Dans les coulisses de l’éco-conception web avec Niji
Nous avons interrogé deux experts de Niji, agence spécialisée en transformation numérique, pour comprendre ce qui se cache derrière l’éco-conception web.
Nous avons souhaité donner la parole à l’agence Niji qui est experte en éco-conception web. Son propre site est éco-conçu, et elle développe de nombreux projets éco-responsables avec des marques tels que la RATP ou Dalkia. Aujourd’hui, focus sur les enjeux, méthodes et outils autour de l’éco-conception web !
Amélie Poirier, lead designer UI/UX chez Niji
Forte d’un parcours de designer graphique et UX/UI, Amélie a exercé ses compétences pour des projets divers, du mobile au web en passant par le e-commerce. Depuis plusieurs années, elle accompagne des entreprises désireuses d’adopter une approche plus centrée sur l’utilisateur, en intégrant des méthodes liées aux bonnes pratiques de l’éco-conception dans leurs processus de transformation numérique et de développement de produits et services.
Vincent Peltot, architecte solutions et expert Green IT
Fort de 20 ans d’expérience technique, Vincent a évolué vers des postes de leadership technique avant de se concentrer sur la conception d’architectures plus respectueuses de l’environnement. Chez Niji, il crée des architectures web innovantes et responsables, met en œuvre des stratégies de tests avancées et des solutions techniques, avec un accent particulier sur les architectures orientées service et les pratiques Green IT.
Quels sont les enjeux derrière l’éco-conception web ?
L’éco-conception web s’inscrit dans la démarche du numérique responsable, cela passe par limiter les impacts négatifs sur l’environnement, faire en sorte de rendre les services numériques plus accessibles et plus inclusifs, tout en s’assurant de la sécurité et de la réglementation autour des données personnelles.
Un des grands enjeux, c’est de venir combattre la complexité que l’on peut voir aujourd’hui sur les services numériques. C’est devenu tentaculaire aussi bien au niveau des fonctionnalités que des contenus, on est vraiment dans une démarche de surenchère, constate Amélie Poirier, lead designer UI/UX.
Chez Niji, notre enjeu va être d’enlever un peu ce « gras numérique », de mettre le numérique au régime et de lui redonner toute sa vitalité pour ensuite gagner en performance et en accessibilité. Pour des projets éco-conçus, c’est toute la chaîne de production d’un service numérique qui va être partie prenante : les équipes de design et UI/UX pour réfléchir au cycle de vie d’un contenu, mais aussi les équipes techniques. L’idée, c’est de revenir à des fondamentaux, de faire quelque chose de simple, efficace et performant. La finalité étant de ne plus avoir besoin d’autant de ressources et de limiter au maximum la consommation énergétique inutile côté serveurs et data center.
Lorsque vous travaillez avec un client, comment se déroule le lancement d’un projet de site éco-conçu ? Quels sont les métiers concernés ?
En termes de méthodologie, l’audit est la première étape : une image à l’instant T du service, afin d’analyser ce qui est bien et ce qui est à améliorer. Chez Niji, on le fait vraiment à plusieurs mains, c’est- à-dire qu’à la fin, on obtient un seul livrable, mais que cleui-ci va être élaboré avec les profils design et contenu mais aussi les équipes back et front.
Le premier métier qui intervient en termes d’éco-conception, c’est le product owner. C’est lui qui va vraiment réfléchir aux fonctionnalités, penser le service de la manière la plus éco-conçue possible, explique Vincent Peltot, architecte solutions.
Nous avons également créé un jeu de 80 cartes qui liste l’ensemble des bonnes pratiques que l’on peut appliquer sur un projet (ndlr : voir image de une). En atelier, on vient questionner chacune de ces bonnes pratiques et demander au client sur quels points il est capable de s’engager. Par exemple, le fait de limiter le nombre de typographies, enlever les animations qu’il a sur son site, penser au cycle de vie de son contenu, etc. Puis, en fonction des OK et des KO qui sont mis sur toutes ces bonnes pratiques, on détermine l’objectif qu’on a et qu’on peut atteindre par rapport à l’engagement du client.
Quels sont les référentiels adoptés pour vos projets ?
Tous les projets de clients ne vont pas se ressembler en termes d’éco-conception parce qu’ils abordent des sujets différents dans des écosystèmes distincts mais, au final, l’idée est d’arriver à positionner un référentiel sur la base de référentiels qui existent déjà comme le RGESN (Règlement Général d’Eco-Conception des Services Numériques). Il y a également les 115 bonnes pratiques de développement des services numériques de Frédéric Bordage, et le GR 491 (guide). Ces référentiels nous permettent de constituer un référentiel de bonnes pratiques pour le besoin précis qu’on est en train de traiter.
L’éco-conception d’un site web est-elle forcément visible ?
On peut le voir ou non qu’on a cherché à éco-concevoir mais, techniquement parlant et dans la réalité des faits – de ce qu’est le poids de la page, la manière dont elle est construite – cela ne change rien. On prend par exemple le site de Niji : on a la possibilité de réactiver des images si on le souhaite : entre le fait qu’on soit en noir et blanc ou le fait qu’on soit avec de la couleur et des images, au final c’est exactement la même chose.
L’une des premières questions qu’on a en cadrage client, c’est de demander en termes d’image de marque « est-ce qu’on veut que le côté éco-conçu soit perçu, que ça se voit, ou est-ce que c’est quelque chose qui est relégué au second plan, parce que ce n’est pas le premier message qu’on veut adresser ? », nous explique Amélie Poirier.
Par exemple, la RATP ne voulait pas que cela soit quelque chose de drastique, ils souhaitaient que le site soit éco-conçu pour s’aligner avec leurs engagements, avoir un service qui fasse sens par rapport à ça. Pour Dalkia, l’objectif était de reprendre les codes green, avoir une image traitée en bichromie comme on peut avoir sur le print quand on veut imprimer de façon plus responsable.
Voici un aperçu des sites web de la RATP et de Dalkia :
Quels outils peuvent être intéressants pour l’éco-conception web ?
On peut citer l’indicateur éco-index qui est l’un des plus connus : ce dernier va attribuer une note de A à G à un site pour évaluer son éco-conception. Il existe d’autres outils qui vont faire des analyses un peu plus profondes comme GreenFrame qui va monitorer ce qu’il se passe côté back-end, réseau et usage CPU également. Avec la vraie consommation de ressources au système, il va arriver à en déduire une consommation énergétique et donc un équivalent de CO2 en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Écoindex, c’est vraiment laisser la liberté à tout un chacun de pouvoir aller vérifier si un site web est cohérent avec les messages qu’il veut faire passer. On redonne aussi le pouvoir à l’utilisateur, et c’est ce qu’on aime bien dans ces outils open source, c’est que cela permet à tout le monde d’y avoir accès, souligne Amélie Poirier.
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