Baromètre annuel du jeu vidéo : le secteur devrait créer près de 1300 emplois en 2018
Le Syndicat national du jeu vidéo vient de publier la 4e édition du Baromètre annuel du jeu vidéo en France, réalisé en partenariat avec l’Idate Digiworld, think tank européen spécialisé dans l’économie numérique. Le bilan est plutôt contrasté : le secteur se porte bien et pourrait créer près de 1300 emplois en 2018. Toutefois, plusieurs points noirs freinent la croissance de l’industrie du jeu vidéo : entre autres, les difficultés que rencontrent les entreprises pour recruter mais également à trouver des financements pour se développer.
Une forte croissance à tous les niveaux
Situation économique, prévisions de recrutement, métiers porteurs, taux de femmes… Comme chaque année, le Baromètre du jeu vidéo passe le secteur au crible. Il constate une forte croissance de l’industrie du jeu vidéo dans toutes les tailles d’entreprises, quels que soient les activités et les marchés visés. Le secteur des jeux vidéo pourrait en effet créer près de 1 300 emplois ETP (équivalents temps plein) en 2018, dont 890 dans l’activité de développement.
Un secteur composé d’entreprises jeunes et dynamiques
Le marché compte de plus en plus d’acteurs : 1000 acteurs économiques sont référencés en France parmi lesquels on dénombre 55 % de studios et 12 % d’éditeurs (un chiffre d’ailleurs en hausse). Plus d’un studio de développement sur deux en France a moins de 5 ans. 86% des studios se disent indépendants. Les entreprises sont réparties sur tout le territoire et fédérées autour de grands acteurs basés en Île-de-France, dans le bassin Rhône-alpin et en Nouvelle Aquitaine.
« Parmi les 10 jeux vendus sur l’App store et le Google Play Store, cinq sont français. Il y a les succès de sociétés établies depuis 10 ou 20 ans. On est arrivés à un moment de maturité de notre industrie » explique Julien Villedieu, délégué général du SNJV, à L’Usine Digitale.
Il faut dire que la production est majoritairement autofinancée et soutenue par les dispositifs publics. Les aides publiques sont très appréciées des entreprises du jeu vidéo mais la difficulté pour les obtenir explique sans doute que 88,9% d’entre elles ont recours à l’autofinancement. « S’il assure une indépendance financière, il est aussi, au regard de la faible capacité d’investissement des studios, un frein au développement des productions » souligne le Baromètre.
Un marché des consoles boosté par la Nintendo Switch
Plus de 40% des studios de développement ciblent les consoles de salon. Trois consoles de salon dites « de 8e génération » sont actuellement sur le marché : la Playstation 4 (PS4) de Sony, la Xbox One de Microsoft et la Wii U de Nintendo. La PS4 se positionne comme leader avec 70 millions d’unités vendues d’ici la fin 2017. Nintendo a essuyé un large échec avec sa Wii U qui devrait à peine dépasser les 20 millions d’unités vendues à travers le monde. Mais contredisant toutes les prévisions, la Switch de Nintendo sortie en mars 2017, est la grande révélation de l’année, sans doute parce qu’elle combine la console fixe de salon et la console portable.
Le jeu mobile enregistre une croissance à 2 chiffres
Le segment de marché des consoles a longtemps été le plus important en valeur avec un pic en 2008 à plus de 25 milliards d’EUR de chiffre d’affaires, contre 18,1 milliards fin 2017. Depuis 2016, il est devancé par le segment de marché du jeu mobile. Ce dernier est porté par 3 devices : le téléphone mobile, le smartphone et la tablette. Il est apparu en 2000 sur les téléphones mais s’est imposé au grand public qu’à partir de 2009, deux ans après la commercialisation des premiers smartphones iPhones à écran tactile multipoint. Le marché du jeu mobile devient le plus important en valeur sur le marché du jeu vidéo à partir de l’année 2016. Depuis, il continue d’enregistrer une croissance à deux chiffres principalement grâce au succès rencontré dans les pays émergents. Et sa marge de progression est encore importante.
Des embauches, mais aussi des difficultés de recrutement
Le tissu économique du jeu vidéo est principalement composé de TPE et de PME. Plus de 77% des entreprises interrogées comptent moins de 11 personnes en 2017. Parmi celles âgées de moins de 5 ans, aucune n’a plus de 30 personnes dans ses effectifs tandis que chez celles existant depuis 5 à 10 ans, seulement 6,7 % ont plus de 30 ETP. On constate par ailleurs que les phases de recrutement diminuent avec la maturité des entreprises. Ainsi, seule la moitié des entreprises de plus de 10 ans (48 %) comptent plus de 30 collaborateurs.
La majorité des effectifs du secteur est composée de profils issus de l’informatique et de la création. Ces emplois dits « technologiques » représentent le plus gros des effectifs avec 26,3%, suivis des métiers de l’image (24,4%). Les métiers liés au design (16 %) sont un peu moins représentés cette année dans les entreprises (avec une baisse de 0,9 points entre 2016 et 2017).
Comme tout domaine technologique, l’industrie du jeu vidéo doit faire face à la pénurie de main d’oeuvre. Les métiers de la programmation sont en tension en France comme partout dans le monde. Et il est encore plus difficile pour le secteur d’attirer les profils informatiques qualifiés, car il entre en concurrence directe avec d’autres secteurs très friands de développeurs et beaucoup plus attractifs, composé de grands groupes et d’ESN notamment.
Idem, comme tout domaine « technique », le jeu vidéo peinent à attirer les femmes : elles ne représentent 14,4 % des effectifs dans les studios de production à mi-année 2017. C’est néanmoins 3 % de mieux qu’à la fin 2016 mais encore peu et se passer de ces compétences supplémentaires reste dommageable.
Recrutements en 2018 : l’heure est à l’optimisme
Les acteurs du jeu vidéo vont accroître leurs effectifs cette année : 65% d’entre eux souhaitent recruter d’ici 2018. Un résultat en hausse puisqu’ils étaient 51 % à le souhaiter en 2016. 34 % souhaitent maintenir ainsi le nombre de leurs collaborateurs et seulement 0,7 % le baisser.
L’heure est également à l’optimisme sur le nombre de recrutements envisagés : 37 % des entreprises souhaitent embaucher 1 à 2 personnes en ETP, 32 % entre 3 à 5 personnes et 23 % entre 6 et 10.
Au total, le secteur pourrait créer près de 1 300 emplois ETP en 2018 dont 890 dans l’activité de développement de jeux, soit 1,2 emploi ETP par entreprise. Les futures créations de poste se feront en majorité en CDI (44 %) et en CDD (25 %). Les contrats CDI restent majoritairement utilisés dans le secteur (62,3%) en 2017, et ce taux est en progression de 3,8 points par rapport à 2016. Le recours aux freelances prend la seconde position des contrats les plus utilisés par les entreprises avec 15 % en 2017, devant le CDD (12 %). Idem dans les studios avec 60 % de CDI, 15 % de freelances, 14 % de CDD.
On constate néanmoins une baisse du recours aux freelances et aux prestataires, passant de 21,7 % en 2016 à 15,2 % en 2017. Une tendance plutôt à l’opposé de l’émancipation grandissante des talents dans l’industrie du jeu vidéo, qui souhaitent s’installer en prenant un statut de travailleur indépendant et en développant une activité de sous-traitance. Bonne nouvelle toutefois : très peu d’embauches se feront via des dispositifs contractuels plus précaires (16 %) tels que les stages ou les contrats intermittents.
- Consulter le Baromètre 2017 dans son intégralité