Étude sur la crypto en France : perception, emplois et leviers pour favoriser son expansion

Découvrez le rapport des Français pour les cryptos, les emplois générés par ce secteur en expansion et les obstacles rencontrés par l’industrie en France.

etude-la-crypto-en-France
Les crypto-actifs est un sujet familier pour les Français en 2022. © ADAN / IPSOS /KPMG

Une étude complète menée par l’Association pour le Développement des Actifs Numériques (ADAN) et le cabinet KPMG montre l’engouement grandissant des Français pour les crypto-actifs. Cette enquête s’appuie notamment sur un sondage IPSOS, en collaboration avec Blockchain Partner, réalisé auprès de 2003 individus âgés de plus de 18 ans, entre le 9 et le 19 décembre 2021. De plus, 29 entreprises ont été interrogées pour appréhender les emplois générés par cette industrie, mais également les enjeux que soulèvent les crypto-actifs.

Le rapport des Français aux cryptos

L’étude fait état notamment de la perception des Français vis-à-vis des cryptos, et leurs motivations à y recourir.

Les Français possèdent plus de cryptos que d’actions en direct

77 % des Français ont déjà entendu parler des cryptomonnaies et des NFT. Selon l’étude, le sujet des cryptos est devenu familier pour les Français grâce aux multiples traitements des médias traditionnels sur cette thématique. Les NFT (jetons non-fongibles), eux, sont connus par une faible proportion : seulement 15 % des Français. Un écart de notoriété qui s’explique par le caractère nouveau des NFT, dont la médiatisation auprès du grand public est majoritairement concentrée sur 2021.

Sur l’échantillon des Français interrogés, 3 grandes tendances émergent :

  • 37 % ont déjà investi, ou ont l’intention de le faire,
  • 39 % n’ont jamais investi et ne comptent pas le faire,
  • 24 % ne connaissent pas le sujet.

L’enquête montre que 8% des Français ont déjà investi dans des cryptos (cryptomonnaies et NFT confondus). Les crypto-actifs pourraient ainsi détrôner les actions, tandis que l’AMF estimait qu’environ 6,7 % des Français disposaient d’actions en propre, dans son Observatoire de l’épargne. Parmi les 8 % des interrogés possédant des cryptos, près de deux tiers (61 %) se sont lancés il y a moins de 3 ans, notamment en 2019 après le krach de 2018, et pendant le confinement de 2020.

Le bitcoin largement majoritaire dans le portefeuille des Français

Le podium des cryptomonnaies privilégiées par les investisseurs français est le suivant :

  • le bitcoin (49 %),
  • l’ether (29 %),
  • le bitcoin cash (28 %).

En ce qui concerne ceux qui envisagent d’investir, l’ordre s’inverse avec 69 % des Français qui miseraient sur le bitcoin, 28 % sur le bitcoin cash et 14 % sur l’ether. Il convient de noter l’écart qui existe entre l’intention d’achat et la proportion d’achat réel de bitcoin, qui varie de 20 points. L’étude explique que cet écart proviendrait de projets cryptos présentant le bitcoin comme une technologie déjà dépassée, ce qui pousserait les investisseurs à se tourner vers des projets plus jeunes. Ainsi, des cryptomonnaies comme le BNB ou le DOT connaissent des progressions importantes, respectivement de 4 % à 22 % et de 1 % à 12 % en termes de souhait d’achat et de possession effective.

Des écarts générationnels importants

Quant à connaître le profil type des investisseurs français de cryptos, l’étude identifie que la tendance est générationnelle. Ainsi, 46 % des détenteurs de cryptos, et 29 % de ceux qui envisagent d’investir, ont moins de 35 ans. Les 35-44 ans correspondent à 21 % de ceux qui ont investi et les plus de 66 ans représentent 10 %. Ainsi, plus d’un Français sur huit de moins de 35 ans (12 %) possède des cryptos. Un chiffre important alors que cette classe d’âge ne représente que 25 % de la population.

Deux autres points à retenir :

  • les revenus les plus faibles sont majoritaires à détenir des cryptos, compte tenu de la jeunesse relative des investisseurs,
  • le phénomène touche toute la France, même si une légère majorité des investisseurs actuels se situent en région parisienne ou dans les grandes villes. Tendance qui s’estompe lorsqu’il s’agit d’identifier ceux qui souhaiteraient investir.

Un enjeu financier avéré des Français lorsqu’ils investissent

L’étude fait état d’investissements raisonnables de la part des Français, dont 76 % des investisseurs déclarent consacrer moins de 10 % de leur épargne globale dans les crypto-actifs. L’enjeu financier est clair : 60 % des interrogés qui envisagent d’en acquérir disent être motivés par la recherche de rendement. Les deux autres facteurs majoritaires sont la volonté de réaliser un placement à long terme (38 %) et se protéger de l’inflation (22 %).

Parmi les autres facteurs cités :

  • l’absence de confiance dans les banques (12 %),
  • la volonté de confidentialité sur les transactions (10 %),
  • par choix idéologique d’adhésion, qualifiant ces actifs de « monnaies » (7 %),
  • pour envoyer de l’argent à l’étranger (2 %).

Un secteur qui recrute et en demande de formations

L’industrie crypto représente un certain nombre d’emplois en France.

