Quitter Facebook rend plus heureux, plus disponible, mais moins informé

Des chercheurs de l’université de Stanford ont publié une longue et pointilleuse étude sur les comportements des utilisateurs Facebook qui ont quitté la plateforme. En résultat, les déserteurs seraient plus heureux, plus actifs dans leur vie, avec moins de connaissances politiques et surtout moins enclins à retourner sur Facebook.

Crédits photo : iStock / amesy

Les influences de Facebook sur le comportement

Depuis plusieurs années maintenant, scientifiques, psychologues et utilisateurs s’interrogent sur les effets de l’utilisation de Facebook sur l’expérience de la vie quotidienne. Parlant parfois d’addiction, certains psychologues associent les usages excessifs de Facebook à de la détresse voire un trouble mental.

Les études se multiplient et – si rien ne prouve encore que les plateformes sociales soient une cause des maux de nos sociétés – l’étude de Stanford a la particularité d’observer les effets de l’absence d’usage de Facebook en se basant sur des méthodes scientifiques et non des sondages.

Un mois d’abstinence, en échange d’argent

Les chercheurs – dirigés par Hunt Allcott, professeur agrégé d’économie à la NYU, et Matthew Gentzkow, économiste à Stanford – ont recruté sur Facebook 3000 participants de plus de 18 ans ayant passé au moins 15 minutes sur la plateforme chaque jour. Ces derniers ont accepté de remplir un questionnaire sur leur activités quotidiennes, leurs opinions politique et leur état d’esprit général. La moyenne quotidienne des usages était d’une heure, avec quelques gros utilisateurs enregistrant deux à trois heures d’activité sur Facebook, voire plus.

La moitié de ces utilisateurs ont ensuite été assignés au hasard pour désactiver leur compte pendant un mois, en échange d’un paiement. L’équipe de recherche vérifiait régulièrement si les comptes étaient réactivés pendant ce laps de temps, et seulement 1% ont craqué. Ce mois d’abstinence n’était pas appliqué sur Facebook Messenger.

Du temps libre de gagné, plus de moments en famille

Après cette période de sevrage, les cobayes ont gagné environ une heure par jour en moyenne et plus du double pour les utilisateurs les plus chevronnés. Ce temps gagné se répercute hors ligne : les utilisateurs ont passé plus de temps entre amis ou en famille, ou devant la télévision. Matthew Gentzkow a également noté que les déserteurs de Facebook n’ont pas forcément cherché de plateforme de substitution pour pallier leur manque. Une surprise selon lui.

Crédits photo : istock / David Tran

Concernant les tests de connaissances, notamment politique, les scientifiques observent également une baisse de la culture des utilisateurs depuis la désactivation du compte. Facebook reste donc une source d’informations pour beaucoup, et la plupart des utilisateurs n’ont pas le réflexe d’aller s’informer ailleurs. Un message lourd d’importance pour les scientifiques : Facebook représente donc une source de connaissances à laquelle les gens sont extrêmement attentifs et y prêtent une certaine crédibilité, au point de ne pas utiliser leur temps supplémentaire pour s’informer directement sur les médias.

Enfin concernant l’humeur générale des utilisateurs après ce sevrage, les chercheurs notent une sensible amélioration de la satisfaction des gens, sans pour autant que celle-ci soit significative. La conclusion de ce très faible écart permet de tempérer l’idée largement répandue selon laquelle l’utilisation des médias sociaux provoque une véritable détresse psychologique. Si c’était le cas, la différence serait flagrante. Ici, il semblerait que les plus gros utilisateurs soient déjà dans une humeur négative avant de devenir accro à Facebook.

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1 commentaire
Commentaire (1)
  • Stéphanie

    Je ne suis pas d’accord avec ces propos : « Facebook reste donc une source d’informations pour beaucoup, et la plupart des utilisateurs n’ont pas le réflexe d’aller s’informer ailleurs. Un message lourd d’importance pour les scientifiques : Facebook représente donc une source de connaissances à laquelle les gens sont extrêmement attentifs et y prêtent une certaine crédibilité, au point de ne pas utiliser leur temps supplémentaire pour s’informer directement sur les médias.« 
    Qu’est-ce qu’une « source d’information »? Ça n’est absolument pas précis. A partir du moment où l’on communique et quel qu’en soit le médium utilisé on peut parler de source d’information donc ça n’a pas de sens ici. On comprend ensuite sous forme de sous entendu tout aussi nébuleux que Facebook servirait de media tout comme le serait un site d’actualité comme celui d’un journal par exemple. C’est faux. Une bonne partie des informations de Facebook sont elle-mêmes issues de ces sites d’informations que constituent les media de masse. L’autre partie est une nouvelle forme de presse qui cite ses sources comme les autres et pour celles qui ne sont pas fiables, on les retrouve aussi sous format papier ou sur des sites d’actualité classiques. Et quand on sait et qu’on vérifie que la plupart des journalistes classiques des presses et sites d’actualité classiques recopient sans vérifier leur propos, la dépêche AFP du matin, il n’y a pas de quoi les prendre comme référence non plus. La seule référence c’est la vérité et la seule façon de s’en rapprocher est de faire l’effort d’enquêter et/ou d’aiguiser son esprit critique seul avec sa conscience et son expérience.
    Quant à cette assertion :
    « Ici, il semblerait que les plus gros utilisateurs soient déjà dans une humeur négative avant de devenir accro à Facebook. », elle dépasse le cadre d’analyse d’un journaliste qui conclut tout seul un résultat scientifique (bon exemple du journalisme dont il ne faut pas se fier…). C’est évidemment faux et partial, puisque ça dédouane Facebook de toute responsabilité dans l’addiction et la dépression de ses utilisateurs. Or la dépression et les addictions sont des syndromes multifactoriels. On ne se met pas à prendre du crack alors que tout va bien dans la vie, le crack ne sera pas la raison de la dépression à la base mais il viendra l’installer plus profondément peut-être même pour toujours. Il en va de même pour toutes les addictions, même celles qui paraissent plus bénignes pour la santé mais qui indirectement sont très néfastes (conséquences sur la santé comme le manque de sommeil, une mauvaise alimentation, le retrait social, le chômage, l’exclusion familiale etc, etc…) et peuvent mener aux mêmes résultats qu’une overdose mais de façon plus insidieuse et lente.
    La responsabilité de Facebook est énorme. Car on sait depuis bien des recherches et notamment celles du sociologue Durkheim qui a travaillé sur le suicide et ses causes sociétales, que la société et ses usages conduisent à la dépression et aux addictions. D’ailleurs dans les sociétés traditionnelles on n’observe pas de dépressions chroniques ni d’addictions comme chez nous. Les cas d’alcoolisme chez les autochtones arrivent dès qu’ils entrent en contact avec les mœurs occidentales et pas avant par exemple. Sans alcool pas d’alcoolique.
    La dépression est un signal que le corps nous donne pour dire que ça ne va pas. L’addiction permet de fuir ce signal tout en le renforçant. Il va se soi que la dépression si on l’écoute peut être soignée. Mais quand tout est fait pour nous « divertir » forcément ça n’aide pas, au contraire.

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