qui n’empêche en aucun cas de passer la main à un humain sur les questions plus complexes, bien au contraire !
Quoi qu’il en soit, notre conviction est que l’avenir sera conversationnel. Pourquoi nous passerions du temps à chercher une information que l’on peut obtenir en une question ?
Vous venez d’intégrer l’incubateur HelloWork Start. Quels sont les avantages pour vous, et les objectifs liés ?
Nous sommes vraiment ravis d’avoir intégré l’incubateur Hellowork Start, et d’être hébergés au sein de l’agence de ParisJob. En étant au quotidien avec les équipes commerciales, cela nous permet de confronter notre vision du marché et d’améliorer notre approche et notre discours.
Nous avons aujourd’hui un produit fonctionnel, et des premiers clients. Notre enjeu est maintenant d’accélérer notre commercialisation et un coup de pouce est toujours bienvenu ! Ainsi, sur les 6 prochains mois, notre objectif est de pouvoir profiter de l’expertise des équipes de HelloWork sur nos sujets prioritaires : positionnement et discours commercial, segmentation de notre marché, communication et stratégie de contenu.
C’est cette expertise du marché des solutions digitales pour le recrutement, cet accompagnement spécifique et ce cadre de travail dynamique que nous sommes venus chercher chez HelloWork.
Quelles sont les prochaines étapes pour HelloJai / vos plans de développement ?
Nous nous rendons compte au quotidien qu’il s’agit d’une technologie encore nouvelle et qui fait se poser beaucoup de questions à nos clients et prospects. Nous avons clairement un enjeu d’évangélisation à très court terme. Ainsi, sur les 6 prochains mois nous nous concentrons d’une part sur nos clients actuels pour démontrer avec eux l’intérêt de notre solution et la valeur apportée, et d’autre part sur l’acquisition d’autres clients sur de nouveaux secteurs d’activité et métiers. Une fois cette étape validée, nous pourrons accélérer notre développement et notre croissance en France comme à l’international.
Crédit image : iStock Photos / Charles Taylor