L’industrie aéronautique, un secteur stimulant pour les experts informatiques
Dans un marché du travail en tension, où les développeurs et les informaticiens sont toujours plus demandés, certaines entreprises se démarquent grâce à l’intérêt des projets qu’elles mènent. Au centre de programmes d’envergure comme le développement de l’autonomie des systèmes, l’électrification des avions, la fabrication de moteurs aéronautiques ou encore la mise en place de l’Usine du futur, les informaticiens de Safran relèvent des défis très stimulants. Loïc Bournon, Directeur des Systèmes d’Information Safran, analyse les nouvelles opportunités qu’offre l’industrie aux informaticiens.
Usine du futur : vers une valorisation de la donnée

Avec la digitalisation du monde professionnel, le secteur industriel fait face à de nouveaux enjeux liés à l’informatique. Parmi les innovations technologiques qui font leur entrée dans l’usine, le Big Data fait partie de celles qui révolutionnent le plus les systèmes de production chez Safran.
C’est ce qu’observe Loïc Bournon, du point de vue du pôle SI qu’il dirige. Safran déploie aujourd’hui des moyens informatiques pour répondre aux nouvelles formes de capitalisation et de consommation de la donnée. Mais pour le DSI, moderniser les réseaux informatiques des usines intégrées dans un grand groupe international composé de nombreuses filiales est un défi quotidien. « Nous avons des contraintes physiques et sécuritaires tout au long du cycle de vie des systèmes… Certaines machines historiques ne sont pas aisées à moderniser », précise-t-il.
Pour répondre à ces impératifs, Safran a lancé le projet « Usine du futur ». Le pôle SI dresse une cartographie des outils à digitaliser et des technologies en place et cherche à les connecter. « Aujourd’hui, l’enjeu est de créer davantage de synergies entre l’informatique dite industrielle et le système d’information classique. Or, leur séparation physique est de moins en moins pertinente aujourd’hui. C’est pourquoi nous tâchons de réinventer ces équilibres pour amener les données produites par ces machines au plus près du système d’information. »
Explorer les possibilités offertes par les nouvelles technologies
La mission des ingénieurs et des informaticiens est donc d’organiser la récolte de la donnée puis son traitement. Est-ce que la donnée reste locale sur la ligne de production ou remonte-t-elle au niveau de l’usine ? Remonte-t-elle au niveau de la filiale ou est-elle partagée au niveau du Groupe ? « Les données sont organisées selon les besoins. Nous nous devons d’être agiles sur ces questions et de répondre au cas par cas. Une fois cette donnée stockée, elle sera mise à disposition des métiers et de la recherche pour être valorisée », détaille Loïc Bournon.
Pour être sûr de pouvoir répondre efficacement aux multiples besoins et cas spécifiques, les experts et chefs de projets du pôle SI restent très attentifs aux technologies émergentes. Toutefois, certaines technologies sont difficiles à adapter à nos contraintes industrielles. « Nous sommes parfois obligés de freiner le déploiement d’innovations dont les technologies s’adaptent mal aux environnements, notamment aux exigences d’un groupe multi-sociétés et international. »

Les jeunes générations qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail sont à la recherche d’un environnement agile et stimulant où elles pourront répondre à des défis et sans cesse mettre leurs compétences à l’épreuve. Le monde de l’industrie aéronautique parvient à offrir aux plus passionnés l’opportunité de progresser et de se perfectionner. « Régulièrement, des jeunes collaborateurs avec peu d’ancienneté nous disent combien ils trouvent stimulant de mener des projets d’envergure avec des entreprises aussi reconnues que celles de la Silicon Valley. Chez nous, ils peuvent réellement étudier les technologies sur le terrain et parfois même en trouver les limites. »
L’adaptabilité, clé de la réussite chez Safran
« Les jeunes diplômés embauchés chez Safran ont souvent une première expertise qu’ils vont pouvoir enrichir. Un grand groupe comme le nôtre peut proposer à ces jeunes collaborateurs un parcours professionnel varié leur permettant d’acquérir des compétences sur différentes technologies. » Alors qu’auparavant l’expertise technique d’un informaticien restait pertinente pendant 10 ans, Loïc Bournon estime qu’elle est désormais réduite à 5 ans.
Côté jeunes diplômés, le DSI recherche des profils spécifiques : « nous avons aussi besoin de collaborateurs qui ont un vécu opérationnel. Nous apprécions les profils avec une spécificité bien marquée et les personnes passionnées par le développement d’applications, la virtualisation, le calcul intensif ou toutes les technologies immersives. Ils doivent également faire preuve d’adaptation et comprendre que même s’ils nous rejoignent avec une capacité spécifique, leur métier sera amené à évoluer très rapidement. »
Une approche startup au sein d’un groupe international
Être agile, adaptatif, répondre rapidement au cas par cas tout en s’assurant d’une forte mutualisation… Autant de processus que le monde de l’industrie n’a pu déployer que récemment, étant historiquement connu pour développer des projets sur le long terme. « Le cycle de vie d’un programme moteur que nous fabriquons peut s’étendre sur plus de 40 ans » explique Loïc Bournon.

Safran adopte aujourd’hui une approche bimodale : « nous développons à la fois très rapidement en phase de maquettage en prenant certains risques, tout en conservant une méthodologie plus traditionnelle pour les cycles plus longs ».
Face au caractère bouillonnant du monde de l’informatique, Loïc Bournon décrit celui de l’industrie aéronautique comme plus stable dans le temps. Parvenir à trouver un équilibre, de prime abord paradoxal, entre ces deux caractéristiques est un défi. « Quand on évolue dans ce monde-là, on ne s’ennuie pas », conclut-il.