Snapchat : l’illusion de l’éphémère
Snapchat fait partie des applications les plus populaires du moment, notamment chez les jeunes. Disponible sur iPhone et sur les smartphones Android, Snapchat permet d’envoyer des messages, des photos ou des vidéos qui « s’effacent automatiquement ». Cette propriété originale est à l’origine du succès de Snapchat. En théorie, c’est tout le contraire de Facebook, souvent décrié pour ses risques liés à la confidentialité des données, et aux conséquences des photos de soirée téléchargées. Avec Snapchat, plus de problème, puisque votre photo est automatiquement détruite quelques secondes après sa réception. Mais sous cette belle promesse se cache une toute autre réalité…
Des conditions d’utilisation ambiguës qui sèment le trouble
Aux États-Unis, le succès de l’application a attiré les regards de la Federal Trade Commission. La FTC, c’est le gendarme de la concurrence : son rôle est de vérifier l’application du droit de la consommation et la légalité des pratiques commerciales des entreprises. En se penchant sur le cas Snapchat, la FTC a considéré que les CGU trompaient les utilisateurs, en leur faisant croire que leurs « snaps » (les messages envoyés sur Snapchat) étaient éphémères. Car en réalité, les traces sont très nombreuses, et au moins deux méthodes permettent de récupérer les contenus soit-disant effacés :
- Les captures d’écran : c’est la première méthode qui vient à l’esprit. Une capture d’écran suffit à sauvegarder un snaps. Par défaut, votre interlocuteur est informé. Mais la FTC est formelle : sur iPhone, il suffit d’utiliser une version antérieure à iOS 7 pour faire une capture d’écran sans notification. Et sur Android, des applications permettent de capturer un snap en toute discrétion.
- Les snaps ne sont pas effacés sur les smartphones : 10 secondes suffisent pour qu’un snap s’auto-détruise. C’est vrai en passant par l’application, c’est totalement faux en fouillant dans son téléphone. Car en réalité, il suffit de parcourir les fichiers de son smartphone pour retrouver les messages envoyés et les photos transmises via Snapchat.
Malgré ces deux failles dans le service, Snapchat indique dans ses conditions d’utilisation que les messages sont supprimés de l’application et des serveurs Snapchat automatiquement. Mais dans le même temps, Snapchat indique que vous ne « devriez pas utiliser Snapchat pour envoyer des messages si vous souhaitez être certain que votre interlocuteur ne puisse pas en conserver une copie ». La FTC n’apprécie guère cette façon de souffler le chaud et le froid et demande plus de clarté.
Le scandale Snapchat, une leçon pour l’identité numérique
Le cas Snapchat est emblématique, du fait de la popularité de l’application. Mais ce n’est pas le seul service à surfer sur la tendance de l’anonymat et de la confidentialité des données. On pense bien évidemment à Secret, un réseau social qui permet d’envoyer des messages anonymes à l’ensemble de son carnet d’adresse. L’application, créée par deux anciens de Google fait fureur aux États-Unis. On pense aussi Rustlin, un autre réseau social anonyme, et aux nombreux services qui permettent de surfer de manière anonyme sur Internet. Si ces services ont leurs avantages, ils ne doivent pas pousser les utilisateurs à tous les excès. Avant de publier des contenus sur ces plateformes, il est important de réfléchir à ce qu’il se passerait si ces contenus étaient dévoilés au grand public. Car malgré la promesse d’anonymat ou de confidentialité des données, ces services sont tout aussi sujets aux failles de sécurité et aux détournements malveillants. Pensez-y pour préserver votre e-réputation !
Bon article. Tout ce qui est sur Internet est potentiellement public et sans limite de durée. Quant à Snapchat, une appli (connue des ados) permet de sauvegarder automatiquement tous les snaps reçus. Finalement le seul truc éphémère sur Snapchat, c’est l’application de son concept.