5 questions à Alexandru Costin, vice-président de l’IA générative chez Adobe
Alexandru Costin nous livre sa vision de l’impact de l’IA sur la créativité et dévoile les avancées de la plateforme Firefly à l’occasion d’Adobe MAX 2025.
Adobe a fait le choix de développer ses modèles d’IA maison, baptisés Firefly. À l’occasion de sa conférence MAX 2025, la firme a présenté la 5e version de son modèle dédié à l’image, mais accueille également en son sein des nombreuses IA partenaires, celles de Google comme d’OpenAI, créant ainsi un véritable catalogue à disposition de ses utilisateurs et utilisatrices. Pour son 24e Adobe MAX, Alexandru Costin, vice-président de l’IA générative pour l’entreprise, a décrypté cette stratégie.
Vous avez mentionné que la mission d’Adobe est de « devenir l’entreprise qui alimente la créativité avec l’IA ». Comment l’IA générative change-t-elle concrètement la manière dont les créateurs interagissent avec vos outils comme Photoshop ou Illustrator ?
Notre objectif est de rendre l’IA accessible et utile à tous, tout en respectant l’intégrité créative de nos utilisateurs et utilisatrices. L’IA dans Photoshop ou Illustrator, par exemple, ne remplace pas la créativité humaine, mais l’assiste. Par l’intégration de notre modèle Firefly, nous permettons aux utilisateurs de créer des images et des vidéos de manière plus rapide et plus intuitive, tout en leur offrant un contrôle total sur leurs créations. Ce n’est pas juste une question de productivité, mais de libérer de nouvelles possibilités créatives.
Adobe a annoncé des avancées importantes avec les modèles Firefly. Quelles sont les caractéristiques qui font que le modèle Firefly Image 5 se démarque ?
Firefly Image 5 offre des capacités de rendu haute résolution incroyablement réalistes, particulièrement pour la génération d’images humaines, ce qui est un défi majeur pour les IA. Ce modèle propose aussi des outils de retouche puissants, comme la réparation photo, qui permet aux utilisateurs et utilisatrices de restaurer des photos anciennes ou abîmées. C’est un modèle vraiment polyvalent qui ouvre de nombreuses possibilités pour les créateurs professionnels, qu’ils et elles soient photographes, illustrateurs ou designers.
La collaboration avec des partenaires externes est une partie intégrante de la stratégie d’Adobe. Pourquoi est-il important pour vous de combiner vos propres modèles avec ceux d’autres entreprises comme Google, OpenAI ou Topaz ?
L’intégration des modèles tiers permet à nos utilisateurs et utilisatrices de bénéficier des meilleurs outils disponibles sur le marché. Chaque modèle partenaire a ses spécificités : par exemple, Google apporte une grande expertise en vidéo, tandis qu’OpenAI se distingue par ses capacités linguistiques. En les combinant avec nos modèles internes, nous enrichissons l’expérience utilisateur, offrant ainsi une plus grande diversité de possibilités créatives. C’est cette combinaison qui permet à Adobe de rester à la pointe de l’innovation tout en répondant aux besoins très variés de nos utilisateurs.
Comment sélectionnez-vous les modèles partenaires que vous intégrez à la plateforme Firefly et à vos logiciels, et quelle valeur ajoutée cela apporte-t-il à vos utilisateurs ?
Nous avons mis en place un processus d’évaluation scientifique rigoureux pour choisir les modèles à intégrer. Ce processus repose sur une équipe de chercheurs venant de prestigieuses universités, qui ont développé des méthodes scientifiques pour mesurer la qualité des modèles par rapport aux besoins de nos clients.
Chaque fois qu’un nouveau partenaire nous soumet un modèle, nous l’évaluons en fonction de critères comme la qualité technique, l’utilité professionnelle et son applicabilité pour des créateurs réels. Cela nous permet d’intégrer des modèles de qualité qui complètent et enrichissent notre propre offre. Par exemple, avec des partenaires comme Google, OpenAI et Topaz, nous apportons des capacités uniques, que ce soit en génération d’images ou en qualité vidéo, tout en restant centrés sur l’expérience créative de nos utilisateurs.
Avec l’IA générative en constante évolution, comment voyez-vous l’avenir de la créativité humaine à l’ère de l’IA ? Y a-t-il un risque de déshumanisation de la création ?
L’IA est un outil, et comme tous les outils, elle ne remplace pas l’humain, mais elle en étend les capacités. L’idée est de donner aux créateurs et créatrices les moyens de se concentrer sur ce qu’ils et elles font de mieux, leur vision et leur sensibilité artistique, tout en confiant à l’IA les tâches plus techniques ou répétitives. Nous croyons fermement qu’à long terme, l’IA va renforcer la créativité humaine plutôt que de la déshumaniser. Cela permettra à plus de personnes de créer, et à celles et ceux qui sont déjà créateurs de repousser les limites de leur art. Le rôle de l’IA est de démultiplier les possibilités, mais toujours au service de l’expression personnelle.
Alexandru Costin, VP of GenAI and Sensei
Alexandru Costin a commencé en tant qu’entrepreneur, en fondant InterAKT, une entreprise d’outils web acquise par Adobe. Il a dirigé Adobe Roumanie pendant 10 ans avant de s’installer aux États-Unis en 2016 pour prendre la tête de l’organisation Generative AI, Sensei et ML.