Une croissance du secteur sans précédent en 2021

L’industrie crypto a bénéficié d’une croissance très importante, compte tenu de son caractère peu mature. L’étude met en exergue qu’au niveau international, les investisseurs ont apporté 30,5 milliards de dollars au cours des différentes levées de fonds de l’année 2021. C’est une progression de 450 % par rapport à 2020. En 2021 et au niveau international, le secteur comptait plus de 18 000 développeurs actifs mensuellement, selon une enquête d’Electric Capital sur les développeurs.

Une industrie qui recrute principalement en Île-de-France

L’industrie crypto génère des emplois en France. Selon les entretiens menés auprès des 29 entreprises majeures du secteur, l’étude met en avant que l’industrie crypto française représente en janvier 2022 :

  • 1 129 salariés,
  • dont 85 % en France,
  • 1,2 milliard d’euros de fonds levés.

Cela représente une croissance de 64 % des effectifs par rapport à janvier 2021. Les prédictions laissent envisager une croissance encore plus importante en 2022, de 120 %. Le secteur des cryptos en France emploierait ainsi plus de 2 400 personnes en janvier 2023.

etude-crypto-france-emplois
Les prédictions concernant l’emploi dans l’industrie crypto en France. © ADAN

À noter que l’Île-de-France reste majoritairement représentée, notamment par la présence de la première licorne du secteur, Ledger, située à Paris. De même pour Sorare, deuxième licorne de l’industrie crypto. Ainsi, seulement 35 % des emplois directs créés par cette industrie se trouvent en dehors de l’Île-de-France.

Autres chiffres importants :

  • 97 % des entreprises françaises interrogées déclarent avoir des postes à pourvoir,
  • 83 % dénoncent une importante difficulté à trouver des candidats adéquats, techniques ou non, junior ou senior.

Les profils techniques sont les plus recherchés

93 % des entreprises cherchent des profils techniques. Parmi les profils les plus recherchés :

  • les développeurs smart contract, spécialisés dans le langage Solidity, ou des langages plus spécifiques tels que Rust ou Mackenzy,
  • les développeurs plus généralistes (front-end, back-end, full stack), car les applications « blockchain » nécessitent d’interagir de manière plus traditionnelle avec des API, sites web, etc.

À noter : les développeurs dits « blockchain » restent rares sur le marché de l’emploi. Cela est dû au caractère récent de ces technologies (un peu plus de 10 ans) et le manque de formations pour acquérir ces compétences.

Un besoin d’une offre de formation accrue

Selon l’étude, les entreprises mettent en place des programmes de formation. Ainsi, elles recrutent des profils très juniors et les forment elles-mêmes, pour les métiers techniques et non-techniques. D’autres misent sur des partenariats avec les universités pour sensibiliser les étudiants au secteur et ses débouchés, via la mise en place de chaires universitaires.

Malgré la qualité des formations des ingénieurs informatiques français, les nouveaux entrants sur le marché du travail ne suffisent pas à répondre à la demande du secteur et à ses spécificités. Il est donc primordial d’augmenter la capacité des effectifs des filières consacrées au développement informatique, à la cybersécurité, à la cryptographie, appliqués au secteur des cryptomonnaies, et à valoriser leurs débouchés, souligne l’étude.

Des obstacles au développement des cryptos en France

Pour conclure, l’étude permet d’appréhender les obstacles qu’il convient de lever pour voir se développer cette industrie en France.

Une image négative dans le débat public

Le premier frein au développement du secteur est la perception négative qui persiste auprès du public. D’une part, 48 % des Français n’ayant jamais investi soulignent des connaissances insuffisantes quant au fonctionnement des cryptos. D’autre part, sur le total des sondés, 48 % estiment que les cryptomonnaies sont des outils privilégiés par les criminels pour financer le terrorisme ou pour réaliser d’autres activités illicites. La perception des Français seraient ainsi influencée par les discours médiatiques et politiques sur le sujet, freinant le développement de l’écosystème à l’échelle nationale.

etude-crypto-france-politique-cryptomonnaies
La perception de la politique française sur les cryptomonnaies. © ADAN

Une réticence des banques à intégrer les cryptos

L’autre obstacle important est la difficulté des entreprises cryptos à obtenir un accès à des services de dépôt et de paiements, qui leur permettent d’exercer leur activité dans des conditions classiques. En effet, la sphère bancaire reste réticente et nombreux sont les acteurs qui sont toujours dans l’impossibilité d’ouvrir un compte bancaire. Pourtant l’industrie crypto, en pleine croissance, représente une opportunité de clientèle pour les banques. À ce titre, 22% des Français envisagent de changer de banque pour une enseigne proposant des services cryptos.

etude-crypto-France-vs-banques
L’acceptation ou non des cryptos joue un rôle dans le choix d’une banque pour certains Français. © ADAN

Selon l’étude, l’irruption d’acteurs comme Coinbase, qui rivalise avec les banques en termes de valorisation et de nombre de clients, pourrait changer la donne.

Découvrir l’étude complète

Sujets liés :
Publier un commentaire
Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Visuel enquête Visuel enquête

Community managers : découvrez les résultats de notre enquête 2025

Réseaux, missions, salaire... Un webinar pour tout savoir sur les CM, lundi 29 septembre à 11h !

Je m'inscris

Les meilleurs outils pour les professionnels du web